Eglises d'Asie – Birmanie
Dans son message pascal, le cardinal Bo appelle les catholiques birmans à l’espérance et à la solidarité
Publié le 08/04/2020
Dans son message de Pâques adressé aux fidèles birmans en cette semaine sainte, le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a évoqué « une période sombre » qui plonge toute l’humanité « dans un climat de peur et d’anxiété ». Comme la « nuit obscure de l’âme » évoquée par saint Jean de la Croix, a-t-il ajouté, l’espérance de l’humanité « est étouffée par la noirceur du désespoir qui accompagne le Covid-19 ». Pour le cardinal Bo, le temps « des quatre cavaliers de l’Apocalypse » semble être proche. Le coronavirus « est un chemin de croix pour l’humanité », alors que « plusieurs milliers de personnes ont été frappées cruellement par un organisme viral invisible à l’œil nu », a-t-il souligné. En Birmanie, les autorités sont en alerte face à la possible propagation du nombre d’infectés dans le pays. Officiellement, 22 cas confirmés ont été rapportés, dont un décès. Selon les experts, si la pandémie venait à gagner la Birmanie, ce serait une véritable catastrophe sanitaire. L’archevêque de Rangoun n’a pas hésité, il y a quelques jours, à dénoncer la « culpabilité morale » du régime chinois pour la propagation de l’épidémie – le peuple chinois ayant été la première victime.
Un long samedi saint
Malgré une situation extrêmement difficile, les catholiques birmans se préparent à célébrer les célébrations du triduum pascal, dès ce jeudi saint, tout en priant pour la fin de la pandémie. « Le Covid-19 vient éprouver notre foi. L’Église catholique, c’est avant tout vivre en communion. Alors que notre mission est de construire cette communion, en ce temps de crise, nous semblons résolus à tomber dans l’isolement », a commenté le cardinal Bo. « Aussi paradoxal que cela puisse paraître, garder nos distances prouve que nous nous préoccupons des autres, parce que nous voulons enrayer la propagation de ce virus mortel. » Alors que les églises sont fermées dans tout le pays, le cardinal a rappelé une parole du pape François, évoquant les églises comme des « hôpitaux de campagne » qui soignent les blessures de l’humanité. Aujourd’hui, a-t-il remarqué, les églises « où nous avons cherché Dieu », où « nous avons pleuré en silence », sont fermées. « C’est douloureux. C’est comme un long ‘samedi saint’ vécu par l’Église, dans l’attente de la résurrection. Les catholiques, comme toute l’humanité, attendent avec espérance la fin de ce samedi saint et une Pâque victorieuse », a-t-il insisté. Toutefois, a-t-il ajouté, « le Covid-19 ne laissera pas notre monde inchangé ».
« Plus rien ne sera pareil ; la façon dont nous prions, la façon dont nous communiquons, dont nous travaillons, tout sera affecté », a poursuivi l’archevêque de Rangoun. Nous sommes comme une seule famille, vivant « dans un monde fragile », a-t-il commenté. Selon le cardinal, les distances sociales imposées par le confinement ne doivent pas se transformer en « paranoïa », mais plutôt être une occasion de « créer de nouvelles formes de solidarité ». Pour lui, le monde en a déjà retiré « plusieurs leçons essentielles ». « Les nations les plus riches et les plus puissantes, qui ont accumulé les armes nucléaires avec arrogance au fil des années, se retrouvent à genou devant ce virus », a-t-il souligné, en ajoutant que les puissances mondiales qui « nient avec arrogance toute transcendance apprennent avec humilité que la vie est fragile et que nous avons tous besoin les uns des autres ». Nous assistons à un « nouvel éveil des consciences », à un regard « radicalement nouveau sur notre vie », en prenant conscience de la fragilité de notre monde, a-t-il insisté.
(Avec Asianews et Ucanews)
CRÉDITS
Asianews