Eglises d'Asie

De nombreux élèves sri-lankais en décrochage scolaire à cause de la crise économique

Publié le 11/01/2023




Pour certains économistes sri-lankais comme Dhanushka Sirimanne, « plus de 35 % des familles peuvent à peine payer un repas par jour » en raison de la crise actuelle dans le pays. Pour cette raison, beaucoup de parents ne peuvent envoyer tous leurs enfants à l’école. Ainsi, sur plus de 4 millions d’enfants scolarisés, on pourrait compter plus d’1,2 million d’élèves en décrochage scolaire d’ici avril 2023. Beaucoup considèrent que cette situation est « plus grave encore que la crise économique ».

Des élèves sri-lankais étudient dans une école d’Andankulam, dans le district de Mannar dans le nord-ouest du pays.

À cause de la crise économique, les parents sri-lankais ne peuvent envoyer tous leurs enfants à l’école tous les jours. Selon l’ONU, plus de 6 millions de Sri-Lankais (sur plus de 22 millions d’habitants) sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire, et leurs familles sont forcées de sacrifier l’éducation pour réduire leurs dépenses.

Bien que le pays fournisse une éducation gratuite de l’école primaire à l’université, les repas ne sont pas compris dans toutes les écoles, tandis que les coûts des manuels scolaires et des transports des enfants ont forcé des parents à choisir quel enfant envoyer à l’école.

« L’extrême pauvreté est la première cause de décrochage scolaire actuellement pour beaucoup d’enfants », signale Sandeepa Mirihella, un habitant de Monaragala, dans la province d’Uva (au sud du Sri Lanka). « La crise économique actuelle a fait perdre tous leurs revenus aux parents », poursuit-il. Par conséquent, « les garçons ont quitté l’école pour chercher à faire des petits boulots afin de soutenir leur famille, tandis que les filles restent à la maison pour gagner de l’argent dans des activités artisanales ou familiales ».

« Le Sri Lanka s’est bien placé en termes d’indicateurs éducatifs », souligne un analyste économique. Il cite notamment « un fort taux d’alphabétisation et une participation presque universelle à l’éducation primaire et secondaire ». Il évoque pourtant d’importantes disparités, particulièrement concernant « les performances éducatives des établissements situés près des plantations ».

« Trouver ne serait-ce que 15 000 roupies [40 euros] leur est impossible »

Les plus forts taux de décrochage scolaire sont enregistrés au primaire et au secondaire. « Beaucoup de ces écoles sont de Type 3 [avec seulement des classes de niveau primaire] », notent certains experts. Ce qui « décourage les enfants de poursuivre au secondaire parce que pour cela, ils doivent s’inscrire dans des établissements situés loin des plantations ». « Dans le district de Nuwara Eliya, l’une des plus vastes régions de plantations dans le pays, 50,2 % des établissements sont de Type 3, ce qui incite beaucoup d’élèves à quitter l’école après leur premier cycle éducatif », poursuivent-ils.

Pour l’analyste économique Dhanushka Sirimanne, « plus de 35 % des familles peuvent à peine se payer un repas par jour, et elles ont du mal à envoyer leurs enfants à l’école ». Par conséquent, près d’1,4 million d’enfant, sur 4,1 millions, pourraient se voir complètement privés de leur accès à l’éducation. Beaucoup de parents « ne pourraient pas supporter le poids économique en raison de leurs faibles revenus ». « Trouver ne serait-ce que 15 000 roupies sri-lankaises [40 euros] ou plus pour envoyer un enfant à l’école leur est impossible. »

« Le taux de décrochage scolaire pourrait être entre 30 et 35 % d’ici avril 2023 »

Malheureusement, ajoute Dhanushka Sirimanne, « certains directeurs et enseignants [dont certains sont aussi parents] insistent pour que les parents envoient leurs enfants à l’école avec tout le matériel nécessaire, dont une liste de livres ». « Les enseignants syndicalisés, occupés à demander des augmentations de salaires [il y a quelque temps] avec des manifestations, sont restés silencieux sur ce sujet », remarque-t-il.

De leur côté, les partis de l’opposition n’ont pas non plus évoqué le fait que le budget alloué à l’éducation en 2023 pour le pays n’est que de 166,3 milliards de roupies (420,9 millions d’euros). « Tout le monde doit comprendre qu’avec tous les biens essentiels, y compris la nourriture, qui deviennent chers », regrette Udaya Ganegoda, un militant sri-lankais, « le taux de décrochage scolaire pourrait être entre 30 et 35 % d’ici avril 2023 ». Ce qui s’élèverait à « 1,2 million d’enfants sur 4,1 millions qui sont scolarisés », ajoute-t-il, en y voyant une situation « plus grave encore que la crise économique ».

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Quintus Colombage / Ucanews