Eglises d'Asie

De plus en plus de réfugiés dans l’État Chin, majoritairement chrétien, où les violences s’intensifient

Publié le 23/09/2021




L’État Chin, le seul à majorité chrétienne en Birmanie, est en proie aux affrontements les plus violents du pays, entre l’armée et les milices locales. L’intensification des combats a pour conséquence une augmentation importante du nombre de déplacés et de réfugiés dans la région. La totalité de la population du district de Thantlang, soit au moins 8 000 personnes, ont déserté la ville pour fuir les affrontements, après un assaut survenu le 18 septembre qui a détruit au moins 19 maisons.

Une croix dans les collines Chin, à Falam (près de la frontière indienne), une région majoritairement chrétienne où la population est en proie aux affrontements.

Suite aux affrontements entre l’armée et les milices locales dans l’État Chin, dans l’ouest de la Birmanie, au moins 30 soldats auraient été tués lors de combats avec l’Armée nationale Chin, alliée à des groupes de résistants locaux.

Selon un travailleur social catholique sur place, presque tous les habitants de la ville, des chrétiens de l’ethnie Chin, ont été contraints de fuir leurs maisons vers les villages voisins, tandis que certains ont traversé la frontière pour se rendre dans l’État indien du Mizoram. « Il ne reste plus que quelques familles, la plupart des gens ont abandonné leur maison par crainte de nouvelles attaques contre les civils. »

Un prêtre catholique et des religieuses ont également fui la ville pour se rendre dans une paroisse voisine.

Au moins 20 000 personnes avaient déjà été déplacées dans plusieurs districts de l’État Chin depuis le début des combats en mai. Le Mizoram, qui partage une longue frontière avec la Birmanie , a également accueilli un nombre croissant de réfugiés – près de 20 000 également – à la suite du coup d’État militaire du 1er février.

Au cours du week-end, au moins quatre maisons ont été partiellement détruites à Hakha, la capitale de l’État Chin, et des coups de feu ont été entendus pendant la nuit.

Les civils de l’État Chin, l’un des plus pauvres du pays, ont été les plus durement affectés par les combats, dans une région qui n’avait pourtant pas connu de conflit depuis des décennies.

Les églises de l’État Chin régulièrement prises pour cibles au cours du conflit

Un pasteur de 31 ans a été abattu alors qu’il essayait d’éteindre un incendie dans une maison touchée par des bombardements, le 18 septembre.

L’Alliance baptiste mondiale, qui représente 49 millions de chrétiens baptistes dans 126 pays et territoires, a demandé que justice soit rendue et que les auteurs de ce crime répondent de leurs actes.

« Le pasteur baptiste Rev. Cung Biak Hum tentait d’apporter son aide alors qu’une des maisons appartenant à un membre de son église était en train de brûler. À son arrivée sur les lieux, il a été abattu par des soldats, qui ont également volé son téléphone portable, sa montre et lui ont coupé le doigt pour lui voler son alliance », a déclaré le groupe dans un communiqué.

La Convention Baptiste Kachin (KBC) a elle aussi fermement condamné le meurtre du pasteur, l’incendie des églises et des maisons, et « les actes barbares qui menacent la sécurité et la vie des pasteurs, des membres des églises et des civils dans l’État Chin ».

Au cours du conflit, les églises catholiques et baptistes de l’État Chin sont régulièrement prises pour cibles. Les soldats ont pillé plusieurs églises et y ont parfois installé des campements militaires.

Depuis la prise de pouvoir par les militaires du premier février, la Birmanie est en proie à de graves troubles politiques et sociaux : manifestations de rue, mouvement de désobéissance civile et entrée dans la résistance armée de milliers de jeunes gens.

Au moins 1 100 personnes ont été tuées et plus de 7 000 autres détenues. Le règne de la terreur des militaires se poursuit sans relâche malgré des appels lancés par les dirigeants du monde entier, dont le pape François, pour mettre fin à la violence et poursuivre le dialogue.

(Avec Ucanews)

Crédit : mohigan (CC BY-SA 3.0)