Eglises d'Asie – Chine
Décès de Mgr Ye Ronghua, évêque émérite d’Ankang et bâtisseur de l’Église chinoise
Publié le 31/08/2022
L’évêque Jean-Baptiste Ye Ronghua, artisan de la reconstruction de l’église catholique dans la région d’Ankang, dans le nord-ouest de la Chine, est décédé le 28 août à l’âge de 91 ans, des suites d’une maladie liée à la vieillesse, selon les médias chinois.
Mgr Ye a été l’administrateur diocésain d’Ankang de 1987 à 1999, puis ordonné premier évêque d’Ankang en 2000, dans la province chinoise du Shaanxi. La région a été le théâtre d’une série de persécutions religieuses pendant la Révolution culturelle, lorsque l’Église a été bannie. La préfecture apostolique d’Ankang fut créée en 1928 et placée sous l’autorité des franciscains conventuels italiens jusqu’à l’expulsion de tous les missionnaires étrangers dans les années 1950.
Né dans une famille catholique en juin 1931, le jeune Ye étudie au petit séminaire de Hanzhong, dirigé par des missionnaires italiens PIME (Institut pontifical pour les missions étrangères) puis obtient son diplôme en 1958 au grand séminaire de Kaifeng, dans la province du Henan, en Chine centrale. Il retourne à Hanzhong (province du Shaanxi) la même année, mais son ordination à la prêtrise est retardée en raison des mouvements politiques qui visent l’Église.
Après la prise de pouvoir des communistes en Chine en 1949, tous les missionnaires étrangers sont expulsés. A partir de 1966, le Parti communiste chinois (PCC), dirigé par son chef Mao Zedong, lance un mouvement sociopolitique appelé la Révolution culturelle, qui vise à affermir son autorité au sein du parti et à effacer certains éléments de la culture traditionnelle, en particulier les religions.
Reconstruction physique et spirituelle de l’Église locale
Qualifié de « contre-révolutionnaire », Ye est envoyé de force dans un camp de travail afin d’être « rééduqué ». Ce n’est qu’à l’âge de 51 ans, alors que les religions sont autorisées à renaître en Chine, qu’il est finalement ordonné prêtre.
Durant la période de la Révolution culturelle et au cours des années qui ont suivi, l’Église chinoise connaît une période de grande précarité : tous ses biens ont été confisqués, les lieux de culte ont été détruits. Il ne reste que très peu de prêtres, qui doivent agir dans la clandestinité, parfois au péril de leur vie. La petite communauté catholique d’Ankang parvient néanmoins à survivre.
En 1987, le prêtre Ye Ronghua est envoyé à Ankang par l’évêque de Xi’an, Mgr Antoine Li Du’an, l’une des figures les plus importantes de l’Église chinoise moderne. Avec son soutien, de 1987 à 1999, neuf jeunes prêtres sont ordonnés dans les paroisses de la préfecture, trois églises restaurées et deux cliniques ont ouvert leurs portes. Ye est ordonné premier évêque d’Ankang le 10 décembre 2000. Malgré d’importants problèmes de santé, Mgr Ye poursuit la reconstruction physique et spirituelle de l’Église locale.
La précarité est toujours l’un des problèmes essentiels de la préfecture apostolique d’Ankang. La plupart des catholiques de la région sont des petits agriculteurs, micro-entrepreneurs et ouvriers. De nombreuses familles gagnent à peine de quoi se nourrir et peuvent difficilement financer les paroisses, qui disposent de moyens financiers très réduits.
Mgr Ye Ronghua, ainsi que son mentor Anthony Li Duan, a été reconnu à la fois par le Vatican et par la Chine, bien avant la signature des accords historiques sur la nomination des évêques en 2018 entre les deux États. C’est son évêque coadjuteur, Mgr Wang Xiaoxun, initialement nommé par le Vatican puis reconnu par la Chine, qui lui succède.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Ucanews