Eglises d'Asie – Thaïlande
Déconfinement : reprise des messes publiques en Thaïlande, entre joie et prudence
Publié le 29/05/2020
Immédiatement après l’annonce du déconfinement qui a permis aux Thaïs, à partir du 17 mai, de se rendre dans les magasins, de visiter des musées ou de consommer des plats sur place dans les restaurants, la Conférence épiscopale thaïlandaise a publié un communiqué autorisant la reprise des célébrations eucharistiques à partir du dimanche 24 mai, dans tout le pays, en respectant des consignes sanitaires strictes. Le port du masque est obligatoire, ainsi que l’inscription des fidèles avant les célébrations, le contrôle de la température, le lavage des mains avec une solution hydroalcoolique à l’entrée, le maintien d’une distance d’1,5 mètre entre deux personnes et la limitation du nombre de fidèles pour chaque messe. Cela dit, la date de la reprise des messes dépendra également des mesures imposées par les autorités locales, ainsi que la décision de chaque diocèse et de chaque paroisse. De nombreuses églises de plusieurs provinces, comme Bangkok et Ubon, se préparaient à accueillir les fidèles dès le dimanche 24 mai.
« Je me suis sentie soulagée »
En revanche, selon le père Olivier Morin, un jésuite français installé à Chiang Mai, les messes à la cathédrale de Chiang Mai ne devraient reprendre que le 7 juin. Après deux mois d’absence de messes publiques, les laïcs comme les prêtres se réjouissent. Mme Thongpan Panduang, 68 ans, originaire de Yasothorn, dans le nord-est du pays, partage son émotion : « Quand j’ai appris l’annonce de la reprise des messes ce dimanche 24 mai, je me suis sentie soulagée, libérée, et remplie de joie. Je rends grâce à Dieu. Le 24 mai me tient vraiment à cœur, car c’est le jour où nous célébrons l’Ascension du Seigneur. Je me demandais souvent quand je pourrais à nouveau participer à la messe. » De même, le père Sarayuth Konsupap SJ, sous-chapelain de la paroisse jésuite de Xavier Hall à Bangkok, raconte : « Je suis très enthousiaste d’apprendre la reprise des messes. Enfin, nous pourrons nous voir physiquement à nouveau. Sans fidèles, j’ai l’impression que tout était vide. La dimension communautaire est primordiale pour nous catholiques. »
Malgré le bonheur que cela suscite en tous, le jésuite thaï confie sa préoccupation : « Je suis si heureux, c’est vrai. Mais, par prudence, j’éprouve quand même une certaine inquiétude. Je pense beaucoup aux précautions supplémentaires et aux gestes que nous pouvons poser pour éviter tout risque de contagion. Car je vois la reprise des messes comme une grande responsabilité, non seulement envers les participants, mais aussi envers l’Église et la société thaïe tout entière. Si l’on trouvait un cas dans une église, que dirait-on ? On ne penserait pas seulement à telle paroisse mais à l’Église catholique dans son ensemble ! Cela entraînerait de la méfiance chez les non-croyants envers les catholiques ; on pourrait envisager de fermer à nouveau les églises jusqu’à nouvel ordre ; un rebond épidémique pourrait même resurgir, qui sait ? » Ainsi, sur le parvis de la cathédrale de l’Assomption, à Bangkok, quelques-uns ont distribué un masque de protection aux paroissiens. En ce moment, en Thaïlande, le débat n’est pas centré sur la question de la liberté religieuse. Les Thaïlandais paraissent « scotchés » par une autre préoccupation, à savoir se protéger pour protéger les autres. Ce qui est certain, c’est que la majorité des gens affichent un grand sourire derrière leur masque.
(EDA / Tanya Leekamnerdthai)
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Tanya Leekamnerdthai