Eglises d'Asie

Des étudiants et enseignants hongkongais dénoncent des mesures de censure sur des manuels scolaires

Publié le 27/08/2020




Plusieurs groupes, dont le nouveau groupe étudiant Education Breakthrough ainsi que l’Alliance des éducateurs hongkongais, ont lancé une pétition dénonçant un système de censure imposé sur des manuels scolaires d’études libérales (Liberal Studies), une matière obligatoire depuis 2009 pour les étudiants hongkongais de deuxième année. Cette matière avait été introduite pour favoriser l’esprit critique des étudiants sur des questions contemporaines. Dans une déclaration publiée le 20 août, l’ONG britannique Hong-Kong Watch a affirmé que des contenus concernant le massacre tristement célèbre de la place Tiananmen avaient été retirés des manuels en question.

La Chine a resserré son étau sur le système éducatif hongkongais, deux mois à peine après le vote par Pékin d’une nouvelle loi sur la sécurité nationale à Hong-Kong, dans une tentative de réprimer le mouvement prodémocratie sur le territoire de la région administrative spéciale. Les universités, étudiants et enseignants hongkongais, qui représentent près de 40 % des manifestants prodémocratie de l’ancienne colonie britannique, affirment que les nouvelles mesures entravent ce qu’ils peuvent enseigner, débattre et étudier. Les habitants inquiets d’une répression des libertés civiles à Hong-Kong sont nombreux à les contester. Plusieurs groupes ont notamment lancé une pétition publique concernant une censure des manuels scolaires, introduite par l’administration hongkongaise pro chinoise. La pétition, lancée par le nouveau groupe étudiant Education Breakthrough aux côtés de la Progressive Teacher’s Alliance et de l’Alliance des éducateurs hongkongais, projette de rassembler 10 000 signatures afin de faire pression sur les autorités et de dénoncer le système de censure imposé sur des manuels d’études libérales. Cette matière, obligatoire pour les étudiants de deuxième année à Hong-Kong, a été introduite en 2009 afin de favoriser l’esprit critique des étudiants sur des questions contemporaines.

Cette situation a attiré les critiques d’experts pro Chine qui accusent les manuels en question de partialité. Les enseignants et les corps étudiants ont envoyé une lettre ouverte au secrétaire d’État à l’éducation, Kevin Yeung, en l’appelant à lever la censure sur les manuels. Ils affirment qu’un nouveau « service professionnel de consultation », qui contrôle les manuels, a considéré le contenu visé comme antipatriotique et défendant la cause de la démocratie. Les groupes qui ont déposé la pétition ont également demandé au Bureau de l’éducation de dévoiler les détails concernant le nouveau « service de consultation ». Suivant les consignes du nouveau service, cette semaine, certains éditeurs ont modifié le contenu des manuels concernant les manifestations massives prodémocratie de l’an dernier. La lettre ouverte accuse également les autorités d’empêcher les étudiants de penser librement et de réprimer la libre-pensée. « Ils transforment les manuels scolaires en instruments de propagande entre les mains des autorités », dénoncent les auteurs de la lettre. Isaac Cheng, porte-parole du groupe étudiant Education Breakthrough, a confié aux médias que « nous espérons que les étudiants choisiront des anciennes versions des manuels, plus complètes et plus claires, en boycottant les versions révisées ».

40 % des manifestants sont étudiants

Dans une déclaration publiée le 20 août, l’ONG britannique Hong-Kong Watch a souligné que les contenus concernant le massacre tristement célèbre de la place Tiananmen ont été retirés des manuels d’études libérales (Liberal Studies). Le président de l’ONG, Benedict Rogers, a dénoncé une « décision particulièrement troublante », estimant que cela menace la liberté académique à Hong-Kong. De son côté, Radio Free Asia a cité des étudiants et enseignants affirmant que les nouvelles mesures sont destinées à « laver le cerveau » des étudiants hongkongais pour les pousser vers un patriotisme inconditionnel et la loyauté envers le Parti communiste chinois (CCP). Les étudiants interrogés ont cité de nombreux exemples de formulation reflétant la ligne officielle de Pékin. John Lee, chef de la sécurité de Hong-Kong, s’est engagé à « gérer la situation dans les écoles » avec fermeté, en estimant que près de 40 % des manifestants prodémocratie sont étudiants et que plus d’une centaine d’entre eux sont enseignants. Le People’s Daily, l’organe de presse officiel du Comité central du Parti communiste chinois, et l’agence de presse nationale chinoise Xinhua, ont défendu les mesures de censure, en les présentant comme un nettoyage de « contenus pédagogiques nocifs ». La nouvelle loi sur la sécurité nationale, qui est entrée en vigueur le 30 juin, est principalement destinée à réprimer le mouvement prodémocratie. Le texte prévoit des condamnations sévères pour les citoyens hongkongais soutenant l’indépendance ou des causes révolutionnaires en public.

Engagement catholique

Stephen Chan, qui enseigne dans un établissement catholique, explique qu’avant même le vote de la nouvelle loi sur la sécurité nationale, il s’inquiétait déjà des perspectives d’un système éducatif contrôlé par la Chine. Stephen Chan, qui enseigne justement les études libérales, estime qu’il y aura encore « davantage de contraintes » concernant les examens et les programmes pédagogiques. L’enseignant catholique, qui enseigne également des matières bibliques, ajoute qu’il prévoit des problèmes concernant les enseignements bibliques. Il estime qu’il lui faudra trouver de nouveaux moyens de communiquer les enseignements de la Bible à ses étudiants. Stephen Chan ajoute que la vérité et la justice sont des valeurs chères à l’éducation catholique, et que les enseignants y sont attachés. Il explique que les écoles catholiques dépendent du diocèse de Hong-Kong, et que l’approche du diocèse sur ces questions affectera le système éducatif.

(Avec Ucanews, Hong-Kong)

Crédit : Can Pac Swire / CC BY-NC 2.0