Eglises d'Asie – Bangladesh
Des milliers d’ouvriers du textile mobilisés au Bangladesh face à des salaires de misère
Publié le 13/11/2023
La Première ministre bangladaise Sheikh Hasina a rejeté une nouvelle augmentation des salaires du textile, en refusant les demandes des ouvriers du secteur qui exigeaient que leurs revenus soient presque triplés par rapport à leur rémunération actuelle. Dans le cadre de leur mouvement social, les manifestants ont affronté la police locale à maintes reprises ces derniers jours, parfois violemment, et près de 150 usines ont décidé de fermer leurs portes temporairement ce dimanche 11 novembre au matin face aux exigences salariales.
Mardi dernier, le 6 novembre, une commission nommée par le gouvernement a décidé d’augmenter le salaire minimum du secteur du textile au Bangladesh à 12 000 takas par mois (environ 102 euros), mais les groupes soutenant les droits des ouvriers bangladais ont affirmé que la nouvelle proposition était un « salaire de misère ». La proposition représentait une hausse de 56,25 % du salaire minimum, mais les militants l’ont rejetée et insisté pour demander un salaire d’au moins 23 000 takas par mois.
Le 9 novembre, dans le cadre des manifestations, la police a utilisé des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène pour disperser la foule. Même à Gazipur, la plus grande zone industrielle, au moins une vingtaine d’usines ont été fermées à cause des manifestations, dont quelques-unes de plus grandes usines du Bangladesh depuis plus d’une décennie.
Le 9 novembre, la police a utilisé des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène pour disperser les manifestants. Même à Gazipur, la plus grande zone industrielle, au moins une vingtaine d’usines ont été fermées à cause des manifestations. À Ashulia, les industriels ont également fermé 130 usines par crainte d’autres grèves. Le centre industriel, situé dans les banlieues nord de Dacca, la capitale, compte quelques-unes de plus grandes usines du Bangladesh, certaines employant jusqu’à 15 000 ouvriers.
Le textile bangladais représente 85 % des exportations annuelles du pays
De son côté, Sheikh Hasina a déclaré que de nouvelles grèves entraîneraient des pertes d’emplois. « S’ils descendent dans la rue pour manifester sous une quelconque autorité, ils perdront leur poste, leur travail et devront rentrer dans leur village », a-t-elle prévenu. « Si ces usines sont fermées, si la production est interrompue et que les exportations seront freinées, que deviendra leur travail ? Ils doivent comprendre cela. »
Par ailleurs, les forces de l’ordre ont engagé des poursuites contre 11 000 personnes non-identifiées liées à une attaque de l’usine de textile de Tusuka. Les autorités policières du pays lancent souvent des actions en justice contre des personnes anonymes après des cas de violences politiques. À ce jour, les manifestations ont causé au moins trois décès, et plus de 70 usines ont été pillées au cours de la semaine dernière.
Ces manifestations deviennent un problème politique majeur pour la dirigeante Hasina, à la tête du parti de la Ligue Awami. Ces derniers mois, elle a subi de nombreuses critiques, l’accusant de diriger le pays avec une main de fer, et certains affirment qu’elle cherche à réprimer toute dissidence et à écraser toute forme d’opposition avant les élections prochaines, dont la date n’a pas encore été fixée. Durant des mois, le Parti nationaliste du Bangladesh, principal parti d’opposition, a appelé à établir un gouvernement neutre de transition qui pourrait diriger le pays en attendant des élections impartiales et transparentes.
Les quelque 3 500 usines de textile du Bangladesh représentent environ 85 % des 55 milliards de dollars US d’exportations annuelles du pays, en fournissant de nombreuses grandes marques comme Levi’s, Zara et H&M. Mais pour les quatre millions d’employés bangladais du textile, dont une majorité de femmes qui dépendent de l’industrie, les conditions de travail sont dures, sans compter un salaire minimum actuellement fixé à seulement 8 300 takas par mois (soit 70 euros). Le salaire minimum est fixé par une commission gouvernementale comptant des représentants du secteur, dont des industriels, des syndicalistes et des experts.
(Avec Asianews)