Eglises d'Asie

Des religieuses birmanes témoignent de la crise actuelle, neuf mois après le coup d’État

Publié le 06/11/2021




Le 10 novembre à Milan, des Sœurs de la Réparation, dont plus de 380 membres sont présentes en Birmanie, partageront leurs témoignages sur la situation actuelle depuis le coup d’État du 1er février – une soirée organisée sur le thème « Birmanie, une crise oubliée ». « Tous les jours, nous recevons des nouvelles terribles : des gens arrêtés, torturés, violés, massacrés et brûlés vifs ; des églises, des lieux sacrés et des maisons incendiés et bombardés ; et toujours plus de personnes déplacées », déplore mère Béatrice, dont les sœurs sont présentes dans 13 diocèses birmans.

Les Sœurs de la Réparation, présentes en Birmanie, ont partagé de nombreux drames vécus dans le pays depuis le coup d’État du 1er février.

« Tous les jours, nous recevons des nouvelles terribles : des gens arrêtés, torturés, violés, massacrés et brûlés vifs ; des églises, des lieux sacrés et des maisons incendiés et bombardés dans des villes et des villages ; et toujours plus de personnes déplacées de force, chassées, arrêtées et tuées », déplore mère Béatrice, qui fait partie d’une des quelque 380 Sœurs de la Réparation présentes en Birmanie et qui, dans le pays et à l’étranger, témoignent du drame que représente le conflit en cours, déclenché par le coup d’État du 1er février. Leurs récits ont été publiés dans un article paru dans le dernier numéro du magazine Mondo e Missione. Ils seront également partagés lors d’une soirée spéciale, le 10 novembre à Milan, organisée sur le thème « Birmanie, une crise oubliée ».

Les Sœurs de la Réparation ont été fondées en Italie en 1859 par l’un des premiers missionnaires PIME (Institut pontifical pour les missions étrangères), le père Carlo Salerio, et par mère Maria Carolina Orsenigo. Depuis octobre 1895, elles sont avant tout présentes dans des villages reculés de Birmanie, où elles partagent la vie des populations locales, en particulier celles des femmes. Une vocation qui se poursuit aujourd’hui dans le pays, où elles sont présentes dans 13 diocèses sur 16, avec 62 couvents.

Ces derniers mois, cependant, plusieurs couvents ont été fermés afin d’échapper à des persécutions et des représailles. C’est pourquoi certaines des nombreuses activités menées par les religieuses, dans tous les domaines, ont été suspendues : des activités pastorales, des écoles, une maison de retraite à Rangoun, des centres de soin, des services auprès des orphelins, des détenus, des réfugiés et des personnes déplacées… Les réfugiés et déplacés, notamment, étaient déjà présents dans plusieurs régions du pays comme les États Kachin et Shan, et leur nombre a considérablement augmenté récemment.

« Les aides sont bloquées »

Même si certaines activités ont été suspendues, la situation d’urgence a conduit de nombreux couvents à accueillir des personnes fuyant leur domicile, en particulier les personnes âgées et les malades, incapables de trouver refuge dans la forêt. Ces religieuses ont osé élever la voix, en permettant de transmettre des bribes d’informations, d’histoires et de drames vécus en Birmanie – des récits qui auraient pu être dissimulés autrement. Parmi ceux-ci, on peut citer les obstacles placés par le régime afin de freiner l’arrivée des aides humanitaires, dans les régions les plus affectées par les combats entre l’armée et les milices locales.

« Les aides sont bloquées », confirme une religieuse. « Elles sont saisies et brûlées, au lieu d’être distribuées aux personnes affamées. Malheureusement, d’autres drames surviennent tous les jours contre des populations sans défense. » C’est ce que la famille de mère Noémie a vécu, en particulier sa sœur, qui s’est échappée dans la forêt avec ses six enfants. « Depuis plus d’un mois, nous avons vécu sous les arbres, et nous sommes presque à court de nourriture », a témoigné la sœur de la religieuse, après une longue période inquiétante sans donner de nouvelles. « Nous entendons souvent les bombardements, et une nuit, ils étaient très proches. Nous craignions d’être découverts, alors j’ai dit à mon mari et à mes enfants de courir. J’ai très peur, mais je m’efforce d’être forte pour mes enfants. »

« Il voit notre souffrance et notre misère »

En plus des prêtres, pasteurs et religieux qui ont été arrêtés et maltraités, de nombreux chrétiens ont été tués, et plusieurs églises et lieux de culte ont été profanés, détruits ou saisis par les militaires. « Avant cette horrible guerre », raconte mère Eugénie, « mes parents venaient tous les matins à la messe, et ils songeaient déjà, avec le prêtre, aux préparatifs de leur 50e anniversaire de mariage ». « Puis ils ont dû fuir à cause de l’arrivée des militaires. Ils ont changé plusieurs fois de refuge, en cherchant toujours de nouveaux sites où se protéger des bombardements, et en cachant les enfants dans la végétation. Ils ont emmené peu de choses avec eux, dont des statues de Notre Dame, et malgré les privations, ils n’ont jamais cessé de prier », poursuit la religieuse.

« Les chrétiens, comme d’autres personnes de bonne volonté, apportent de l’espoir aux gens en les accueillant, en étant proches d’eux, en soignant leurs blessures et en les consolant », confirme mère Béatrice. « Parfois, pourtant, une question nous trouble : où es-tu, Seigneur ? Pourquoi tant de silence ? Mais ce n’est pas possible qu’il n’entende pas nos appels. Nous sommes certains qu’il voit notre souffrance et notre misère. Dieu nous précède avec la douce lumière de sa Parole, qui apporte l’espérance dans les ténèbres de cette terrible nuit. »

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Asianews