Eglises d'Asie – Birmanie
Des religieuses de Mandalay lancent une œuvre caritative interreligieuse auprès des plus démunis
Publié le 24/04/2021
Les sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition (SJA), à Mandalay, la deuxième plus grande ville du pays, ont créé un groupe interreligieux aux côtés des communautés bouddhistes, musulmanes et hindoues afin d’apporter une aide alimentaire à ceux qui sont les plus affectés par la crise politique en Birmanie. Le pays d’Asie du Sud-Est est plongé dans le chaos depuis le coup d’État de l’armée birmane, le 1er février dernier, jour où le nouveau parlement élu devait se rencontrer. Depuis, le pays est secoué par les répressions violentes contre le mouvement de résistance civile. Grâce à leur initiative, les sœurs SJA soutiennent près de 300 familles dans le besoin de Mandalay, dans le centre de la Birmanie. Leur groupe interreligieux fournit aux familles des produits comme du riz, de l’huile de cuisson, du sel et des oignons, grâce aux contributions généreuses de la communauté catholique birmane de Norvège.
Les religieuses ont également apporté un soutien moral et matériel aux victimes d’un incendie récent, tout en partageant le deuil des familles ayant perdu des proches tués par les forces de l’ordre dans le cadre du mouvement pro-démocratie. Les sœurs de Mandalay organisent aussi des groupes de prière pour la paix et participent à des manifestations pacifiques aux côtés des catholiques, en priant le chapelet et en apportant de la nourriture et de l’eau aux manifestants. En février et mars dernier, l’Église catholique birmane a attiré l’attention du monde entier avec le témoignage inspirant de sœur Ann Rose Nu Tawng, de l’État Kachin, qui s’est agenouillée devant des militaires à Myitkyina pour leur demander de ne pas tirer sur les manifestants. Le cardinal Charles Bo, archevêque de Rangoun, a salué l’exemple et la foi de la religieuse. « Dans les ténèbres, de simples actes généreux peuvent rayonner considérablement », a-t-il confié à l’occasion du dimanche de la miséricorde divine.
Alerte du Programme alimentaire mondial
Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a signalé que l’insécurité alimentaire s’est fortement aggravée en Birmanie suite au coup d’État, et que plusieurs millions de personnes supplémentaires risquent de souffrir de la faim dans le pays au cours des prochains mois. Le PAM estime que dans les six prochains mois, ce chiffre pourrait s’élever jusqu’à 3,4 millions de personnes supplémentaires affectées par l’insécurité alimentaire, en particulier dans les zones urbaines. « De plus en plus de personnes ont perdu leur emploi et n’ont pas les moyens de s’acheter à manger », a déclaré Stephen Anderson, directeur du PAM pour la Birmanie, dans une déclaration publiée le 22 avril. « Il faut décider d’une réponse concertée dès maintenant, afin d’apaiser leurs souffrances immédiatement et éviter une aggravation encore plus alarmante de la situation. » Selon le PAM, depuis janvier, le prix du riz a augmenté de 5 % à Rangoun et à travers le pays, et le prix de l’huile de cuisine a grimpé de 18 % depuis février. Les prix augmentent également dans les États frontaliers, dont Rakhine, Chin et Kachin. Dans certaines zones de l’État Kachin, dans le nord du pays, le prix du riz a même augmenté de près de 43 %, et l’huile de cuisson de 32 %. Les prix du carburant ont également augmenté d’environ 30 % dans l’ensemble du pays.
Dans la région de Rangoon, les familles sont donc poussées dans leurs retranchements, jusqu’à sauter des repas voire s’endetter pour pouvoir survivre. Le Programme alimentaire mondial, qui souhaite tripler son aide en passant d’1,3 million de bénéficiaires à 3,3 millions, a évoqué un besoin urgent de 106 millions de dollars US supplémentaires. Depuis le coup d’État, les militaires ont lancé une vague de terreur contre les manifestants pacifiques voire contre de simples témoins innocents, entraînant pus de 700 décès à l’heure actuelle, dont plusieurs dizaines d’enfants. Après presque trois mois, les militaires peinent toujours à contrôler le pays. Le système bancaire est paralysé, les investissements sont suspendus et la bureaucratie ne fonctionne pas, y compris concernant les hôpitaux, les transports ferroviaires et l’éducation nationale, en partie à cause de la participation de nombreux fonctionnaires au mouvement de désobéissance civile.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
SJA / Ucanews