Eglises d'Asie

Diocèse de Loikaw : les catholiques birmans prient pour les défunts malgré les conflits internes

Publié le 08/11/2022




Le 2 novembre, de nombreuses paroisses du diocèse de Loikaw, dans le nord-est de l’État Kayah, ont pu célébrer la commémoration des fidèles défunts malgré une situation toujours tendue dans le pays. Toutefois, beaucoup de catholiques déplacés de l’archidiocèse de Mandalay, qui couvre une partie de la région de Sagaing particulièrement touchée par les violences, n’ont pas pu rentrer dans leurs villages avant les fêtes. La Birmanie continue de subir les conflits internes depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021.

Le 2 novembre, des catholiques birmans prient dans un cimetière de Loikaw, la capitale de l’État Kahah.

Malgré la crise qui frappe la Birmanie depuis presque deux ans, les catholiques ont célébré la commémoration des fidèles défunts, le 2 novembre dernier, en allumant des cierges, en chantant des hymnes et en participant aux célébrations au milieu des conflits internes. Un groupe de fidèles a ainsi chanté au pied d’une colline où se trouvent les tombes des défunts d’un village du canton de Demoso, dans le diocèse de Loikaw – qui couvre le nord-est de l’État Kayah.

Le diocèse de Loikaw fait partie des plus durement touchés par les conflits internes parmi les diocèses birmans. L’armée y a lancé des représailles contre des milices locales avec des bombardements et des tirs d’artillerie, y compris dans le canton de Demoso, forçant plusieurs milliers d’habitants à fuir dans la jungle.

Dans une autre zone du même canton de Demoso, on trouve plusieurs dizaines de tombes avec des croix en bois, où des amis et des proches ont déposé des fleurs et prié pour les jeunes victimes ayant été tuées pour avoir résisté au régime militaire – selon une vidéo prise par un média local.

Des sources au sein de l’Église locale confient que des paroisses du diocèse, qui n’ont pas été affectées par les violences, ont pu célébrer le jour des défunts, même si d’autres ne l’ont pas pu à cause d’une situation instable.

Mgr John Saw Yaw Han, évêque auxiliaire de Rangoun, a appelé les catholiques birmans à assister et soutenir les personnes dans le besoin face aux difficultés. « Essayons de donner de notre temps à ceux qui en ont le plus besoin, et consacrons du temps avec eux afin d’être proches de Dieu », a-t-il souligné le 2 novembre dans une homélie.

Des régions déjà victimes de violences depuis des décennies

Dans un village catholique historique de la région de Sagaing, une des plus touchées par les conflits internes, plusieurs centaines de paroissiens se sont rendus au cimetière pour y prier pour les âmes des défunts, malgré des coups de feu entendus dans les environs. Toutefois, beaucoup de catholiques déplacés de l’archidiocèse de Mandalay, qui couvre une partie de la région de Sagaing, n’ont pas pu rentrer dans leurs villages. À défaut, ils ont prié pour les défunts dans les églises locales, où ils ont trouvé refuge depuis plusieurs mois après avoir fui de chez eux pour échapper à des raids militaires.

La Birmanie continue de subir des violences entre la junte militaire et les groupes de résistance armée, depuis le coup d’État qui a renversé le gouvernement civil élu février 2021. Des offensives militaires ont détruit des villages entiers et causé plusieurs centaines de victimes civiles. Des églises, des bâtiments appartenant à l’Église locale et des villages chrétiens ont été attaqués, ainsi que des écoles. Les chrétiens représentent environ 6,2 % de la population birmane sur 54 millions d’habitants, majoritairement bouddhistes. Les États Kachin, Chin, Karen et Kayah, où se trouvent d’importantes communautés chrétiennes, subissent la répression et la persécution des militaires birmans depuis des décennies.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Christ the King Cathedral / Ucanews