Eglises d'Asie

Économie : en Chine, les jeunes générations fuient les emplois pénibles et le secteur industriel

Publié le 24/11/2022




Selon le ministère chinois de l’Éducation, d’ici 2025, la Chine risque de faire face à une pénurie de près de 30 millions de travailleurs dans le secteur industriel, alors que de plus en plus de jeunes chinois préfèrent d’autres emplois en refusant de passer des longues heures de travail sur des chaînes de montage. Par ailleurs, des augmentations du revenu minimum, adoptées afin d’inciter les jeunes à travailler dans le secteur industriel, ont poussé beaucoup d’entrepreneurs étrangers à déplacer leur production hors de Chine.

De plus en plus de Chinois préfèrent des petits boulots comme la livraison à domicile plutôt que des emplois épuisants et dangereux dans l’industrie.

Ils ne veulent pas travailler dans les usines. Ils trouvent cela ennuyeux, dangereux à cause des nombreux accidents, épuisant en raison de longues heures de travail, et par-dessus tout mal payé. C’est ainsi que les jeunes chinois ont répondu à une question sur les raisons pour lesquelles ils refusent de prendre la place de leurs parents au cœur même du miracle économique chinois : le secteur industriel.

La situation du travail manuel en Chine est comparable à celle que l’on peut retrouver en Europe où de nombreux habitants évitent les emplois pénibles ou mal payés, notamment dans les régions rurales. La nouvelle génération chinoise préfère des emplois différents comme les livraisons à domicile ou encore en s’inscrivant à des cours du soir dans l’espoir de décrocher un poste fonctionnaire « confortable ».

Ce phénomène est un problème pour un pays menacé par le ralentissement économique le plus inquiétant depuis la réforme et l’ouverture du pays. Les confinements stricts imposés face au Covid-19, le marché immobilier en régression et la répression réglementaire imposée par le président Xi Jinping sur les industries privées, en particulier dans le secteur des hautes technologies, ont affecté la croissance du PIB dans le pays. Celle-ci a atteint son plus bas niveau depuis 1990 – en exceptant l’année 2020 au début de la pandémie.

Une résistance passive qui menace le « renouveau national » voulu par Xi Jinping

Selon une étude effectuée par le Reuters, plus de 80 % des usines chinoises ont des problèmes d’embauche. Le ministère chinois de l’Éducation estime que d’ici 2025, le pays risque de faire face à une pénurie de 30 millions d’ouvriers dans le secteur industriel. Des chiffres impressionnants, qui prennent en compte que le taux de chômage chez les jeunes chinois (âgés entre 16 et 24 ans) est d’environ 18 % aujourd’hui.

Plutôt que de travailler sur les chaînes de montage, des nouvelles recrues potentielles préfèrent rester chez elles, ce qui vient également alourdir le budget du foyer. Il s’agit du terme Tangping (躺平), apparu en Chine en 2021 et qui signifie littéralement « s’allonger à plat ».

Cet état d’esprit prend la forme d’une contre-culture, avec des jeunes qui choisissent de faire le strict minimum dans leurs emplois et leurs études, en signe de protestation contre des heures de travail épuisantes, le coût de la vie qui augmente et des prix immobiliers prohibitifs. Cette attitude passive est vue par les autorités comme une menace aux plans ambitieux du « renouveau national » désiré par Xi.

Les sociétés industrielles chinoises risquent donc de traverser une période difficile. Les chiffres du gouvernement estiment que d’ici cinq ans, la Chine perdra près de 35 millions d’adultes en âge de travailler, un déclin qui se poursuit continuellement depuis 2012. Les entreprises chinoises sont préoccupées par le manque de renouvellement générationnel, à la foi en termes de main-d’œuvre ouvrière et de personnel spécialisé.

Par ailleurs, combler les manques avec des robots et l’automatisation est considéré comme peu profitable en pleine récession globale. Le recours à des augmentations du revenu minimum, afin d’inciter les jeunes à travailler dans le secteur industriel, a également poussé beaucoup d’entrepreneurs en Chine – principalement étrangers – à déplacer leur production au Vietnam, en Thaïlande et en Inde.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Marco Verch (CC BY 2.0)