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Économie : le Sri Lanka risque une fuite des cerveaux avec une hausse des impôts

Publié le 19/10/2022




Le Sri Lanka cherche à modifier sa politique fiscale pour doubler le taux de pression fiscale actuel du pays (ratio moyen impôts / PIB), qui est actuellement de 12,7 %, afin de soutenir l’économie du pays en crise. Ainsi, tout revenu supérieur à 100 000 roupies sri-lankaises par mois (soit 278 euros) serait imposable, ce qui reviendrait à abaisser le seuil minimal d’imposition de 60 %. Pour certains analystes, une telle décision risquerait de pousser de nombreux cerveaux hors du pays.

Des Sri-Lankais patientant en mai 2022 avant d’acheter des bouteilles de gaz GPL.

Le gouvernement sri-lankais envisage actuellement d’amender la législation fiscale du pays. Si le projet de loi est approuvé, toute personne gagnant plus de 100 000 roupies sri-lankaises par mois (soit 278 euros) devra payer des impôts. Par ailleurs les impôts sur les sociétés pourraient passer de 24 % à 30 %. Toutefois, une telle hausse risquera de pousser de nombreux cerveaux à quitter le Sri Lanka.

En décembre 2019, l’ancien président Gotabaya Rajapaksa avait supprimé beaucoup d’impôts. Le président actuel, Ranil Wickremesinghe, ainsi que le ministre des Finances, voudraient au contraire doubler le taux de pression fiscale (ratio moyen impôts / PIB) qui est actuellement de 12,7 %, afin de soulager le pays face à la crise économique.

Pour certains analystes, la hausse des recettes fiscales est essentielle alors que le Sri Lanka est en situation de cessation de paiement sur sa dette souveraine depuis avril dernier, et que le pays a sollicité de l’aide et des fonds de la part du FMI afin de relancer l’économie locale. D’autres estiment au contraire que la nouvelle politique fiscale du président est trop impulsive et qu’elle servirait surtout, à court-terme, à augmenter les revenus du gouvernement.

Les classes moyennes les plus affectées par la nouvelle législation

Dans le cadre de la nouvelle législation, tout citoyen sri-lankais gagnant au moins 100 000 roupies par mois devra payer des impôts, selon les revenus additionnels éventuels. Cela revient à abaisser le seuil minimal d’imposition de 60 %, c’est-à-dire de 3 millions de roupies (8 356 euros) par an à 1,2 millions de roupies (3 342 euros) par an.

« La forte augmentation des taux d’impositions individuels affecterait lourdement  les familles des classes moyennes, elle découragerait l’embauche et aurait des conséquences négatives sur leur vie quotidienne face à une inflation élevée », avertit Asanka Tennakoon, PDG d’une importante société informatique locale.

« Le contexte fiscal de 2019 n’est plus le même aujourd’hui », souligne un analyste financier sous condition d’anonymat. « Ces hausses d’impôts auraient été possibles à l’époque, alors que le coût de la vie était plus bas et que l’inflation était seulement entre 6 et 7 % », ajoute-t-il. « Actuellement, beaucoup de professionnels quittent le pays à cause de la crise économique et politique, alors que beaucoup de législateurs ignorants ont agi à leur guise de manière beaucoup moins participative que ce qui était attendu d’eux », disent d’autres analystes.

Shenuka Amarasinghe, directrice technique d’une société informatique implantée à Colombo et dont le siège est situé aux États-Unis, explique qu’elle-même et son mari, tous deux employés dans le secteur informatique, songent sérieusement à émigrer. « Nous sommes déjà sous pression entre le remboursement de la maison et de la voiture, sans compter le coût élevé de la vie », ajoute Shenuka.

« Même si les impôts sont plus élevés qu’au Sri Lanka dans les pays développés, les gens ont des avantages et des prestations grâce à ces impôts ; ici, au contraire, nous payons nos impôts pour faire fonctionner des institutions publiques déficitaires, poursuit-elle. De plus, selon Sahan Munasinghe, un analyste économique, « un taux d’imposition de 30 % pourrait dissuader les investissement ».

(Avec Asianews)


CRÉDITS

AntanO (CC BY-SA 4.0)