Eglises d'Asie

Économie : l’Église catholique malaisienne renforce son soutien aux personnes en détresse

Publié le 07/07/2021




Alors que la Malaisie, à ce jour, a enregistré environ 779 000 cas d’infection dont 5 497 décès et qu’une nouvelle vague affecte le pays depuis mars 2021, les autorités locales ont imposé divers confinements locaux. Depuis le 1er juin, le pays a été placé en confinement total durant plus de deux semaines. Face à cette situation, certaines entreprises ont été forcées de réduire les coûts en continuant de fonctionner avec seulement 60 % de leurs effectifs. Selon l’OIT, la crise sanitaire risque d’entraîner 2,4 millions de nouveaux pauvres en Malaisie à cause des pertes d’emplois et de revenus.

Selon l’OIT, la crise sanitaire risque de provoquer une hausse de 5 à 10 % du taux de chômage et d’entraîner près de 2,4 millions de nouveaux pauvres en Malaisie.

De plus en plus de Malaisiens, affectés par les conséquences socio-économiques de la pandémie et des restrictions sanitaires qui se poursuivent, prennent part au mouvement « White Flag » (Drapeau Blanc) afin d’implorer une assistance immédiate, avec notamment des aides alimentaires et financières pour assurer leur survie. L’origine du mouvement est inconnue, mais les médias locaux expliquent que les Malaisiens à travers le pays affichent des drapeaux blancs pour signaler qu’une personne ou une famille est en détresse. Ainsi, le 1er juillet, Jambu Nathan Kanagasabai, âgé de 64 ans, un habitant de Petaling Jaya près de Kuala Lumpur, a montré un drapeau blanc après avoir entendu parler d’une chaîne de magasins offrant des paniers alimentaires aux personnes dans le besoin. À cause des restrictions sanitaires, Jambu s’est retrouvé en difficulté avec sa femme et sa sœur quand il a perdu ses revenus, après la fermeture d’une orfèvrerie où il travaillait comme agent de sécurité. Il y gagnait environ 1 300 ringgits (264 euros) par mois.

Peu après avoir affiché son drapeau blanc, des passants ont relayé son appel à l’aide aux autorités. « Le président du comité local a offert de l’argent à mon père, mais il avait surtout besoin de nourriture, parce qu’il était ‘segan’ [honteux] », raconte sa fille Vani, citée par Channel News Asia. Aujourd’hui, le hashtag #WhiteFlagCampaign (#benderaputih) est en tendance sur Twitter en Malaisie, où de nombreux internautes lancent des appels aux dons afin de soutenir les personnes en détresse à travers le pays. Ainsi, Alya, une internaute de l’État de Sabah (Bornéo), a publié sur les réseaux sociaux des photos de volontaires en appelant à venir en aide à 268 familles en difficulté dans la région de Paitan. « Près de 268 familles ont besoin de notre aide. Elles demandent une assistance alimentaire. Le montant nécessaire est de 28 300 ringgits [5 753 euros] », a-t-elle expliqué le 2 juillet sur Twitter. « Mes chers amis malaisiens, il faut soutenir cette campagne. Si vous avez besoin d’aide, faites appel à la communauté. Inshallah, si Dieu le veut, quelqu’un vous aidera », a confié un autre internaute.

Près de 2,4 millions de nouveaux pauvres en Malaisie selon l’OIT

Le 3 juillet, Syaf Rezan a publié une vidéo de 14 secondes sur Twitter, montrant plusieurs dizaines de drapeaux blancs hissés des deux côtés d’une route de l’État de Sarawak (Bornéo). Certains expliquent que cette campagne est une réponse spontanée à un rapport récent, selon lequel 468 suicides ont été commis en Malaisie entre janvier et mai 2021. Dans une lettre adressée à la rédaction du portail d’information Free Malaysia Today, un lecteur appelé Wong Ee Lynn a également remarqué que la majorité des personnes qui se sont donné la mort ces derniers mois se trouvaient « sans économies, et sans aucun recours pour s’en sortir ». « La campagne White Flag qui se fait connaître actuellement sur les réseaux sociaux, et qui cherche à encourager les gens affectés par la situation et par les restrictions correspondantes sur les activités économiques, ne doit pas juste être vue comme une source de fierté mais aussi comme un échec du gouvernement, qui n’a pas su porter assistance et soutenir les membres les plus vulnérables de notre communauté », a-t-il écrit le 4 juillet.

À ce jour, la Malaisie a enregistré environ 779 000 infections dont 5 497 décès dus à la pandémie. Depuis mars 2021, face à une nouvelle vague plus mortelle que la précédente, les autorités locales ont imposé plusieurs degrés de confinements selon les régions. Depuis le 1er juin, le pays a été placé en confinement total durant deux semaines – une mesure qui s’est prolongée par la suite. La pandémie a forcé certaines entreprises à réduire les coûts au maximum et à continuer de fonctionner avec seulement 60 % de leurs effectifs, ce qui a entraîné des pertes estimées à environ 2 milliards de ringgits (406,6 millions d’euros) pour la Malaisie, selon les chiffres du gouvernement. L’Organisation internationale du travail a également signalé que la crise sanitaire risque de provoquer une hausse du taux de chômage de 5 à 10 % dans le pays, et que l’on pourrait compter près de 2,4 millions de nouveaux pauvres à cause des pertes d’emplois et de revenus.

Les diocèses malaisiens renforcent leurs activités durant la crise

L’Église catholique en Malaisie a apporté son aide aux plus pauvres comme au personnel soignant durant la pandémie. Ainsi, le 11 juin, l’archidiocèse de Kuching (État de Sarawak) a fourni du matériel de protection à l’hôpital général de Sarawak, dont 10 000 masques KN95 (FFP2). Des dons ont également été envoyés par des fidèles et des habitants de l’archidiocèse de Kuching et des diocèses de Sibu et Miri, afin de soutenir les œuvres caritatives de l’Église locale. Durant la troisième semaine de juin, les évêques malaisiens se sont aussi engagés à contribuer au Fonds de Solidarité de la Fondation Tzu Chin Malaisie à hauteur d’1 million de ringgits (203 302 euros). Les diocèses catholiques malaisiens continuent d’aider les personnes dans le besoin dans leurs régions respectives, souligne le journal Herald Malaysia, la publication officielle de l’archidiocèse de Kuala Lumpur. Teo Kar Im, directeur du bureau pour le développement humain de l’archidiocèse, explique que beaucoup de paroisses ont lancé des banques alimentaires.

Le père Joachim Robert, de la Caritas de Penang, souligne également que beaucoup de paroisses du diocèse de Penang ont renforcé leurs activités caritatives aux côtés de groupes comme la Société de Saint Vincent de Paul et d’autres communautés ecclésiales. Hugh Dosen, responsable local de Caritas pour le diocèse de Malacca-Johore (dans la péninsule malaisienne), ajoute que Caritas a fourni des subventions afin de soutenir des aides alimentaires dans les paroisses locales. En attendant, l’appel humanitaire lancé par la campagne « White Flag » ne plaît pas à tout le monde dans le pays, notamment les élus membres des partis au pouvoir, que ce soit à l’échelle locale ou fédérale, qui voient ce mouvement comme anti-gouvernement. Muhammad Sanusi Md Nor, ministre en chef de l’État de Kedah, aurait décrit la campagne comme de la « propagande politique », en affirmant que personne n’obtiendra de l’aide simplement en affichant des drapeaux blancs, au lieu de demander de l’aide auprès des centres de gestion des catastrophes.

(Avec Ucanews)

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