Eglises d'Asie

Économie : les employés du secteur du textile bangladais sous tension face à l’inflation

Publié le 06/12/2022




Alors que le textile bangladais représente environ 80 % de ses exportations annuelles et emploie près de 4 millions de personnes à travers le pays d’Asie du Sud, de nombreux employés du secteur se plaignent de la hausse du coût de la vie face à la crise. Devant les demandes d’augmentation du salaire minimum dans le textile, Dacca a expliqué que les prix à la consommation ne peuvent diminuer tant que le marché global reste instable.

Des ouvriers et syndicats du secteur du textile bangladais demandent des hausses de salaires face aux difficultés économiques et à la montée des prix à la consommation. Le 30 novembre à Dacca, une chaîne humaine a notamment été organisée afin de demander au ministère du Travail d’augmenter le salaire minimum actuel de 8 000 takas (73 euros) à 20 000 takas (183 euros) par mois.

De son côté, le gouvernement du Bangladesh a expliqué que la hausse des prix des biens de consommation est liée au marché international, et que les prix ne diminueront pas tant que le marché global reste instable. Le président du syndicat NGWF (National Garment Workers Federation), Amirul Haque, a déclaré que la montée de prix a forcé la majorité des ouvriers et leurs familles à diminuer leur consommation alimentaire.

Le Bangladesh est le deuxième plus grand producteur de textile au monde après la Chine ; le secteur emploie près de 4 millions de personnes à travers le pays, dont une majorité de femmes issues de milieux ruraux défavorisés. C’est aussi salutaire pour le pays d’Asie du Sud avec une production qui représentait, avant la pandémie, environ 80 % de ses quelque 40 milliards de dollars US d’exportations annuelles.

« C’est une période difficile, nous avons de la chance d’être encore en vie »

Sufola Hembrom, âgée de 32 ans, une catholique de l’ethnie indigène Santal, travaille dans une usine de textile en périphérie de la capitale depuis huit ans. Elle se dit forcée de faire des heures supplémentaires pour s’en sortir. Son salaire mensuel passe ainsi de 9 000 takas (82 euros) à environ 15 000 takas (137 euros). « Mais ce n’est pas suffisant face à l’inflation. Je dois me débrouiller avec cela tout en envoyant de l’argent à mes parents pour l’éducation de mes deux sœurs. Je finis par emprunter de l’argent », avoue-t-elle.

Rashid Ali, un ouvrier de 41 ans, travaille pour le service qualité d’une usine de textile de la zone industrielle de Savar, à une trentaine de kilomètres de Daka. « Ma femme aussi travaille dans le même secteur, et ensemble nous gagnons environ 23 000 takas [211 euros]. Nous arrivons à peu près à nous en sortir, mais je ne sais plus quand nous avons mangé de la viande, du poisson ou des fruits pour la dernière fois », confie ce père de famille musulman.

Il ajoute qu’il paye 10 000 takas par mois pour louer sa maison, et encore 6 000 takas pour l’éducation de ses trois enfants ; ce qui laisse peu de choses pour les achats alimentaires et autres biens essentiels. « C’est une période difficile pour nous. Nous avons de la chance d’être encore en vie. »

Récemment, le ministre du Commerce, Tipu Munshi, a pris la défense des ouvriers du textile en déclarant qu’ils avaient contribué largement à la prospérité du pays et qu’ils devraient donc être rémunérés dignement en pleine crise économique. Le ministre a demandé de créer une commission spéciale afin d’étudier tous les aspects et assurer un soutien financier aux employés du textile. Un membre de la Commission Justice et Paix de la Conférence épiscopale bangladaise a cependant souligné, de façon anonyme, que le gouvernement du Bangladesh est plus favorable aux propriétaires qu’aux ouvriers du textile. « Je pense que s’ils survivent à cela, l’industrie tiendra bon elle aussi. La demande d’une hausse du salaire minimum de leur part est très juste », a-t-il ajouté.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Stephan Uttom / Ucanews