Eglises d'Asie

Économie : un nouveau projet d’infrastructure portuaire accordé à la Chine, au détriment de l’Inde et du Japon

Publié le 27/11/2021




Cette semaine, le gouvernement Rajapaksa a accordé la construction d’un nouveau terminal à conteneurs (Eastern Container Terminal) à une société chinoise dans le port de Colombo – un projet qui devait initialement être confié à des sociétés indiennes et japonaises. Pour Pékin, le Sri Lanka bénéficie d’une position géographie stratégique le long des routes maritimes, ce qui en fait un partenaire majeur des « Nouvelles routes de la soie » (Belt and Road Initiative). De nombreux partenaires des projets d’infrastructures chinois signés dans le cadre des « BRI » se sont retrouvés piégés par la dette.

Le port de Colombo en 2015. Le gouvernement Rajapaksa a cédé la construction d’un nouveau terminal à conteneurs à une société chinoise.

Le gouvernement du président sri-lankais Gotabaya Rajapaksa a choisi une société chinoise pour un projet portuaire à Colombo – qui devait initialement être confié à des entreprises indiennes et japonaises. La société China Harbour Engineering sera donc chargée du projet de construction d’un nouveau terminal à conteneurs (Eastern Container Terminal) dans le port de Colombo. En mai 2019, l’administration sri-lankaise précédente du président Maithripala Sirisena avait pourtant déjà signé un accord avec l’Inde et le Japon pour la construction de la même structure.

En février, Gotabaya Rajapaksa a décidé d’exclure les deux pays du projet, en expliquant que son gouvernement cherchait à le développer par lui-même. Mais mardi dernier, il a finalement accepté une participation chinoise au projet. Le président Rajapaksa a justifié cette décision en évoquant la nécessité d’équilibrer ses relations entre Pékin et Delhi. Par ailleurs, fin septembre 2021, le conglomérat indien Adani Group a signé un contrat de 700 millions de dollars US afin de développer un autre terminal à conteneurs (Western Container Terminal), également au port de Colombo.

Une position géographique stratégique le long des routes maritimes

Le Sri Lanka manque de réserves de change et se retrouve gravement endetté. Face à cette situation, la Chine contribue donc avec un crédit supplémentaire d’un milliard de dollars. Selon les observateurs locaux et étrangers, le président Rajapaksa accepte des concessions à Pékin concernant des projets intérieurs d’infrastructures afin d’obtenir de nouveaux prêts. Il a également décidé de ne pas demander la modification d’un bail de 99 ans, cédé à la Chine en 2017 dans le cadre d’un accord signé dans le but de rembourser les emprunts du pays envers Pékin. Cela a permis à une société chinoise de prendre le contrôle d’un autre terminal situé à Hambantota, dans le sud du Sri Lanka.

Pour Pékin, le Sri Lanka fait partie intégrante de son projet BRI (Belt and Road Initiative), ou ses « Nouvelles routes de la soie », étant donné sa position géographique particulière le long des routes maritimes entre l’Asie de l’Est, le Moyen-Orient et l’Europe. Le président chinois Xi Jinping a lancé son vaste plan global d’infrastructures en 2019 afin d’intensifier le rôle commercial et géopolitique de la Chine.

Toutefois, de nombreux partenaires des projets d’infrastructures chinois signés dans le cadre des « BRI » se sont retrouvés piégés par la dette à cause de ces accords, qui les place dans une position où ils se retrouvent forcés de vendre leurs actifs à la Chine. C’est particulièrement vrai pour des projets d’infrastructures portuaires, en cas de non-paiement de prêts et intérêts. Selon AidData, 40 prêts sur les 50 plus importants accordés par les banques d’État chinoises ont reçu des garanties « collatérales » semblables de la part des gouvernements de leurs clients.

(Avec Asianews)