Eglises d'Asie – Thaïlande
Économie : une semaine franco-thaïlandaise de l’innovation lancée à Paris
Publié le 27/04/2023
Du 24 au 28 avril, l’Agence nationale de l’innovation de Thaïlande (NIA) et l’Ambassade royale de Thaïlande à Paris ont organisé la Semaine franco-thaïlandaise de l’innovation et des startups 2023, conjointement avec le ministère thaïlandais de l’Enseignement supérieur, de la Science, de la Recherche et de l’Innovation. Cette semaine fait partie des événements qui marquent en 2023 l’Année franco-thaïe de l’Innovation, annoncée à Bangkok en 2022 lors du sommet de l’Apec (Coopération économique pour l’Asie-Pacifique).
Pour la NIA, l’objectif de cette année est non seulement « d’apprendre d’un pays phare de l’innovation comme la France » mais aussi d’inviter à « porter un autre regard sur le développement de l’écosystème de l’innovation thaïlandaise ». À terme, selon l’organisation, « la France et la Thaïlande ont pour objectif de devenir des partenaires stratégiques courant 2024 ».
Selon les organisateurs, cette semaine franco-thaïlandaise, qui se déroule à Station F (plus gros incubateur de startups au monde, basé à Paris), permet de « rassembler des personnalités du public et du privé, tels que des investisseurs et des entrepreneurs français et thaïlandais, intéressés par l’expansion dans les domaines de l’aérospatiale, de l’agroalimentaire et de l’industrie créative ».
Plus de 300 ans de relations franco-thaïes
Le mardi 25 au matin, l’événement a été introduit par S.E.M. Tana Weskosith, ambassadeur de Thaïlande en France, qui s’est dit convaincu que « les activités lancées durant cette semaine sont des facteurs clés qui permettront de relier les potentiels commerciaux entre la France et la Thaïlande », afin de « développer davantage la coopération » entre les deux pays. « Des représentants reconnus des secteurs de l’innovation et des startups sont rassemblés ici à Paris pour la première fois, afin de présenter les communautés d’affaires thaïlandaises et leur capacité à collaborer », a-t-il ajouté. « Comme le pouvoir de l’innovation et de la créativité ne connaît pas de frontières, j’espère que la Thaïlande et la France continueront dans cette lancée afin de réaliser des partenariats innovants. »
Le Dr Sirirurg Songsivilai, secrétaire permanent du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Science, de la Recherche et de l’Innovation de Thaïlande, est également intervenu en rappelant que « les relations entre la France et la Thaïlande, qui remontent à plus de trois siècles, ont été marquées particulièrement par des échanges économiques et culturels qui ont favorisé une meilleure compréhension et un plus grand respect mutuels ».
« Ces dernières années, nos partenariats se sont renforcés encore davantage », a-t-il poursuivi. « Afin de poursuivre cette collaboration, les deux pays ont lancé des incubateurs de startups, des pôles d’innovation et des événements communs, afin de créer un environnement collaboratif. Cet échange réciproque de savoirs, d’expertises et d’idées continuera de pousser les deux pays vers davantage d’innovation et de possibilités économiques », a-t-il assuré.
« L’Asie du Sud-Est, véritable poumon économique mondial »
Côté français, deux intervenants ont salué l’initiative, dont Olivier Becht, ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des Français de l’étranger, qui a expliqué que « lorsque nous avons décidé, Thaïlandais et Français, d’organiser une Année de l’innovation conjointe, c’était avec en tête un objectif simple, renforcer nos innovations bilatérales et inscrire notre collaboration dans le très long terme ».
« Nous avons fait le choix de placer au cœur de nos relations un domaine d’avenir qui est celui de l’innovation, en particulier dans quatre secteurs : le spatial, la santé, l’environnement et les industries culturelles et créatives », a-t-il précisé. Il a également reconnu que « les startups françaises et les acteurs de la french tech vont aussi pouvoir apprendre de vous, car nous avons à coup sûr beaucoup à apprendre de la Thaïlande, deuxième économie en Asie du Sud-Est ». « Les acteurs de la french tech ne peuvent se penser mondiaux sans penser à l’Asie du Sud-Est, véritable poumon économique mondial, et la Thaïlande en est une porte d’entrée », a-t-il ajouté.
Une intuition partagée par François Corbin, vice-président du MEDEF International et représentant spécial du ministre des Affaires européennes et étrangères pour les relations économiques avec l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est). « Je suis convaincu personnellement que les Thaïlandais et les Français ont beaucoup à faire ensemble », a-t-il partagé. « Durant de nombreuses années, j’ai été très souvent en contact avec la Thaïlande. Plus j’interagissais avec les Thaïlandais, plus je me rendais en Thaïlande, et plus j’étais convaincu qu’il y avait de très nombreuses opportunités pour développer et créer le futur pour nos deux pays », a-t-il souligné.
« Pour moi, la Thaïlande est un pays très prometteur. Vous êtes au cœur de l’Asie, et selon moi, l’Asie est la zone la plus prometteuse au monde pour les années à venir, en termes de croissance économique. C’est un message que je transmets souvent », a poursuivi François Corbin.
Un des plus gros exportateurs de produits agroalimentaires
Durant l’événement, les organisateurs ont notamment présenté une table ronde sur le thème « la nourriture de demain » (Food for the future), afin d’introduire les acteurs de l’innovation agroalimentaire thaïlandaise. Durant cet échange, M. Jittrapon Jirakulsomchok, de la National Innovation Agency (NIA), a évoqué la création de « Space F », présenté comme le premier incubateur de startups agroalimentaires en Thaïlande.
« En 2019, la NIA a entamé des recherches sur l’écosystème des startups thaïlandaises dans son ensemble, et nous avons constaté qu’à l’époque, même si nous étions connus comme l’un des plus gros exportateurs de produits agroalimentaires au monde, nous avions très peu d’acteurs agroalimentaires dans l’écosystème », a-t-il confié en expliquant l’origine de « Space F ». Selon lui, la NIA est parvenue à soutenir plus de 44 startups locales depuis 2019. Le programme compte aussi deux startups françaises qui se sont lancées en Thaïlande.
« Nous avons amené deux de nos startups agroalimentaires prometteuses »
« Aujourd’hui, nous avons amené deux de nos startups prometteuses dans le secteur agroalimentaire », a également ajouté Jittrapon Jirakulsomchok. Parmi celles-ci, on compte la société Flo, fondée par des biologistes et des spécialistes des végétaux. Cette startup agroalimentaire thaïlandaise vend des produits à base de wolfies ou wolffia, des lentilles d’eau naines présentées comme une « nourriture de demain ». Selon un slogan indiqué sur le site de la compagnie, « le monde a besoin de guérison, nous pouvons contribuer en commençant par nos propres assiettes ».
Dr Wisuwat Songnuan, cofondatrice de la société, a présenté leur activité en expliquant que « le monde est confronté à cette question : comment nourrir tout le monde, avec presque 8 milliards d’habitants sur cette terre, tout en réduisant à zéro les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 ? ».
« C’est une sagesse locale de Thaïlande »
« Avec mon mari, nous avons travaillé sur la nutrition végétale durant plus de vingt ans, et nous pensons aux nourritures de demain presque tous les jours », a-t-elle poursuivie, convaincue d’avoir trouvé la meilleure solution avec la Wolffia globosa, qui serait la plus petite plante à fleurs au monde et celle qui pousse le plus vite. « C’est une sagesse locale de Thaïlande, elle est très versatile et sa composition est proche de celle des protéines animales », a-t-elle expliqué en espérant une collaboration potentielle avec la France.
Une ambition et une activité innovante qui rejoignent les propos de Jittrapon Jirakulsomchok, qui souhaite « favoriser le développement de nouveaux entrepreneurs localement » et « attirer davantage d’entrepreneurs internationaux du secteur alimentaire en Thaïlande ». Enfin, selon les propos de François Corbin, du Medef International, « le monde ne peut se résumer à la Chine et aux États-Unis comme on le voit dans la presse ». « Je pense que c’est l’intérêt commun de l’Asie et de l’Union européenne de travailler ensemble et de développer nos relations. »
(EDA)
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EDA