Eglises d'Asie – Thaïlande
Élections législatives : le parti pro junte remporte le vote populaire
Publié le 28/03/2019
La scène politique thaïlandaise s’apprête à traverser une période de confusion. Le pays reste divisé après les élections législatives générales du 24 mars, les premières depuis celles de 2011, et chacun des deux camps espère toujours former un gouvernement. La population espérait que ces élections marquent le retour du pays à la démocratie, presque cinq ans après le coup d’État de la junte militaire, mais de nombreux candidats et électeurs dénoncent les fraudes et beaucoup de critiques dénoncent la loi électorale écrite par les militaires. La junte est en première ligne dans la course au pouvoir en tant qu’administration civile, ainsi que l’ont montré les premiers résultats publiés par la Commission électorale, qui montrent que le parti de la junte s’est assuré une majorité inattendue. Lundi 25 mars au soir, la Commission électorale a déclaré que selon les premiers résultats, le parti pro-junte du Palang Pracharat avait remporté près de 7,6 millions de votes, sur 95 % de bulletins dépouillés et sur un total de quelque 50 millions d’électeurs. Des résultats qui donnent au général Prayut Chan-o-cha, chef actuel de la junte et candidat du parti au poste de Premier ministre, la légitimité de revendiquer la victoire. D’après ces premiers résultats, son parti a obtenu plus de 400 000 voix de plus que le Pheu Thai, le parti populaire chassé du pouvoir lors du coup d’État de 2014 et proche de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra.
Si le Pheu Thai a perdu le vote populaire, il a pourtant remporté 137 sièges au Parlement alors que le Palang Pracharat n’en a remporté que 97, suivi par le parti Bhumjaithai (39), le parti des Démocrates (33) et le Phak Anakhot Mai (30). Il reste encore 150 sièges de députés au sein de la Chambre basse. Ces résultats suggèrent que le général Prayut Chan-o-cha n’est pas loin du palier de 126 sièges dans la Chambre basse, sur un total de 500 sièges. La veille des élections, le 23 mars, la Commission électorale a reporté inexplicablement l’annonce des résultats préliminaires, suite à des accusations d’erreurs de comptage et de possibles irrégularités. Du côté de la Chambre haute (Sénat), Prayut Chan-o-cha, chef de la junte, peut également compter sur le soutien des 250 sénateurs, tous nommés par l’armée selon la nouvelle Constitution adoptée en 2016. Par ailleurs, inexplicablement, la Commission électorale avait annoncé, la veille des élections, le report de l’annonce des résultats préliminaires, suite à des accusations d’erreurs de comptage et de possibles irrégularités. Alors que 93 % de bulletins avaient été dépouillés, la Commission a également annoncé que presque 1,9 million de bulletins avaient été déclarés nuls. Selon les experts, la Thaïlande s’apprête à traverser plusieurs jours, voire plusieurs semaines, de négociations chaotiques entre les partis. La disqualification de certains candidats et les débats portant sur les accusations d’irrégularités pourraient également peser dans la balance et remodeler la composition de la Chambre basse. Les résultats officiels seront annoncés avant le 9 mai, et seulement après le couronnement du roi Maha Vajiralongkorn (Rama X), qui devrait avoir lieu entre le 4 et le 6 mai. Le gouvernement actuel restera en fonction d’ici là.
(Avec Asianews, Bangkok)
Crédit : Takeaway / CC BY-SA 3.0