Eglises d'Asie – Chine
Élections : Mgr Stephen Chow exprime son inquiétude pour la démocratisation de Hong-Kong
Publié le 22/12/2021
Les élections parlementaires hongkongaises, qui ont eu lieu ce dimanche 19 décembre, ont enregistré un niveau record d’abstention, qui représente un véritable échec pour le régime de Xi Jinping. Il s’agissait des premières élections depuis que Pékin a imposé une réforme électorale, destinée à écarter les représentants prodémocratie du Conseil législatif de Hong-Kong (LegCo) et de favoriser les candidats « patriotiques », c’est-à-dire loyaux envers le Parti communiste chinois. Seuls 30,2 % des électeurs inscrits se sont présentés dans les bureaux de vote, soit la plus faible participation depuis 1995, quand l’ancienne colonie britannique a élu pour la première fois un parlement local.
Lors des dernières élections du LegCo, qui ont eu lieu en 2016, le taux de participation était de 58,3 %. Près de 71 % des électeurs se sont présentés lors des élections locales de novembre 2019 (organisées pour renouveler 452 des 479 sièges dans les 18 conseils de districts), avec une large victoire pour les candidats prodémocratie, dans le contexte du mouvement contestataire qui avait éclaté quelques mois plus tôt.
Un seul candidat modéré élu sur 90
Sur 90 sièges disponibles lors des élections de ce dimanche, 89 ont été remportés par des candidats pro-Pékin, dont le révérend Peter Douglas Koon Ho-ming, secrétaire général provincial de l’Église anglicane locale. Le seul membre élu au LegCo qui ne soit pas formellement aligné sur pouvoir en place est le candidat centriste Tik Chi-yuen. Les élections auraient dû avoir lieu il y a plus d’un an, mais elles ont été repoussées et les mandats des membres du LegCo ont été prolongés.
La majorité des groupes prodémocratie ont renoncé à se présenter. Après avoir passé le contrôle du Bureau de défense de la sécurité nationale, sur les 153 autorisés à se présenter, seuls 11 candidats n’étaient pas directement alignés sur Pékin. Sous la nouvelle loi sur la sécurité nationale à Hong-Kong, seuls 20 membres sur 90 sont élus par le vote populaire ; 40 sièges sont nommés par le Comité électoral pro-Pékin, et 30 membres sont choisis par des circonscriptions fonctionnelles, également favorables au gouvernement.
Selon de nombreux observateurs, la dernière réforme électorale représente une attaque contre l’autonomie hongkongaise, qui était censée être respectée jusqu’en 2047 selon l’accord de rétrocession de Hong-Kong à la Chine par le Royaume uni, signé en 1997. Quand Pékin a imposé sa nouvelle loi draconienne durant l’été 2020, tous les principaux leaders du mouvement prodémocratie ont été emprisonnés, poursuivis ou forcés de s’exiler. Une grande partie de la population a choisi de snober ou boycotter un processus électoral auquel manque un élément essentiel, le pluralisme.
Appel de l’évêque à prier pour la pleine démocratisation
La cheffe de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam, a tenté de minimiser la faible participation en affirmant que ce n’est pas important dans une élection et qu’il s’agit d’un détail négligeable et non – cela devrait l’être – une condition nécessaire. Le gouvernement de Hong-Kong a aussi essayé d’inciter les gens à voter en rendant les transports publics gratuits pour la journée ; de nombreux habitants inscrits sur les listes en ont profité pour visiter la ville gratuitement plutôt que pour aller voter. Les appels de dernière minute envoyés par SMS par les autorités, notamment par Xia Baolong, haut fonctionnaire chargé de la politique à Hong-Kong, n’ont pas non plus été entendus par les électeurs. Les menaces à l’encontre des militants prodémocratie qui ont appelé les électeurs à boycotter les élections ou à déposer un bulletin nul, n’ont pas fonctionné non plus.
Quelques jours avant les élections, Mgr Stephen Chow, le nouvel évêque catholique nommé à Hong-Kong, a publié un communiqué en exprimant son « inquiétude pour la démocratisation de la région administrative spéciale de Hong-Kong ». Dans son message, l’évêque a invité les fidèles à participer au vote « selon ce que leur dictent leur conscience et la doctrine sociale de l’Église ». Il a conclu sa déclaration en demandant à tous de « prier Dieu pour qu’il guide Hong-Kong vers la pleine démocratisation ».
De son côté, le gouvernement chinois a publié un livre blanc sur « la démocratie avec des caractéristiques de Hong-Kong » en soutenant les élections à Hong-Kong, et en saluant les résultats obtenus, considérés par Pékin comme un succès. Pour Xi Jinping, son régime à parti unique représente la véritable démocratie, et non les « formalités » du modèle occidental, même si les quelque 70 % d’abstentionnistes hongkongais sont sans doute d’un autre avis.
(Avec Asianews)