Eglises d'Asie

Environnement : les villes bangladaises compteraient plus de six millions de réfugiés climatiques

Publié le 13/07/2019




Les villes principales du Bangladesh tentent de faire face à l’afflux de millions de personnes venues des régions rurales et côtières, fuyant les catastrophes naturelles liées aux changements climatiques. La Première ministre bangladaise Sheikh Hasina a déclaré, lors d’une conférence internationale organisée à Dacca le 10 juillet, que « tout indique que la Bangladesh compte déjà six millions de réfugiés climatiques, un chiffre qui pourrait être doublé d’ici 2050 en raison du réchauffement climatique, de l’augmentation de l’intensité et de la fréquence des inondations, de la sécheresse, des vagues de chaleur et des cyclones ».

La Première ministre Sheikh Hasina, citée le 10 juillet par Sangbad Sangstha, l’agence de presse nationale, s’est adressée aux délégations locales et internationales lors de la session d’ouverture d’une conférence de deux jours organisée par la Commission mondiale sur l’adaptation. La Première ministre a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour la sensibilisation de la population sur les changements climatiques, et à intensifier les initiatives internationales pour en réduire les conséquences. La majorité du territoire du Bangladesh est située à basse altitude, sur les plaines inondables du plus grand système deltaïque au monde, qui se déverse dans le Golfe du Bengale, ce qui rend le pays particulièrement vulnérable aux catastrophes naturelles comme les cyclones, les ondes de tempête, les inondations et l’érosion des berges fluviales. Selon les spécialistes du climat, le réchauffement climatique et la fonte des glaces pourraient entraîner la montée du niveau de la mer jusqu’à un mètre. Les pays à basse altitude comme le Bangladesh sont exposés à des risques énormes si cela se produit : le pays pourrait perdre toute la région côtière du sud, ce qui forcerait le déplacement de près de 20 millions de personnes.

Plus de six millions de réfugiés climatiques

Selon les experts et les travailleurs humanitaires, le nombre véritable des réfugiés climatiques dans le pays est bien plus élevé. « Nos études indiquent que les migrations entraînées par les changements climatiques sont très importantes, et il y aurait donc bien plus que six millions de réfugiés climatiques aujourd’hui au Bangladesh », affirme Jalal Uddin Sikder, un chercheur de l’unité de recherche de l’université de Dacca sur les réfugiés et les mouvements migratoires. Jalal Sikder assure que le Bangladesh n’a pas reçu d’aides internationales contre les changements climatiques. Mais selon lui, de nombreux projets et initiatives déjà lancés au Bangladesh sont corrompus ou inefficaces. « Il y a des tentatives pour contrer les changements climatiques, mais ces initiatives sont décevantes et loin d’être à la hauteur. Plusieurs organisations ont reçu des financements nationaux et internationaux pour des projets qui n’ont pas fonctionné comme prévu ; ainsi, les pauvres se retrouvent démunis et sont forcés de migrer vers les villes comme réfugiés climatiques », explique Jalal Sikder. Jibon D. Das, directeur régional de la Caritas de Khulna, qui couvre la région côtière du sud du pays, partage ces sentiments. « C’est vrai que le gouvernement dépense des millions de dollars sur des projets climatiques, mais il y a un sérieux manque de contrôle. L’argent est dépensé, mais on ne vérifie pas si l’initiative a été lancée à temps, si elle a été utile et adaptée à la situation. Ceux qui ont vraiment besoin d’aides pour reconstruire leurs vies ne les reçoivent pas », affirme Jibon Das. Caritas Bangladesh a accompagné plusieurs communautés affectées par les changements climatiques, en les aidant à gagner leur vie autrement, notamment via des méthodes agricoles alternatives. « Si on leur propose une solution et qu’on les soutient pour les aider à se relever, les gens peuvent rester dans leur région d’origine. Sinon, ils seront forcés de migrer vers les régions urbaines. »

(Avec Ucanews, Dacca)


CRÉDITS

Stephan Uttom / Ucanews