Eglises d'Asie

Face à la crise, le Bangladesh témoigne d’un élan de générosité envers les plus démunis

Publié le 03/04/2020




Entre l’initiative d’un mouvement d’étudiants de Khulna, dans le sud du Bangladesh, celle de l’archidiocèse de Chittagong, dans le sud-est, parmi d’autres comme celle des journalistes du Barishal Press Club, de nombreuses personnes et organisations font preuve de générosité envers les plus démunis depuis une quinzaine de jours, alors que la population bangladaise est confinée de façon préventive contre la contagion. Plusieurs millions de personnes à travers le pays se retrouvent sans travail ni revenus face à la crise. Au 31 mars, le pays avait enregistré officiellement 49 infections confirmées dont 5 décès et 19 guérisons, sur 1 338 personnes testées.

Des membres du mouvement étudiant BCDM (Bangladesh Catholic Students Movement) distribuent des repas aux plus démunis de Khulna, alors que le pays est en confinement depuis plusieurs jours.

Le 30 mars, une demi-douzaine de jeunes catholiques a rassemblé du riz, des lentilles, du sel, de l’huile, des pommes de terre et du savon dans un salle paroissiale, près de la cathédrale Saint-Joseph du district de Khulna, dans le sud du Bangladesh. L’aide alimentaire a été distribuée à 45 familles démunies frappées par les conséquences économiques de la pandémie, par manque de travail et de revenus, suite au confinement général de la population décidé par le gouvernement. L’initiative vient d’un groupe local de jeunes étudiants catholiques, du BCSM (Bangladesh Catholic Students’ Movement), émus par la détresse des populations les plus touchées par la situation. Le groupe a reçu des dons de chrétiens bangladais et étrangers, ainsi que de la part de musulmans, afin de procurer de la nourriture et d’autres produits essentiels à ces familles, pour quelques jours ou une semaine. « J’appelle nos frères et sœurs à faire quelque chose pour les familles démunies qui ne peuvent pas aller travailler et qui n’ont pas de quoi s’acheter à manger dans ce contexte. Nous pouvons leur trouver de la nourriture pour au moins une semaine », assure Hubert Sony Ratna, ancien animateur du groupe et secrétaire de la commission Justice et Paix du diocèse de Khulna.

Hubert Ratna invite également les chrétiens et les groupes aisés à soutenir leur initiative en offrant 410 takas (4,4 euros) pour permettre de remplir au moins un sac d’aide alimentaire pour une famille en ce temps de crise. L’archidiocèse de Chittagong, dans le sud-est du pays, a lancé un projet similaire pour venir en aide aux personnes dans le besoin. Un groupe diocésain a collecté environ 500 takas (5,4 euros) par personne auprès de 200 catholiques depuis la cathédrale Notre-Dame du Rosaire de Chittagong. « J’ai proposé l’idée à d’autres membres du groupe et j’en ai informé Mgr Moses Costa [archevêque de Chittagong], qui était très enthousiaste. Nous avons donc collecté des dons pour les distribuer aux familles dans le besoin », explique James Gomes, coordinateur du bureau diocésain à l’origine de l’initiative. Plus de 100 familles vont ainsi pouvoir recevoir environ 1 000 takas (10,8 euros). « Nous avons lancé cette opération depuis la cathédrale, et nous prévoyons de l’étendre à toutes les paroisses de l’archidiocèse, tant que c’est nécessaire », poursuit-il.

En confinement, plusieurs millions d’habitants sans revenus

Au 31 mars, selon l’Institut national d’épidémiologie, le Bangladesh, qui compte plus de 160 millions d’habitants, a enregistré 49 infections confirmées au Covid-19, dont 19 guérisons et 5 décès. En tout, 1 338 personnes ont été testées dans le pays. Selon les chiffres publiés le 1er avril par l’université Johns-Hopkins de Baltimore, aux États-Unis, le coronavirus a infecté plus de 858 000 personnes à travers le monde dont 42 151 décès. Selon certaines critiques, le nombre d’infections positives reste peu élevé au Bangladesh uniquement par manque de tests efficaces et d’équipements de protection. Le gouvernement a ordonné la fermeture de tous les établissements scolaires dès le 17 mars, au moins jusqu’au 9 avril, et appliqué un confinement général jusqu’au 4 avril (qui sera sans doute renouvelé d’au moins une semaine). Cette situation expose plusieurs millions d’habitants vivant au jour le jour à la misère par manque de travail et de revenus. Toutefois, ces derniers jours, de nombreuses personnes et organisations ont fait preuve de générosité en soutenant les plus démunis. Le gouvernement a lancé un programme d’aide alimentaire dès le 26 mars, et la fondation bangladaise Ovijatrik a collecté des dons auprès d’environ 10 000 personnes à travers le pays. Cette semaine, des membres de la police ont distribué l’équivalent d’une semaine de nourriture à une centaine d’habitants des bidonvilles, en prenant sur leurs revenus personnels.

Muhammad Kamrul, le chauffeur d’un homme d’affaires de Dacca, Abu Ahmed Siddiqui, a également distribué de l’aide alimentaire à près d’une centaine de travailleurs à la journée au cours des derniers jours. À Sylhet, dans le nord-est du pays, Farmis Akter, une femme au foyer d’un milieu aisé, cuisine tous les jours pour plus de 100 personnes, puis distribue des repas aux plus pauvres à travers la ville. Elle explique avoir été choquée par un homme démuni et en détresse, qu’elle a vu s’évanouir la semaine dernière à cause de la faim, ce qui l’a poussée à se lancer dans ce projet. « Ces gens n’ont ni travail, ni revenus, ni nourriture. S’ils ne meurent pas du coronavirus, c’est bien à cause de la faim qu’ils risquent de succomber. C’est pourquoi je cuisine tous les jours ; je mets les repas dans ma voiture et je vais trouver ceux qui ont faim dans la rue », explique-t-elle. Dans le district de Barishal, dans le sud du Bangladesh, un groupe de journalistes fournit des repas tous les soirs à près de 200 personnes, depuis le 23 mars. Les responsables et membres du Barishal Press Club ont décidé de financer cette initiative pour soutenir ceux qui sont les plus exposés à la crise économique. « Les journalistes se rassemblent tous les soirs et donnent de l’argent. La nourriture achetée est ensuite cuisinée et distribuée. Cela continuera tant que la situation perdure », assure le secrétaire du club, Zakir Hossain.

(Avec Ucanews, Dacca)


CRÉDITS

Ucanews