Eglises d'Asie

Face à la crise sri-lankaise, les citadins risquent d’être plus affectés par les pénuries alimentaires

Publié le 01/06/2022




Récemment, le Premier ministre Ranil Wickremesinghe a reconnu que les régions urbaines risquent d’être les plus affectées par les pénuries alimentaires au Sri Lanka, alors que les stocks de riz, la base de l’alimentation locale, risquent d’être vides après le mois d’octobre 2022. Dans ce contexte, les villages ruraux sont plus à même d’être autosuffisants en faisant pousser des légumes, au contraire des habitants des villes, ce qui peut forcer le pays à importer près de 195 000 tonnes de riz par mois. Des experts appellent également à importer des engrais pour éviter la crise alimentaire.

Dans une rizière à Polonnaruwa, en mars 2009 dans la province du Centre-Nord au Sri Lanka.

Alors que le gouvernement sri-lankais donne la priorité aux importations de riz et tente de changer les modes de consommation des habitants de l’État insulaire, les pénuries alimentaires risquent d’affecter particulièrement les habitants des villes du pays. Contrairement aux villages ruraux, où les habitants peuvent parvenir à être presque autosuffisants, les populations urbaines, surtout celles qui vivent dans des immeubles, ne disposent d’aucun terrain pour faire pousser des légumes.

Récemment, le Premier ministre Ranil Wickremesinghe a reconnu que les zones les plus peuplées seront les plus affectées par la « crise alimentaire imminente », alors les stocks de nourriture risquent d’être vidés après le mois d’octobre de cette année. Pour contrer le problème, le gouvernement prévoit d’assurer de meilleures connexions entre la campagne et les villes, pour éviter les délais de transport des produits agricoles.

Selon des sources au sein du gouvernement local, durant une réunion, le Premier ministre a demandé à Rosy Senanayake, maire de Colombo, d’assurer que « des produits puissent être cultivés dans des potagers domestiques » dans la capitale, afin d’essayer de minimiser l’impact des pénuries alimentaires. Toutefois, la plupart des habitants des villes manquent d’espace et d’engrais pour faire pousser des légumes. De plus, les boutiques qui vendent des graines sont fermées à cause du manque d’engrais disponibles et du coût élevé des transports (à cause de la hausse des prix des carburants).

Les stocks de riz risquent d’être vides d’ici octobre 2022

Le professeur Buddhi Marambe, de l’université de Peradeniya, exprime sa préoccupation face à cette situation, en évoquent les besoins de quantités de riz suffisantes pour tenir jusqu’en mars 2023, le riz étant la base de l’alimentation locale. Selon lui, le gouvernement local doit être prêt à importer de grandes quantités de riz. Pourtant, « si les modes de consommation changent, il y aura moins d’importations de riz et les coûts des importations seront également réduits », estime-t-il. Mais même dans ce cas, les besoins ne seront qu’en partie comblés. Il ajoute qu’à cause du manque de réserves de devises étrangères (nécessaires à l’importation de produits de base), les autorités locales devront donner la priorité aux importations de riz sur d’autres produits, afin de pouvoir nourrir la population.

Par ailleurs, certains analystes économiques pensent qu’à moins de changer les modes de consommation de la population sri-lankaise, le pays devra importer 195 000 tonnes de riz par mois. En fait, pour le professeur Marambe, si les Sri-Lankais consomment différents produits saisonniers comme le jacquier ou le manioc, ils pourraient réduire les importations de riz. Il ajoute que des engrais doivent être achetés pour la saison Maha (la mousson du nord-est, de septembre à mars), alors que les plantations prennent fin pour la saison Yala (la mousson du sud-ouest, de mai à août).

Selon des experts, les stocks de riz risquent d’être épuisés d’ici octobre à cause de l’interdiction du gouvernement sur l’importation de produits chimiques et d’engrais, imposée l’an dernier. Les autorités ont choisi soudainement d’adopter l’agriculture biologique sans considérer les conséquences négatives potentielles de cette interdiction. Pour cette raison, les experts estiment qu’il faut non seulement importer du riz mais aussi des engrais.

(Avec Ucanews)