Eglises d'Asie – Birmanie
Festival Thidingyut : l’Église birmane appelle à prier pour la paix durant la fête des lumières
Publié le 11/10/2022
La Birmanie a célébré le festival Thidingyut (fête des lumières) du 8 au 10 octobre, à l’occasion de la pleine lune d’octobre (qui correspond au septième mois du calendrier birman). À cette occasion, la population du pays, majoritairement bouddhiste, marque la fin du « carême bouddhique » en décorant les maisons, les pagodes et les bâtiments publics de lampes et bougies, d’où le nom de festival des lanternes ou des lumières. Durant trois jours, les gens rendent visite aux pagodes pour prier et apporter des offrandes de fleurs. La fête est également célébrée au Laos et en Thaïlande.
En Birmanie, la communauté catholique a participé au festival en priant particulièrement pour la paix et pour ceux qui ont perdu la vie durant les conflits internes qui se poursuivent. Le groupe « Catholiques indépendants pour la justice en Birmanie », composé de membres du clergé, de religieux et de laïcs birmans vivant dans le pays ou à l’étranger, a notamment organisé des prières pour la paix et pour les victimes du mouvement prodémocratie.
« En ce temps de fête, nous prions pour que les civils du pays aient une vie paisible, qu’ils soient en sécurité et qu’ils ne soient pas victimes d’actes injustes et cruels tels que les arrestations arbitraires, les tortures, les emprisonnements, les destructions de maisons et de propriétés et les assassinats commis par la junte », a expliqué le groupe dans un communiqué.
« Je crains que d’autres combats éclatent »
De son côté, le 9 octobre durant la messe dominicale, le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a dénoncé un « nouvel âge de ténèbres à travers le monde », où les gens font face à des guerres multiples – la dictature contre la démocratie, la vérité contre le mensonge, la lumière contre les ténèbres et ceux qui luttent pour la liberté contre les dictateurs.
« Dans notre pays, des milliers de gens souffrent à cause de la crise politique, économique et humanitaire ; des églises et des monastères ont été bombardés, des villages ont été incendiés et des gens continuent d’être tués », a-t-il poursuivi durant son homélie. Cependant, le cardinal birman a appelé les catholiques du pays à devenir des êtres pascals qui ne perdent pas espoir, car pour lui, la marche au calvaire que traverse la Birmanie actuellement prendra fin.
« Je prie Dieu pour que la paix revienne immédiatement dans mon pays, car je crains que d’autres combats éclatent et que plus de gens souffrent », a aussi confié un catholique anonyme après la messe.
« Que l’an prochain, la fête de Thadingyut célèbre le retour de la paix »
Ces prières pour la paix sont proposées par l’Église locale alors que le pays continue d’être frappé par des conflits entre la junte militaire et les groupes de résistance armée, qui ont entraîné la fuite de plusieurs centaines de milliers d’habitants, qui ont trouvé refuge dans la jungle ou dans des lieux de culte comme des églises ou des monastères. Les violences ont détruit des villages et tué plusieurs centaines de civils à ce jour. Des églises, des infrastructures et des villages chrétiens ont été attaqués et endommagés. Un monastère bouddhiste a également été bombardé dans un village de l’État Karen, près de la frontière thaïlandaise, tandis que plusieurs civils de la région Sagaing ont été tués le weekend dernier par des frappes aériennes – le nombre exact de victimes n’a pas été dévoilé.
Le Dr Sasa, un chrétien de l’ethnie Chin, porte-parole du Gouvernement d’unité nationale (NUG) en exil, approuve les initiatives des chrétiens birmans en soulignant que le festival de Thadingyut est un jour idéal pour « parler de la lumière de l’amour à notre peuple ». « Que l’an prochain, la fête de Thadingyut célèbre le retour de la paix, de la liberté et de la prospérité », a-t-il ajouté. Plus de 2 300 habitants, dont de nombreux enfants, ont été tués depuis le coup d’État du 1er février, et plus de 15 700 personnes ont été détenues par la junte depuis cette date selon des ONG locales.
(Avec Ucanews)