Eglises d'Asie – Cambodge
Frère Tung, un père pour les enfants abandonnés de l’orphelinat de Kandal
Publié le 27/08/2019

Un modèle de coexistence
Frère Tung confie que le centre cherche à développer un modèle de coexistence entre Cambodgiens et vietnamiens dans un pays où les relations mutuelles interethniques restent tendues. Le religieux explique que le centre est situé dans une région où la population est majoritairement cambodgienne, et qu’il est soutenu par les habitants avec qui frère Tung maintient de bonnes relations. Les communautés d’origine vietnamienne n’ont pas la nationalité cambodgienne. Leurs membres sont considérés comme des migrants illégaux et sans papiers, bien qu’ils vivent dans le pays souvent depuis plusieurs générations. Ils doivent également faire face à de nombreuses barrières pour pouvoir accéder à l’éducation, aux services médicaux, à l’emploi et à la propriété. Ainsi, ils doivent louer des terres aux Cambodgiens pour pouvoir construire leurs maisons, et leurs enfants ne sont souvent pas admis dans les écoles publiques faute de certificats de naissance. L’ethnie vietnamienne forme la plus grande minorité au Cambodge, avec près de 180 000 personnes, selon les chiffres du gouvernement. Le dernier enfant à avoir rejoint le centre est un nouveau-né de deux mois, qui a été amené par un membre du gouvernement récemment. La mère de l’enfant, une Cambodgienne âgée de 18 ans, a été abandonnée par son compagnon et n’avait pas les moyens de s’en occuper.
Il y a également le cas de Vincent Nguyen Van Nho, qui a été amené en 2009 avec son petit frère et sa petite sœur. Leur père s’était noyé dans un lac, et leur mère est morte de la tuberculose. Vincent Nho, aujourd’hui âgé de 21 ans, a quitté l’orphelinat en 2014, mais il est revenu le mois dernier après une mauvaise expérience. Il a été arrêté alors qu’il pêchait dans une zone interdite à la pêche du lac de Tonle Sap, avec d’autres pêcheurs. Certains de ses collègues ont été abattus par la police et lui-même a été détenu et battu. « J’ai la chance d’en être sorti vivant, grâce à Dieu », raconte-t-il. « Maintenant, j’essaie de commencer une nouvelle vie ici, parce que je n’ai nulle part ailleurs où aller et que personne ne me traite aussi bien que les gens d’ici. Je veux me former à d’autres compétences. Je suis reconnaissant envers Ba [frère Tung]. » Frère Tung, qui est également curé d’une paroisse de près de trois cents catholiques vietnamiens, explique qu’il essaie de s’occuper des enfants jusqu’à l’âge adulte, et de les aider à trouver un emploi et se marier. « J’espère que les enfants que j’ai à charge pourront s’intégrer dans la société et qu’ils parviendront à vivre en harmonie avec les autres. »
(Avec Ucanews, Phnom Penh)
CRÉDITS
Ucanews
