Eglises d'Asie

« Génération sandwich » : 170 millions de familles marquées par la politique de l’enfant unique

Publié le 14/10/2022




Selon un rapport de l’Institut de recherche démographique YuWa, on compte près de 170 millions de familles chinoises faisant partie de la « génération sandwich » – des parents nés entre 1976 et 1985 et partagés entre l’éducation de leur enfant et le soutien de leurs parents âgés. Selon l’étude, élever un enfant en Chine serait plus coûteux que dans les pays développés, en particulier dans les grandes villes. Pékin a abandonné la politique de l’enfant unique en 2015 face à la crise démographique qui menace le pays.

Des affiches de propagande en Chine, celle de gauche portant la légende « J’ai mon ‘certificat de l’enfant unique’ ! » (我领到了独生证).

En Chine, la « génération sandwich », c’est-à-dire ceux qui sont nés entre 1976 et 1985 sous la politique de l’enfant unique et qui sont pris entre l’éducation de leur enfant et le soutien à leurs parents vieillissants, compte près de 170 millions de familles selon des études universitaires. L’engagement financier et psychologique que cela implique en fait l’une des générations les plus oppressées de l’histoire de la Chine communiste. D’ici 2025, la population du pays risque de commencer à décliner, ce qui a poussé le gouvernement à abandonner la politique de l’enfant unique, en autorisant d’abord deux puis trois enfants par famille.

Les problèmes de ressources, de temps et d’énergie sont les principales préoccupations de cette génération, en particulier quand un couple a un second enfant. Selon le rapport Caixin, publié par l’Institut de recherche démographique YuWa, en 2019, on estimait que le fait d’élever un enfant en Chine jusqu’à l’âge de 18 ans coûtait près de 485 000 yuans (69 370 euros) par famille, soit sept fois le PIB par habitant en Chine. Un coût bien plus élevé que dans les pays développés, et encore davantage dans les grandes villes comme Pékin et Shanghai.

Les Chinois âgés plus isolés dans les régions rurales

Selon les analystes, si les Chinois de la « génération sandwich » savent comment élever leur enfant, ils ont plus de mal à gérer les difficultés liées au soutien de leurs parents âgés. Une population plus âgée et moins autonome pose un problème social pour le pays, et pas seulement à cause du poids du financement des retraites. En Chine, 80 % des enfants jusqu’à l’âge de trois ans (qui étaient près de 42 millions en 2021) étaient élevés en partie par leurs grands-parents. Seuls 5,5 % étaient inscrits en crèche et en école maternelle.

La situation est plus problématique dans les régions rurales, où vivent près de la moitié des Chinois âgés de plus de 65 ans. Souvent, les personnes âgées y sont isolées et sans accès adapté aux établissements médicaux, faute de moyens ou de proches pouvant les accompagner. Par comparaison, une enquête publiée en 2019 par l’université de Wuhan explique que dans les villes, 60 % des personnes âgées infirmes sont soutenues par leurs enfants, même si la moitié d’entre elles n’est prise en charge que 36 heures par semaine.

Les angoisses pesant sur cette génération poussent les jeunes générations à repenser leurs choix de vie. Ainsi, plusieurs centaines de milliers de femmes chinoises en âge de procréer ne veulent plus se marier ni avoir des enfants, même quand elles en auraient les moyens financiers, « traumatisées » par les expériences familiales vécues par leurs proches et leurs amis. Pour les démographes chinois, il s’agit d’une problématique urgente qui menace la sécurité nationale.

(Avec Ucanews)