Eglises d'Asie

Gopalganj : les chrétiens ruraux restent fidèles à leur foi malgré la crise

Publié le 05/11/2021




Les habitants du district de Gopalganj, dans le sud-ouest du Bangladesh, ont été nombreux à perdre leur travail durant la crise sanitaire, selon le père Gemain Sanchay Gomes, curé de la paroisse de Baniarchar (district de Gopalganj), qui affirme pourtant que beaucoup de gens sont restés fervents dans leur foi malgré les difficultés, au moins dans la région. « Les gens sont reconnaissants d’avoir été épargnés par la pandémie », explique le prêtre, alors que le Bangladesh a enregistré 1,57 million de cas de Covid-19, dont 27 900 décès.

Une femme allume un cierge devant un petit sanctuaire marial, dans la paroisse de Baniarchar (district de Gopalganj).

La famille Boiddya, du village de Kaligram, ne peut être visitée qu’en parcourant 3 km de route boueuse, avec des rizières d’un côté, et un fossé de l’autre. Nityananda Boiddya, père de quatre enfants, 71 ans, vend toujours du poisson au marché. Il confie que la pandémie a amené plusieurs épreuves difficiles pour les siens. La survie économique a été dure, mais il assure que cela n’a pas eu de conséquences sur sa foi et qu’il continue de prier souvent. « Par manque d’argent, j’ai souvent dû manger du riz sans curry, mais j’ai été souvent aux prières quotidiennes et à la messe du dimanche. J’ai trois enfants, sur mes deux fils et mes deux filles, qui travaillent au village, où je vis toujours avec ma femme », raconte-t-il, avec émotion en expliquant être forcé de travailler au marché malgré son âge.

Les jours où sa santé est bonne, il parcourt environ 5 km à pied depuis chez lui, le matin, pour acheter du poisson au marché de gros, ce qui lui permet de gagner près de 300 takas (3 euros) par jour. Il récolte aussi du riz, environ 400 kg par an, sur son terrain. Durant la pandémie, il n’a pas pu vendre ses produits à cause de la fermeture des marchés. Il s’est donc reposé sur l’aide de ses fils et de ses filles, et celles apportées par Caritas Bangladesh. L’organisation catholique a fourni, avec le gouvernement, des aides alimentaires à hauteur de 2 500 takas (25 euros) aux familles dans le besoin.

« Les choses vont un peu mieux maintenant, mais j’ai souffert durant la pandémie »

Nityananda Boiddya, vêtu d’une chemise bleue et du lungi traditionnel bengali, est assis dans son logement d’une pièce, sans fenêtres. Sa chemise, explique-t-il, est un cadeau qui lui a été offert il y a trois ans, le meilleur qu’on lui ait fait selon lui. « Les choses vont un peu mieux maintenant, mais j’ai beaucoup souffert durant la pandémie. Face à tant d’épreuves, nous n’avons pas oublié Dieu, ni sa bonté et son salut. Comme enfant de Dieu, je ne peux pas oublier mon Père », confie-t-il.

Le village de Kaligram est situé à près de 50 km de Gopalganj. L’église de Baniarchar, dans le district de Gopalganj, compte près de 3 000 catholiques, qui coexistent avec leurs voisins hindous et musulmans. La plupart sont des fermiers et des ouvriers agricoles, qui vont aussi pêcher pour arrondir leurs revenus. Le village de Kaligram est traversé par une rivière, et compte aussi un réservoir. Mais alors que le poisson se raréfie, les habitants choisissent plutôt des travaux à la journée ou ouvrent des petits commerces.

Comme Nityananda Boiddya, Premananda Halder vit dans une petite maison en tôle avec son épouse et leur fils de 9 ans. Il est directeur adjoint de l’école primaire Saint-Michel, où il gagne seulement 5 000 takas (50 euros) par mois. « Nous avons des faibles salaires, c’est pourquoi tant d’enseignants dépendent des cours particuliers. Les revenus supplémentaires que j’ai gagnés de cette manière ont cessé durant la pandémie, et la situation a été difficile à cause de cela », raconte-t-il. Leur unique espoir était dans le soutien spirituel trouvé à l’église, qui a été fermée à cause des mesures sanitaires. Toutefois, les prêtres ont continué de célébrer la messe à l’aide de haut-parleurs. « Nous écoutions la messe en priant chez nous », explique-t-il, en assurant avoir senti une ferveur renouvelée chez les villageois chrétiens.

Le père Gemain Sanchay Gomes, curé de la paroisse, ajoute que beaucoup de gens ont perdu leur travail, mais qu’ils ont franchi, au moins dans la région, une nouvelle étape dans leur foi. « Les gens sont reconnaissants d’avoir été épargnés de la pandémie qui a frappé leur pays », explique-t-il. Le Bangladesh a enregistré un total d’1,57 millions de cas de Covid-19, dont 27 900 décès, selon les autorités sanitaires.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Stephan Uttom / Ucanews