Eglises d'Asie

Hebei : dix prêtres de la communauté catholique souterraine de Baoding détenus par la police

Publié le 05/05/2022




Entre janvier et avril 2022, au moins dix prêtres de la communauté catholique souterraine (non officielle) de Baoding (au sud de Pékin, dans la province de Hebei), ont été arrêtés par la police, dont quatre d’entre eux les 29 et 30 avril, il y a quelques jours. La communauté locale et leurs proches, qui n’ont pu obtenir de nouvelles des disparus, demandent de prier pour eux. Ces derniers ont été victimes du « guanzhi », c’est-à-dire une restriction de mouvements et d’activités et une participation à des sessions politiques, afin de les forcer à rejoindre l’Église officielle.

Une procession mariale au sanctuaire de Notre-Dame de Sheshan, près de Shanghai.

Au moins dix prêtres, appartenant tous à la communauté catholique souterraine (non-officielle) de Baoding (au sud de Pékin dans la province de Hebei, dans l’est de la Chine), ont disparu aux mains de la police sur une période s’étendant de janvier 2022 à aujourd’hui. Quatre d’entre eux ont disparu les 29 et 30 avril, il y a seulement quelques jours. Les prêtres et les fidèles de la communauté de Baoding demandent de prier pour eux et espèrent avoir des nouvelles des disparus.

Beaucoup de proches des prêtres ont demandé à la police de leur village de leur donner des nouvelles ou une façon d’ouvrir un moyen de communication avec eux, en vain. Plusieurs autres prêtres, qui sont encore libres, craignent d’être arrêtés bientôt à leur tour. L’arrestation subie par ces prêtres est appelée « guanzhi » : il ne s’agit pas de détention physique mais une restriction de mouvements et d’activités, et une participation forcée à des sessions politiques dans le but de les forcer à rejoindre l’Église officielle.

Mais rejoindre l’Église officielle suppose de rejoindre et de se soumettre au Parti communiste chinois. La loi chinoise permet cette pratique du « guanzhi » sur des périodes pouvant aller jusqu’à trois ans, sans aucun dépôt de plainte. Toutefois, les fidèles craignent malgré tout que quelque chose n’arrive aux prêtres. Dans le passé, des prêtres et des évêques enlevés ont déjà été retrouvés mourants ou décédés.

Les noms des prêtres arrêtés à ce jour sont : P. Chen Hechao, enlevé en janvier dernier par des représentants du gouvernement ; P. Ji Fu Hou ; P. Maligang ; P. Yang Guanglin ; P. Shang Mancang, enlevé en avril ; P. Yang Jianwei et P. Zhang Chunguang, tous deux disparus le 29 avril, vers 16 heures au village de Xushui (Baoding) ; P. Zhang Zhenquan, également disparu le 29 avril, vers 15 heures au village de Xushui ; P. Yin Shuangxi , disparu le même jour à Xushui ; et fin P. Zhang Shouxin, disparu le 30 avril à Baoding.

Mgr James Su Zhimin en détention depuis au moins 25 ans

La communauté souterraine de Baoding est l’une des plus anciennes de l’Église en Chine, avec de nombreux fidèles. Leur ancien évêque, Mgr James Su Zhimin, est entre les mains de la police depuis au moins 25 ans, après plus de 40 ans de dur labeur sous Mao Zedong. Les fidèles de Baoding demandent donc aussi de prier pour Mgr Su Zhimin et pour un autre prêtre, Liu Honggeng, en prison depuis sept ans. La communauté locale s’est divisée quand le vicaire de Mgr Su, Francis An Shuxin, a décidé de rejoindre l’Église officielle (certains affirment qu’il l’aurait fait à la suggestion du Vatican) : il avait déjà passé une longue période en prison. Depuis, la communauté et les prêtres ont été divisés sur le sujet.

L’accord entre Pékin et le Saint-Siège a été vécu comme un nouveau coup dur pour la communauté souterraine. En tant que tel, l’accord ne concerne que les ordinations des nouveaux évêques, mais il est utilisé par le gouvernement chinois et le Front uni comme une « preuve » que le Vatican adhérerait à la ligne de contrôle total du Parti sur l’Église locale. Depuis la signature de l’accord, le Front uni a forcé tous les prêtres à déclarer leur adhésion au Parti et leur appartenance à l’Église officielle. Ceux qui refusent sont écartés de leur paroisse et de leur communauté et risquent ces détentions sans fondement, le « guanzhi ».

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Ucanews