Eglises d'Asie

Hommage des catholiques pakistanais après le décès du père Francis Nadeem, défenseur du dialogue interreligieux

Publié le 07/07/2020




Le 4 juillet dans la cathédrale du Sacré-Cœur de Lahore, les funérailles du père Francis Nadeem OFM Cap., Provincial des Capucins au Pakistan, décédé le 3 juillet à Lahore d’une crise cardiaque, ont été célébrées en présence de plus de 2 000 personnes. Une dizaine de clercs musulmans, qui ont déposé des pétales de rose sur sa tombe, étaient également présents pour les funérailles de ce religieux capucin, engagé depuis près de vingt ans au service du dialogue interreligieux et de l’œcuménisme au Pakistan. Le père Nadeem était notamment secrétaire général de la Commission nationale pour le dialogue interreligieux et l’œcuménisme (NCIDE) de la Conférence épiscopale pakistanaise. « L’Église a perdu un champion de la promotion de la paix », a salué Mgr Sebastian Shaw, archevêque de Lahore.

Le père Francis Nadeem OFM Cap. distribue des masques de protection à Lahore, en avril. Il est décédé le 3 juillet à 65 ans.

Les catholiques pakistanais rendent hommage au père Francis Nadeem OFM Cap., Provincial des Capucins au Pakistan, décédé le 3 juillet à 65 ans. Ce religieux capucin était secrétaire général de la Commission nationale pour le dialogue interreligieux et l’œcuménisme (NCIDE) de la Conférence épiscopale pakistanaise. Il est décédé d’une crise cardiaque dans un hôpital de Lahore. Il avait reçu une décoration présidentielle en récompense pour près de vingt ans de travail en faveur du dialogue interreligieux. Ses funérailles ont été célébrées le 4 juillet dans la cathédrale du Sacré-Cœur de Lahore en présence de plus de 2 000 personnes – une première depuis le début de la crise sanitaire. Trois évêques et une centaine de prêtres concélébraient la célébration. Plusieurs clercs musulmans ont également semé des pétales de rose sur son cercueil. « Ensemble, nous avons planté des oliviers, des arbres hautement symboliques aussi bien dans l’islam que dans le christianisme, dans plus de cent madrasas [écoles coraniques], mosquées et commissariats. Il a invité tout le monde à la même table, et il se démenait contre les incompréhensions mutuelles. L’Église a perdu un champion de la promotion de la paix », a salué Mgr Sebastian Shaw, archevêque de Lahore, qui célébrait aux côtés de Mgr Indrias Rehmat, évêque de Faisalabad. Durant la célébration, Mgr Rehmat a évoqué la façon dont le prêtre utilisait la poésie pour appeler à l’unité « dans notre pays où les minorités religieuses sont parfois traitées comme des étrangers ».

Le père Nadeem a publié quatre volumes d’hymnes. Il a été rédacteur en chef du bimensuel Catholic Naqib, le plus ancien magazine catholique en langue ourdou. Il a été élu à deux reprises comme Gardien de la Custodie Mariam Sadeeqa des Frères capucins au Pakistan. En 2017, il avait été choisi par ses confrères pour un deuxième mandat de Gardien qui aurait dû s’achever en août prochain. Il a également reçu à deux reprises le prix Tamgha-e-Imtiaz, la quatrième décoration la plus prestigieuse du pays, qui peut être remise à tout civil. Selon le mufti Syed Ashiq Hussain, directeur de la madrasa (école coranique) de Bait-ul-Quran, le père Nadeem est le seul responsable religieux à avoir reçu le prix Tamgha-e-Imtiaz à deux reprises. « Lahore est devenu orphelin pour la défense du dialogue interreligieux. C’était un homme de la rue, et il formait un pont entre les deux communautés », salue Syed Hussain, qui faisait partie des dix clercs musulmans présents à son enterrement. De son côté, Muhammad Asim Makhdoom, président du conseil de Kul Masalik Ulema, lui a également rendu hommage. « Ensemble, nous avons résolu de nombreux conflits entre musulmans et chrétiens, à la demande du gouvernement. Il est urgent de poursuivre ces efforts. Les élèves de notre madras l’adoraient », souligne-t-il. Muhammad Asim Makhdoom a également raconté un événement survenu dans l’enfance du prêtre, qui a l’a incité plus tard à travailler pour l’harmonie interreligieuse. « Alors qu’il était en visite dans une famille musulmane, ils ont cassé son assiette après un repas. Nous continuons de nous battre contre ce genre de discriminations. »

(Avec Ucanews, Lahore)


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