Eglises d'Asie

Hong-Kong : Caritas accompagne les joueurs compulsifs

Publié le 15/11/2018




Une agence lancée en 2003 par Caritas Hong-Kong a accompagné, depuis 2003, plus de 10 000 joueurs compulsifs vivant dans la Région administrative spéciale chinoise. Le centre a organisé une conférence de presse, le 8 novembre, afin d’annoncer les résultats d’une enquête réalisée auprès de 1 074 foyers concernés par le problème. Entre le stress émotionnel, la honte et la peur de voir leur famille se briser, les personnes dépendantes et leurs conjoints se confient. Parmi eux, un couple qui a pu s’en sortir grâce au centre lancé par Caritas témoigne afin de sensibiliser les gens à partir de leur expérience.

La dépendance aux jeux d’argent détruit non seulement la vie des personnes concernées mais aussi celle de leur famille. De plus en plus de couples se tournent vers les services de l’Église et vers d’autres agences de soutien, selon une étude récente réalisée par le Centre de suivi des joueurs pathologiques (Addicted Gamblers Counselling Center) de Caritas Hong-Kong. Le centre a publié les résultats de l’enquête le 8 novembre. Il constate que depuis le lancement de l’agence en 2003, de plus en plus de conjoints viennent chercher de l’aide. Beaucoup d’épouses se plaignent de dépression, de problèmes financiers, ainsi que des ruptures familiales potentielles ou réelles. Lors d’une conférence de presse organisée par l’agence le 8 novembre, un couple a témoigné de son expérience, ayant vécu les effets dévastateurs de l’addiction au jeu d’un conjoint, en affirmant que leur foi catholique les a aidés à rester unis.

M. Yin explique qu’il y a environ dix ans, il a commencé à miser des sommes à hauteur de 50 000 dollars hongkongais (6 400 dollars), jusqu’à se retrouver avec une dette de 77 000 dollars US. Il a même dû demander une retraite anticipée pour pouvoir utiliser sa pension afin de satisfaire ses créanciers. Mais même en utilisant les deux tiers de sa pension pour rembourser ses dettes, il a avoué qu’il avait continué à jouer. Son épouse souligne à quel point cela a été éprouvant pour toute leur famille. « Je me sentais dépassée et je me disputais souvent avec lui », confie-t-elle. « J’ai dû commencer à travailler, alors que ses dettes continuaient de s’accumuler. J’ai emprunté de l’argent à des amis et des proches pour pouvoir tenir. » En 2014, elle a alors demandé à son mari de rendre visite au centre de Caritas afin d’être accompagné. En un an, avec l’aide de travailleurs sociaux et le soutien de leur paroisse, M. Yin a pu se libérer de son addiction. « Grâce à ma foi, je me sens plus en sécurité, en plus à même de pardonner les faiblesses de mon mari, avec davantage de patience et d’amour », confie sa femme. « Aujourd’hui, je prie pour lui tous les jours, et j’espère que Dieu continuera de nous guider. » « Ma foi m’a rendu plus humble et plus respectueux des autres », souligne M. Yin, ajoutant qu’il témoigne de son histoire pour prévenir les autres des dangers de l’addiction au jeu.

Plus de 10 000 joueurs accompagnés en 15 ans

Près de 86 % des répondants à l’enquête, réalisée auprès de 1 074 foyers hongkongais, sont des femmes. Sept sur dix d’entre elles sont salariées, les autres étant au foyer. Les résultats de l’enquête montrent que 93 % des répondants confient que l’addiction de leur conjoint les a profondément affectés émotionnellement, 88 % vivent constamment dans la peur à cause de l’ampleur de leur dette ; 30 % d’entre eux ont également eu des pensées suicidaires. De plus, 79 5 % ont eu peur que cette situation brise leur famille, 89,5 % confiant se disputer régulièrement avec leur conjoint. Près de 66 % des répondants confient avoir essayé de cacher l’addiction de leur conjoint à leurs proches ; 44 % se sentaient obligés de se cacher de leurs proches et de leurs amis, par honte ou parce qu’ils leur devaient de l’argent. Environ 31 % avouent qu’ils ont eu l’habitude de passer leur frustration sur leurs enfants. De plus, 91 % confient que le niveau de vie de leur famille a décliné suite à l’addiction au jeu de leur conjoint ; 68 % confient que leur situation a affecté leur travail, et 56 % ont dû emprunter de l’argent à leurs proches. Près de 46 % ont été forcés de vendre une partie de leurs biens ; 30 % confient être harcelés par leurs créanciers.

Alfred Chan Chi-wah, un assistant social travaillant au centre de Caritas, a encouragé les conjoints de joueurs compulsifs à continuer de chercher du soutien auprès des agences. Il ajoute qu’ils peuvent découvrir de nouvelles façons de gérer l’addiction de leur conjoint, ce que le centre propose gratuitement. Celui-ci a été financé par le fonds Ping Wo du Bureau des affaires intérieures de Hong-Kong, et il fournit un accompagnement aux joueurs pathologiques depuis le 15 octobre 2003. Ces quinze dernières années, le centre a accompagné plus de 10 000 joueurs pathologiques ainsi que leurs conjoints, au sein de la Région administrative spéciale chinoise.

(Avec Ucanews, Hong-Kong)


CRÉDITS

Photo Ucanews