Eglises d'Asie – Chine
Hong-Kong : deux universités suppriment des œuvres commémoratives de Tiananmen
Publié le 29/12/2021
Deux universités de Hong Kong ont retiré le vendredi 24 décembre des sculptures commémorant la répression exercée par Pékin en 1989 contre les manifestants de la place Tiananmen, alors que les autorités s’efforcent de faire disparaître de ce territoire du sud de la Chine toute trace de l’événement meurtrier.
Ces retraits interviennent un jour après le déboulonnage d’une statue commémorant le même événement par la plus ancienne université de Hong Kong, suscitant un tollé chez les militants et les artistes dissidents, dans la ville et à l’étranger.
Hong Kong a longtemps été le seul endroit en Chine où le souvenir des événements de la place Tiananmen était toléré, des milliers de personnes se rassemblant chaque année pour pleurer les manifestants pro-démocratie tués par les troupes chinoises.
De nombreux campus universitaires de l’île avaient choisi d’ériger des statues à la mémoire des manifestants, illustration des libertés dont jouissait le territoire semi-autonome.
Mais le vendredi 24 au petit matin, l’Université chinoise de Hong Kong (CUHK) a retiré la Déesse de la Démocratie de son campus. La sculpture de Chen Weiming – une réplique de six mètres de la statue géante érigée par les étudiants sur la place Tiananmen – était un symbole puissant du mouvement démocratique hong-kongais.
À peu près au même moment, l’université Lingnan de Hong Kong a retiré une oeuvre marquant la répression de Tiananmen, du même sculpteur.
Les retraits ont eu lieu la veille du jour de Noël, alors que le campus était quasiment vide, la plupart des étudiants étant partis en vacances dans leurs familles.
L’artiste Chen Weiming, basé aux États-Unis, a exprimé son « regret et sa colère » face à la suppression de ses œuvres, ajoutant que les universités avaient agi « de manière illégale et déraisonnable ».
« Ils ont agi comme des voleurs pendant la nuit », a-t-il déclaré « C’est le contraire d’une action propre et assumée. Ils avaient peur d’être exposés et de subir une réaction négative de la part des étudiants et des anciens élèves. »
Il ajoute que les œuvres étaient prêtées aux écoles à titre gracieux et qu’il engagerait une action en justice si les sculptures étaient endommagées. Les sculptures pourraient être envoyées en Californie et exposées au Liberty Sculpture Park, qu’il dirige.
La CUHK a déclaré avoir retiré la « statue non autorisée » après une évaluation interne, ajoutant que les responsables hiérarchiques de son installation sur le campus en 2010 n’étaient plus en fonction.
L’université Lingnan a quant à elle déclaré avoir retiré sa statue après avoir « examiné et évalué les éléments susceptibles de présenter des risques juridiques et de sécurité pour la communauté universitaire ».
Les commémorations des morts de Tiananmen sont devenues de facto interdites sur tout le territoire chinois : la veillée annuelle aux chandelles organisée pour marquer la répression du 4 juin a été interdite ces deux dernières années à Hong-Kong, les autorités invoquant des craintes en matière de sécurité et de pandémie.
En septembre, la police a fait une descente dans un musée commémorant les événements de Tiananmen et a saisi des objets exposés, en vertu d’une loi sur la sécurité nationale que Pékin a imposée à Hong Kong l’année dernière pour réprimer la dissidence après des manifestations massives et souvent violentes.
Le musée en question avait déjà été fermé dans le passé, les autorités ayant déclaré qu’il ne disposait pas de la licence nécessaire.
(Avec Ucanews)