Eglises d'Asie – Chine
Hong-Kong : la communauté catholique entre crainte et confiance face à l’épidémie du coronavirus
Publié le 18/02/2020
Depuis le développement de l’épidémie du coronavirus Covid-19, Hong-Kong n’est plus aussi dynamique et vivante que d’ordinaire. Une ambiance anxiogène et paranoïaque s’est répandue dans la ville, et croyants comme non-croyants se laissent entraîner par la panique. Les rues et les magasins sont désertés, et tous ceux qui osent sortir portent un masque. Les écoles et les universités sont fermées jusqu’à mi-mars, et de nombreux employés travaillent à domicile à la demande de leurs employeurs. Malgré la vigilance des autorités hongkongaises quant au risque de contamination, on compte déjà 56 personnes infectées dans la Région administrative spéciale, dont une qui est déjà décédée. Le diocèse de Hong-Kong n’est pas en reste concernant la protection des fidèles contre le coronavirus. En premier lieu, l’Église locale a appliqué une série de mesures préventives, notamment en appelant à porter un masque, à se laver les mains avec du gel désinfectant, à communier uniquement avec les mains, voire même à ne pas chanter pour éviter toute expulsion de salive.
Une mise en quarantaine de deux semaines a également été imposée pour tous les fidèles revenant de l’étranger, y compris les prêtres. Cependant, ces mesures paraissent encore insuffisantes au diocèse afin de limiter au mieux le risque de propagation du virus. Le 13 février, la suspension de toutes les messes en paroisse a donc été annoncée pour deux semaines par le cardinal John Tong Hon, administrateur apostolique de Hong-Kong. De son côté, le père Nicolas de Francqueville, prêtre des Missions étrangères de Paris et missionnaire à Hong-Kong, se dit un peu déçu. « Je ne comprends pas bien l’utilité de cette mesure », avoue-t-il. « Il y a des personnes qui disent que le gouvernement a mis une grosse pression au diocèse de Hong-Kong afin de faire suspendre toutes les activités religieuses », poursuit le prêtre. En même temps, il explique que le diocèse préfère ne prendre aucun risque. « Les décideurs au niveau du diocèse sont assistés par des médecins, et leurs conseils vont dans le sens des précautions prises. »
« Il faut continuer de rendre grâce en toute chose. »
Cette prudence et ces actions préventives en apparence extrêmes peuvent s’expliquer par la densité de la population de l’archipel hongkongais, qui compte près de 7,5 millions d’habitants, et par l’esprit hongkongais qui s’enracine dans le souci et l’idée de « protéger les autres ». Ainsi, prévoir le pire est une manière humaine de réagir à une situation dangereuse et incontournable, afin d’éviter un mal ou d’en minimiser les effets : c’est un principe de précaution. Mais pour le père de Francqueville, depuis que l’épidémie s’est déclarée, « ce n’est pas vraiment le virus qui fait peur en tant que tel ». « Ce qui fait le plus peur, justement, c’est plutôt les réactions par rapport au virus », assure-t-il. La décision du diocèse de Hong-Kong de supprimer les messes publiques est-elle une erreur qui risque d’aggraver la situation de panique parmi les fidèles ? Quoi qu’il en soit, avec tant d’inconnues, l’Église locale navigue à vue et estime que mieux vaut trop en faire que pas assez.
Pour le moment, les croyants hongkongais sont non seulement entrés dans un véritable combat contre la propagation du virus, mais aussi dans un combat spirituel. Les fidèles hongkongais éprouvent deux sentiments opposés, entre la crainte qui les paralyse, et leur foi qui les encourage à avancer. Le missionnaire français affirme qu’il constate un vrai dilemme spirituel, entre la peur incontrôlable de la contamination et la grande foi de ses paroissiens. Suite aux mesures de quarantaine annoncées par le diocèse, le père de Francqueville a décidé de rester à Hong-Kong avec ses paroissiens, alors qu’il devait se rendre en Thaïlande pour une session de formation. « En voyant les paroissiens se réjouir que je ne parte pas, je suis heureux aussi », explique-t-il. Malgré son incompréhension face aux mesures annoncées, le prêtre garde toujours confiance en Dieu : « Si parfois, on peut être déçu et que l’on ne comprend pas bien l’utilité de certaines décisions, la Providence est toujours là et il faut continuer de rendre grâce en toute chose. »
(EDA / Tanya Leekamnerdthai)
CRÉDITS
Tanya Leekamnerdthai