Eglises d'Asie

Hong-Kong : les personnes âgées isolées après un exode sans précédent des jeunes hongkongais

Publié le 19/04/2023




Le 13 avril, le groupe Hong Kong Christian Services a publié les résultats d’une nouvelle étude menée entre novembre 2022 et février 2023 auprès de plus de 200 résidents hongkongais de plus de 50 ans. Selon l’enquête, la majorité des répondants âgés et dont les enfants sont partis à l’étranger en raison de la loi sur la sécurité nationale (promulguée en 2020) sont « fortement exposés à l’isolement social ». La loi a été imposée par Pékin afin de réprimer le mouvement prodémocratie hongkongais.

De nombreuses personnes âgées à Hong-Kong se retrouvent isolées après le départ de milliers de jeunes à l’étranger à cause de la loi sur la sécurité nationale votée en 2020.

De nombreuses personnes âgées hongkongaises sont davantage exposées à la solitude et à la dépression depuis l’immigration de leurs enfants ces dernières années dans d’autres pays, selon une enquête menée par un groupe chrétien local. Selon les résultats de l’étude, un pourcentage élevé de résidents de plus de 50 ans sont « fortement exposés à l’isolement social et à une détérioration de leurs conditions physiques et mentales » depuis le départ de leurs enfants qui s’occupaient d’eux et qui ont quitté Hong-Kong.

L’étude menée par le groupe Hong Kong Christian Services a été publiée le 13 avril lors d’une conférence de presse. Elle a porté sur 203 résidents hongkongais non-hospitalisés ni hébergés en maison de retraite, et âgés de plus de 50 ans. Les enquêtes ont duré de novembre 2022 à février 2023.

Plusieurs centaines de milliers de jeunes hongkongais ont commencé à quitter la ville après l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur la sécurité nationale, imposée à Hong-Kong par Pékin en juin 2020. Celle-ci a été votée principalement afin de réprimer le mouvement prodémocratie et les protestations étudiantes qui demandaient plus d’autonomie vis-à-vis des autorités chinoises.

La nouvelle loi condamne les crimes de sécession, de subversion, de terrorisme et de collusion avec des forces étrangères, tous passibles de la prison à vie, la peine maximale à Hong-Kong. La définition des crimes en question est considérée comme trop vague et générale par beaucoup de dissidents. Ainsi, le fait de travailler avec des ONG ou des organisations internationales peut être interprété comme un cas de collusion avec des forces étrangères.

79,5 % des résidents avec des enfants à l’étranger « fortement exposés » à l’isolement social

Peu après la promulgation de la loi, la police a lancé une répression contre les jeunes hongkongais suspectés d’avoir participé aux manifestations massives pro-démocratie de 2019 et 2020. Craignant une détérioration des libertés démocratiques à Hong-Kong, des milliers de jeunes résidents ont donc commencé à émigrer.

Alors que la situation empirait, la Grande-Bretagne, le Canada et l’Australie ont créé de nouveaux programmes de visas à long terme, en vue d’obtenir la citoyenneté. Selon les chiffres publiés en début d’année par le ministère de l’Intérieur britannique, en 2021, plus de 144 500 Hongkongais ont obtenu le passeport britannique d’outre-mer (British National Overseas, BNO), un document leur permettant de vivre et travailler au Royaume-Uni durant cinq ans et à terme de demander la nationalité britannique.

Au moins 36 % des personnes âgées à Hong-Kong ont assisté au départ de leurs enfants en 2020 et après, selon l’étude qui porte sur « la situation et les besoins des personnes âgées résidant à Hong-Kong ». Près de 79,5 % des répondants ayant des enfants partis à l’étranger sont « fortement exposés » à l’isolement social, soit 33,3 % de plus que les seniors dont les enfants sont restés à Hong-Kong, selon l’étude.

La majorité des aînés (69,9 %) dont les enfants ont émigré ont reconnu se sentir « seuls » à cause de cette situation, précisent les auteurs de l’enquête, qui ajoutent qu’une majorité d’entre eux (69,9 % également) sont enclins à la dépression (soit 34,5 % de plus que les autres résidents âgés). La majorité des Hongkongais de plus de 50 ans (69,9 %) avec des enfants à l’étranger ont aussi souligné que leurs relations avec leurs enfants avant qu’ils quittent la ville étaient « bonnes » ou « très bonnes ». Selon l’étude, les parents sont susceptibles d’êtres moins sujets à la solitude et d’être plus heureux dans ce cas.

Trois facteurs majeurs liés à la santé des aînés selon le groupe hongkongais

Les personnes âgées interrogées ont également déclaré souffrir davantage de pertes de mémoire (42,5 % des répondants), d’insomnies plus fréquentes (41,1 %) et d’inquiétude vis-à-vis de leurs dépenses quotidiennes (39,7 %). Certains ont aussi expliqué qu’ils avaient diminué leurs visites dans les salons de thé, les boutiques et autres activités de loisirs (38,4 % des répondants).

Par ailleurs, selon l’enquête, 56,8 % d’entre eux « apprennent à utiliser les moyens de communication modernes et l’informatique afin d’échanger plus facilement avec leurs enfants éloignés ». Près de 51,9 % d’entre eux ont également confié qu’ils se débrouillaient par eux-mêmes en anticipant leurs besoins, et 48,8 % ont rapporté qu’ils essayaient de « tisser des relations avec des groupes locaux afin de trouver comment mieux faire face à leurs problèmes ».

Le groupe chrétien hongkongais a conclu sa présentation de l’étude en citant trois facteurs majeurs liés à la santé des aînés dont les enfants sont partis à l’étranger : une bonne préparation en amont, des relations solides et régulières avec leurs enfants, et un lien maintenu avec la communauté. Le groupe a aussi suggéré d’accompagner les personnes concernées avant l’émigration de leurs enfants, d’établir un réseau de soutien entre voisins et d’apprendre aux plus âgés à bien utiliser les technologies informatiques.

Fondé en 1952, le groupe Hong Kong Christian Services est une organisation interconfessionnelle qui fournit des services adaptés, professionnels et qualitatifs aux personnes âgées, tout en accompagnant les résidants défavorisés et marginalisés à Hong-Kong.

(Avec Ucanews)