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Hong-Kong se défend sur la liberté de la presse après avoir refusé l’entrée d’un journaliste japonais
Publié le 07/07/2023
L’administration hongkongaise pro-Pékin a été critiquée après avoir affirmé défendre la liberté de la presse, trois jours après avoir refusé l’entrée d’un journaliste japonais qui avait couvert les manifestations prodémocratie. Yoshiaki Ogawa, âgé de 54 ans, un journaliste japonais connu pour son travail sur le mouvement de protestation à Hong-Kong, cherchait à entrer à Hong-Kong le 29 juin dernier, selon les médias locaux.
Yoshiaki Ogawa, auteur du livre Chroniques des manifestations de Hong-Kong (Chronicles of Hong Kong’s Protests), a confié avoir été emmené dans une salle séparée après son atterrissage à l’aéroport international de Hong-Kong, avant d’être interrogé pendant près d’une heure et de se voir refuser l’entrée sur le territoire sans raison spécifique, selon une information publiée le 3 juillet par Hong Kong Free Press (HKFP).
« J’ai travaillé pour transmettre des choses au Japon sur Hong-Kong, mais ce n’est pas comme si j’allais participer à des activités suspectes dans la ville », a-t-il confié à la presse après son retour au Japon, le 30 juin à l’aéroport international de Narita. Il a également affirmé que son travail n’était « pas le bienvenu » à Hong-Kong et que la ville « a changé », en ajoutant que de tels incidents auraient été impensables dans le passé.
Le journaliste japonais a suivi les développements géopolitiques à Hong-Kong depuis qu’il a commencé à couvrir la « révolte des parapluies » en 2014. Il est également l’auteur du livre Récit d’un témoin oculaire : la terrible vérité de la répression hongkongaise (Eyewitness Accounts: The Terrifying Truth of Hong Kong’s Suppression), et il a collaboré avec Forbes Japan. Plusieurs groupes militants ont dénoncé la décision de Hong-Kong vis-à-vis de Yoshiaki Ogawa, en affirmant que c’est la première fois qu’un journaliste japonais est victime d’un tel incident à Hong-Kong.
« La loi menace la liberté de toute personne qui entre ou qui quitte Hong-Kong »
Dans un post Facebook, Sam Yip, ancien conseiller de district et porte-parole de la Japan Hong Kong Democracy Alliance (JHKDA), a souligné qu’il était évident que le refus d’entrée était lié aux précédents reportages du journaliste à Hong-Kong. « Le refus d’entrée de journalistes à l’occasion du 3e anniversaire de l’application de la loi sur la sécurité nationale est un symbole qui démontre la disparition complète de la liberté de la presse à Hong-Kong », a-t-il commenté. Il a également affirmé que la loi en question menace « la liberté de toute personne qui entre ou qui quitte Hong-Kong ». Il a donc appelé le gouvernement hongkongais à protéger la liberté d’entrée et de sortie de ses citoyens.
En 2022, il est arrivé la même chose à la photographe indépendante japonaise Michiko Kiseki, selon HKFP. Sur Twitter, elle a indiqué que des membres du service d’immigration hongkongais l’ont bombardée de questions sur une exposition au Japon, réalisée à partir de clichés pris durant les manifestations de 2019. Le 12 juin dernier, un artiste de rue japonais appelé Mr. Wally n’a pas pu entrer non plus sur le territoire hongkongais, dans des circonstances similaires aux deux précédents. « Hong-Kong a complètement changé et ne peut plus tolérer la moindre liberté d’expression », a réagi le Japonais sur sa page Facebook, selon HKFP.
La liberté de la presse à Hong-Kong classée 140e sur 180 pays en 2023
De son côté, le 2 juillet, Eric Chan, premier secrétaire de l’administration hongkongaise, a déclaré lors d’une interview sur la chaîne télévisée locale RTHK qu’il n’y avait « pas de restrictions » sur les médias dans la ville. Il a également affirmé que seule « la liberté de publier des fausses nouvelles » n’était pas protégée à Hong-Kong.
Il a ajouté que la protection de la liberté de la presse est stipulée dans la loi sur la sécurité et dans la Loi fondamentale (la mini-Constitution de la ville théoriquement semi-autonome), et que les activités journalistiques « ordinaires » sont protégées. « Les médias ou journalistes ordinaires n’ont rien à craindre de toute interférence avec du travail journalistique », a insisté Eric Chan, sans préciser ce que signifie une activité journalistique « ordinaire ».
Quelques jours avant ces propos, le 29 juin, le chef de l’exécutif hongkongais John Lee a déclaré que le gouvernement pourrait annoncer un projet de loi sur les « fake news ». Il a également expliqué que son administration étudiait des législations similaires dans d’autres pays. Dans son interview, il a assuré qu’il n’y avait « aucun problème » avec le fait de critiquer le gouvernement. « Tous les jours, il y a des gens qui critiquent le gouvernement ; c’est sans arrêt. Ce n’est pas du tout un problème d’être en désaccord avec une politique ou d’avoir une opinion différente », a-t-il assuré.
Toutefois, ces propos contrastent très nettement avec la fermeture de près de dix médias pro-démocratie depuis 2021 dont Apple Daily, Stand News et Citizen News. La chaîne RTHK, parrainée par le gouvernement local, a adopté de nouvelles directives éditoriales tout en purgeant ses archives et en supprimant ses publications et émissions satiriques. Selon HKFP, plus de 1 000 journalistes ont perdu leur travail à Hong-Kong, et nombre d’entre eux sont partis dans d’autres pays. La liberté de la presse à Hong-Kong, qui était classée à un rang honorable (73e sur 180 pays) en 2018, a chuté à la 140e position en 2023, selon l’organisation Reporters sans frontières.
(Avec Ucanews)