Eglises d'Asie

Hong-Kong : un bilan dressé 17 mois après le vote de la loi sur la sécurité nationale

Publié le 04/12/2021




Presque un an et demi après le vote de la loi sur la sécurité nationale, le média indépendant Hong Kong Free Press a dressé un bilan sur les conséquences de la loi draconienne imposée par Pékin. Au bout de 17 mois, selon le site d’information, au moins 50 groupes ont été dissous, dont des partis politiques, des syndicats et des institutions religieuses. Par ailleurs, on compte 155 personnes arrêtées, quatre sociétés poursuivies et plus de 200 000 dénonciations reçues dans le cadre d’une « hotline » lancée par la police il y a un an.

Une intervention de la police hongkongaise dans le quartier de Causeway Bay, le 1er juillet 2021.

Près de 17 mois après le vote de la Nouvelle loi sur la sécurité nationale à Hong-Kong, au moins 50 groupes prodémocratie ont été dissous de force, y compris des partis politiques, des syndicats et des institutions religieuses. Près de 155 personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette loi depuis son imposition ; une centaine de particuliers et quatre sociétés ont été mis en examen par le bureau du procureur général.

Par ailleurs, la police a reçu plus de 200 000 dénonciations (environ 550 par jour) grâce à sa « hotline » lancée il y a un an. C’est le bilan dressé par Hong Kong Free Press (HKFP), un site d’information indépendant, presque un an et demi après l’adoption de la loi draconienne, imposée par Pékin en réponse au mouvement démocratique.

Après la condamnation à neuf ans de prison de Tong Ying-kit, âgé de seulement 24 ans, en juillet dernier, c’était le tour de Ma Chun-man en novembre. Le jeune hongkongais, un ancien livreur âgé de 31 ans, s’est vu imposer une peine de six ans pour des propos en faveur de l’indépendance hongkongaise. Peu après, début novembre, Tony Chung (20 ans, l’une des figures du mouvement démocratique hongkongais) a également été condamné à trois ans de prison pour sécession et blanchiment d’argent – la loi votée il y a 17 mois punit les actes de sédition, de sécession, de terrorisme et de collusion avec des forces étrangères.

Selon de nombreux observateurs, la loi sur la sécurité nationale est tellement large qu’elle peut affecter tous les aspects de la vie à Hong-Kong, y compris les élections parlementaires prévue le 19 décembre prochain – les premières depuis la réforme électorale voulue par le gouvernement chinois, et favorisant uniquement les candidats « patriotiques » (c’est-à-dire non prodémocratie). Chris Tang, chef de la sécurité de Hong-Kong, a déjà prévenu que tous ceux qui incitent les autres à déposer un vote blanc ou nul seraient poursuivis. Début novembre, la police a arrêté quatre citoyens entre 61 et 85 ans, pour avoir affiché une banderole demandant le suffrage universel dans l’ancienne colonie britannique.

Les médias victimes de la « terreur blanche » de Pékin

La répression du gouvernement vise également les médias. Après la fermeture, l’été dernier, du média indépendant Apple Daily, le média en ligne DB Channel a annoncé ce mois-ci l’interruption de toutes ses opérations à Hong-Kong. L’un de ses cofondateurs, Frankie Fung, actuellement en prison, s’est vu refuser la libération sous caution. Il fait partie d’un groupe de 47 démocrates poursuivis pour avoir organisé ou participé à des primaires non officielles de l’opposition, l’an dernier, pour le camp prodémocratie.

Initium, une autre publication indépendante, a déplacé son siège à Singapour en août dernier. D’autres médias en ligne, dont Rthk (une société d’audiovisuel public), ont perdu leur autonomie éditoriale. Autre coup dur pour la liberté de la presse à Hong-Kong, mi-novembre, les autorités locales ont expulsé Sue-Lin Wong, correspondante pour le magazine The Economist. Le visa de la journaliste n’a pas été renouvelé, sans explications de la part du gouvernement.

Steve Vines, ancien journaliste et présentateur pour Rthk, a fui de son côté en Grande Bretagne pour échapper à la loi sur la sécurité nationale. La marque hongkongaise de vêtements Chickeeduck, fervente sympathisante du mouvement prodémocratie, a également abandonné Hong-Kong. Les magasins du groupe ont été maintes fois assaillis par la police et les autorités ont ordonné aux propriétaires de retirer les symboles et références au mouvement, dont une statue de l’ancien dissident et prix Nobel Liu Xiaobo (décédé en 2017).

(Avec Asianews)