Hyderabad : l’Église locale lutte contre la hausse de l’inflation au Pakistan

Des familles chrétiennes déplacées reçoivent des aides alimentaires à Karachi (septembre 2021).

Le 13 juin à l’évêché d’Hyderabad, Mgr Samson Shukardin est intervenu dans le cadre d’une rencontre annuelle de cinq jours, organisée afin de fixer le budget de l’Église locale. À cette occasion, il a confié que les responsables chrétiens du Pakistan peinent à gérer les paroisses et les institutions éducatives catholiques face à la hausse de l’inflation qui a atteint des niveaux records. « Nous n’avons pas de ressources et les dépenses augmentent. Les salaires sont faibles et nous ne pouvons pas augmenter les frais de scolarité », a-t-il alerté.

La devise nationale a perdu de sa valeur – la roupie pakistanaise s’est effondrée jusqu’à atteindre son plus bas niveau jamais enregistré avec 205,50 roupies pour un dollar US –, ce qui a fortement affecté les institutions dépendant de l’Église locale. « Nous en avons beaucoup souffert. Toute l’équipe se creuse la tête, mais cette fois-ci, nous nous demandons comment nous allons faire », a-t-il poursuivi.

Dans le pays, les marchés financiers ont pris un coup depuis que la coalition gouvernementale a dévoilé un budget fédéral de 9,5 mille milliards de roupies (44,4 milliards d’euros) pour l’année fiscale 2022-2023, la semaine dernière à l’Assemblée nationale, alors que le FMI a imposé des conditions strictes au renouvellement d’un programme d’emprunt de 6 milliards de dollars. Le gouvernement a également augmenté le budget de la défense de presque 6 % (soit un nouveau budget d’1,45 mille milliards de roupies), afin de tenter faire face aux besoins des forces armées pakistanaises, dont des hausses de salaire.

« Nous ne bénéficions jamais des budgets alloués »

Des budgets ont été alloués aux communautés vulnérables, dont 32 millions de roupies pour un fonds de solidarité réservé aux minorités (Pakistan minorities welfare fund) et 83 millions de roupies pour un fonds spécial pour le soutien des minorités (Special fund for welfare and uplift of minorities). Mgr Shukardin n’est pas enthousiaste. « Malheureusement, nous ne bénéficions jamais de ces sommes qui sont allouées. Des membres de l’Assemblée nationale nous apportent leur soutien seulement de temps en temps alors que les Églises n’ont pas de lien direct avec le gouvernement. Ce dernier doit penser aux groupes vulnérables et songer à les aider d’une manière transparente », insiste l’évêque d’Hyderabad.

En mai, par rapport à 2021, l’indice des prix à la consommation, basé sur l’inflation, a augmenté de 13,8 %, soit la plus forte hausse en deux ans et demi. Le père Younas Riaz, curé de la paroisse de l’Immaculée-Conception du village de Chak, à Mianwali dans la province du Pendjab, a publié des commentaires ironiques sur Facebook depuis que le gouvernement a augmenté le prix du pétrole de 60 roupies par litre le mois dernier. « Quel geste, FMI. Ayez pitié, M. le Premier ministre », a-t-il déploré, en évoquant les coupures de courant prolongées. De son côté, le 13 juin, le ministre des Finances, Miftah Ismail, a souligné que si le gouvernement ne renonce pas aux subventions sur les produits pétroliers d’ici le mois de juillet, le pays se retrouvera en difficulté. Il a précisé avoir demandé au Premier ministre Shehbaz Sharif de prendre une décision ferme afin d’éviter au pays de subir le même sort que le Sri Lanka.

(Avec Ucanews)