Eglises d'Asie

Inondations : des familles chrétiennes privées d’aides humanitaires dans la province de Sindh

Publié le 18/11/2022




Alors que de nombreuses initiatives ont été lancées par l’Église locale après les inondations dévastatrices qui ont touché le pays, certaines familles chrétiennes rurales de la province de Sindh, ont été attaquées et pillées après avoir reçu des aides du diocèse d’Hyderabad. « Nous vivons ici depuis 40 ans et nous n’avions jamais rencontré cela. Mais après les inondations, la pauvreté a été multipliée par quatre et beaucoup se mettent à voler pour soutenir leur famille », explique un catéchiste.

Mgr Samson Shukardin, évêque d’Hyderabad (au centre) avec des paroissiens affectés par les inondations, en septembre 2022 dans la province de Sindh.

Alors que s’achève la Conférence de Charm el-Cheikh de 2022 sur les changements climatiques (COP 27), qui s’est déroulée du 6 au 18 novembre en Égypte, la situation dans le sud du Pakistan, causée par des inondations sans précédent en août dernier, montre peu de signes d’amélioration.

En prenant la parole lors du sommet, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a appelé la communauté internationale à fournir des fonds d’urgence à son pays pour pouvoir faire face aux conséquences dramatiques des pluies inhabituellement fortes qui ont causé la mort de presque 2 000 personnes et des dégâts matériels qui ont affecté plus de 5 millions d’habitants.

Aux côtés d’autres initiatives lancées par l’Église locale avec Caritas Pakistan, une campagne a notamment débuté récemment auprès du village d’Allah Bachao Shoro, situé près d’Hyderabad, où environ 90 familles chrétiennes, musulmanes et hindoues ont reçu des aides au cours des dernières semaines. Des tentes, des moustiquaires et des rations alimentaires ont été distribuées, mais pas en quantité suffisante pour tous.

De plus, certaines familles chrétiennes, dont une majorité de milieux agricoles, ont été attaquées et volées après avoir reçu d’autres aides de première nécessité de la part du diocèse local. Alors que les terres cultivables sont toujours détrempées, les fermiers de la région ont été forcés de se rendre à Hyderabad à la recherche d’emploi à la journée, souvent payés moitié prix parce que les employeurs profitent de leur extrême pauvreté – ils reçoivent ainsi entre 400 et 500 roupies (entre 1,74 et 2,17 euros) au lieu de 800 roupies (3,48 euros) par jour.

« Nous n’avions jamais rencontré de telles situations »

« Nous vivons ici depuis 40 ans et nous n’avions jamais rencontré de telles situations, parce que nous sommes tous pauvres. Mais après les inondations, la pauvreté a été multipliée par quatre et beaucoup de gens se mettent maintenant à voler pour soutenir leur famille », explique Abdul Majeed, un catéchiste d’Hyderabad. « Après ces événements, les chrétiens ont peur et ils veulent aller ailleurs. Nous vivons dans des tentes le long des rives des canaux. L’hiver est arrivé et nous n’avons pas de vêtements chauds, de couvertures et de couettes », ajoute-t-il.

Récemment, des cas de discrimination contre les chrétiens ont été signalés, notamment par Mgr Samson Shukardin, évêque d’Hyderabad. « Dans certains cas, il a été dit aux chrétiens que ‘ce n’est pas pour vous, c’est pour les autres’ ; et donc la nourriture n’a pas été distribuée. Dans beaucoup de lieux, les gens ne sont pas traités en égaux », a-t-il affirmé.

Bien que le niveau d’eau ait commencé à diminuer, beaucoup de problèmes demeurent dans la région. « La première préoccupation reste la nourriture », a expliqué Mgr Shukardin. « Nous donnons de l’argent à des fermiers afin de planter de nouvelles cultures, mais la terre n’est pas prête et il faudra du temps avant les récoltes. Et puis il y a l’accès à la santé pour ceux qui ont tout perdu et qui vivent dans des conditions précaires. »

Beaucoup d’églises ont également été endommagées, et les communautés locales ignorent si les programmes d’aide du gouvernement permettront à la province de Sindh de se relever après la catastrophe. « Même avant les inondations, nous étions déjà en difficulté », signale l’évêque. « Maintenant, des ONG interviennent, mais elles ont seulement pu le faire depuis six mois. Nous espérons que les gens puissent recevoir un traitement médical, parce qu’il y a très peu de médecins et d’hôpitaux dans la région. »

(Avec Asianews)


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Ucanews