Kampong Cham : installation de Mgr Pierre Suon Hangly comme nouveau préfet apostolique

Le dimanche 11 septembre, Mgr Olivier Schmitthaeusler (MEP), vicaire apostolique de Phnom Penh, a remercié Mgr Ly pour sa mission dans le diocèse lors d’une messe spéciale.

Près de 60 prêtres des trois diocèses du Cambodge (le vicariat apostolique de Phnom Penh et les préfectures apostoliques de Battambang et Kampong Cham) ont participé à la messe d’installation de Mgr Pierre Suon Hangly, ce samedi 1^er octobre à 9 heures (heure locale) dans l’église de Kampong Cham, en présence de nombreux fidèles. Un événement historique pour l’Église locale, qui célèbre l’installation du premier ordinaire cambodgien. La préfecture de Kampong Cham couvre huit provinces de l’Est cambodgien (Kompong Cham, Kratie, Stoeng Treng, Rotanah Kiri, Mondol Kiri, Svay Rieng et Prey Veng).

Mgr Hangly, âgé de 51 ans, est né le 14 avril 1972 dans la paroisse Saint-Pierre de Pho Thom (vicariat de Phnom Penh). Il a été ordonné prêtre le 9 décembre 2001 à Phnom Penh. Ancien prêtre étudiant aux MEP à Paris de 2007 à 2015, il a été nommé à Kampong Cham le 15 juillet dernier par le pape François. Il a servi comme curé de Kampot et Takéo de 2002 à 2007 avant de poursuivre des études de théologie spirituelle à l’Institut catholique de Paris. De retour au Cambodge en 2015, il a été nommé curé de Phnom Penh Thmey avant de devenir vicaire délégué du vicariat de Phnom Penh et supérieur du séminaire local.

Pour Mgr Bruno Cosme, MEP et administrateur apostolique de Kampong Cham ces trois dernières années, c’est une étape importante pour l’Église au Cambodge. Celle-ci compte aujourd’hui près de 20 000 fidèles (sur 16 millions d’habitants majoritairement bouddhistes) après s’être relevée de ses cendres il y a plus de vingt ans.

« Au début de l’évangélisation au Cambodge, les Missions Étrangères de Paris ont toujours été en charge. Depuis des siècles, nous avons été impliqués et responsables, jusqu’à l’apparition récente, dès 1955 avec le premier prêtre cambodgien, d’un clergé local », raconte Mgr Cosme, qui ajoute que durant les vingt années suivantes, jusqu’en 1975, sept autres prêtres cambodgiens ont été ordonnés, dont deux responsables de l’Église locale : Mgr Paul Tep Im Sotha, préfet apostolique de Battambang, puis Mgr Joseph Chhmar Salas, premier et seul Cambodgien à avoir été nommé à la tête du vicariat de Phnom Penh (ordonné sous les bombes en 1975). Tous deux sont morts sous le régime Khmer Rouge.

« C’est une étape importante. C’est une joie pour l’Église locale »

Le dimanche 25 septembre durant une messe célébrée avec les paroissiens de Saint Pierre et Saint Paul, en chasuble violette pour la fête des morts.

« Quand les missionnaires sont revenus, tout était à reconstruire », explique Mgr Cosme. « On a donc recommencé à être responsables de ces diocèses alors qu’il y avait eu déjà des responsables cambodgiens auparavant. Après le retour des missionnaires en 1990, il y avait trois ordinaires étrangers au Cambodge. Nous avons maintenant un nouveau préfet cambodgien, et c’est un tournant historique », se réjouit-il.

« Les gens d’ici sont heureux de cette nomination du premier préfet khmer à Kampong Cham. C’est une étape importante. C’est une joie pour l’Église locale que nous puissions gouverner notre Église », souligne Mgr Ly avant son installation à Kampong Cham, en se confiant sur sa nouvelle mission. « C’est un territoire assez large, plus grand que les autres diocèses, mais il y a peu de chrétiens », ajoute-t-il, en expliquant qu’il souhaite d’abord apprendre à connaître les communautés locales. « Ici, c’est très simple, on se réunit chaque mois, on prie ensemble. Il y a beaucoup de prêtres et de religieux prêts à m’aider pour cette nouvelle mission. Par la suite, je voudrais aider la préfecture à évangéliser dans les provinces où il y a des minorités ethniques, comme à Rotanah Kiri, où la communauté pourrait grandir rapidement. »

Parmi le clergé local, on compte toujours plusieurs missionnaires MEP : Mgr Bruno Cosme, Mgr Antonysamy Susairaj (ancien préfet apostolique jusqu’en 2019), le père François Hemelsdaël, le père Gérald Vogin et le père Guillaume Pingat. Par ailleurs, on compte en tout 21 prêtres dans la préfecture : des prêtres cambodgiens, des missionnaires PIME (Institut pontifical pour les missions étrangères), des missionnaires lazaristes et de Mill Hill, des prêtres coréens, italiens et indiens, ainsi qu’un prêtre équatorien et un prêtre français fidei donum.

Défi de l’évangélisation

Mgr Ly a été installé officiellement comme préfet de Kampong Cham ce samedi 1er octobre.

« Quand Mgr André Lesouëf [préfet apostolique de Kampong Cham de 1968 à 1997] est venu ici, il a trouvé seulement une chrétienne. Peu à peu, d’autres ont été baptisés. Il y a eu de nouvelles communautés. Il y a quelques difficultés pour l’évangélisation, en ville en particulier, et il faut trouver le meilleur moyen pour cela », confie Mgr Ly. « Mais je crois qu’au début, il faut que les prêtres et les religieux travaillent ensemble. Si on vit bien ensemble, comme une famille, avec amour, c’est un bon témoignage. »

Le nouveau préfet évoque aussi le défi du matérialisme qui peut affecter l’évangélisation, notamment en ville : « À Phnom Penh, par exemple, nous demandions aux prêtres des villages de donner les contacts des chrétiens venant à la capitale, pour que l’on puisse les aider à revenir à l’Église. Parce que si leur foi n’est pas solide et qu’ils quittent leur village, ils ne viennent plus. » De son côté, Mgr Cosme explique que les minorités ethniques, dans le nord et l’est du Cambodge, sont nombreuses à se convertir. « La majorité des baptêmes viennent de ces communautés », précise-t-il. « Il y a aussi des Cambodgiens ou des Vietnamiens bien sûr. Mais les minorités demandent à connaître le Christ. La présence de ces trois particularités donne une vie intéressante, c’est très enrichissant. »

Mgr Ly célébrera une messe d’action de grâce le 26 novembre dans son village natal

Le missionnaire évoque aussi différents enjeux à venir pour Mgr Pierre Suon Hangly, dans un vaste territoire comptant beaucoup de paroisses rurales, dont des communautés parfois très réduites. Mgr Bruno Cosme parle notamment du « devoir de la charité ». « Il s’agit d’être proche de ceux qui sont malades et de ceux qui sont pauvres. Il y a aussi beaucoup à faire pour les personnes âgées. J’ai essayé de tenir compte de ces enjeux. Il y a également le problème de la drogue, qui touche beaucoup de jeunes. Il y a ensuite tout ce qui concerne l’éducation », poursuit l’ancien administrateur apostolique, qui évoque quatre lycées, des écoles catholiques qui obtiennent de bons résultats, ainsi que des foyers étudiants pour garçons et filles. « Il y a beaucoup de choses pour des jeunes qui ne sont pas chrétiens pour la plupart. La présence de l’Église peut leur permettre de connaître le Christ », estime-t-il. Avant son installation, Mgr Pierre Hangly explique qu’il souhaite avant tout apprendre à connaître la préfecture. « Ensuite, je pourrai songer à des projets avec mes conseillers. » En attendant, le 26 novembre prochain, Mgr Olivier Schmitthaeusler (MEP), vicaire apostolique de Phnom Penh, a préparé une messe d’action de grâce qui sera présidée par Mgr Ly dans sa paroisse natale.

(EDA)