Kota Kinabalu : une mission coréenne au service des communautés catholiques malaisiennes de Bornéo

Des enfants vêtus de tenues traditionnelles coréennes, lors du 5e anniversaire de l’orphelinat Woori Jib à Potuki.

En Malaisie, dans l’archidiocèse de Kota Kinabalu, un orphelinat porte un nom en partie coréen – saint François-Xavier Woori Jib. Ce nom indique le lien du centre avec les missionnaires coréens, « woori jib » signifiant « notre maison » en coréen. Le 5 décembre, alors que l’orphelinat célébrait son 5^e anniversaire, la plupart des invités sont venus vêtus de tenues coréennes traditionnelles Hanbok, en signe de gratitude envers les prêtres coréens qui ont créé et qui gèrent toujours le foyer. Le père Laurent Kim Jinsu, 51 ans, et le père André Kim Youngjung, 31 ans, y prennent en charge 14 filles locales âgées de 7 à 17 ans, des orphelines issues de familles catholiques défavorisées de la région.

Les prêtres ont adopté leur langue et leur culture, sans compter le climat et les spécialités locales. « Je rends grâce à Dieu d’avoir l’opportunité de venir en aide aux Églises locales, c’est le moins que nous puissions faire », a confié le père Laurent Kim Jinsu, interrogé par Catholic Sabah, la publication officielle de l’archidiocèse. « J’aimerais remercier la communauté de Potuki, qui nous a accueillis chaleureusement et qui nous a toujours soutenus concernant l’acquisition de ce terrain et cette fondation », poursuit le prêtre. L’orphelinat a été fondé en 2016 par le père Leo Choi Sangki, missionnaire coréen, « pour les enfants de Sabah ».

Une mission lancée il y a douze ans à Kota Kinabalu

Les prêtres appartiennent à un institut missionnaire coréen (Societas Clericalis Sanctissimae Trinitastis de Mirinae), fondé en 1976 par le père François-Xavier Tjeong. La société missionnaire est basée à Mirinae (« Voie lactée » en Coréen), un site catholique où l’on trouve les tombes de plusieurs catholiques coréens dans la province de Gyeonggi. Le site est lié à une ère de persécution sous la dynastie Joseon, quand les catholiques y venaient en secret. Les lampes utilisées en se déplaçant sur le site depuis leur village ont été comparées aux étoiles de la Voie lactée, d’où le nom de Mirinae.

La société missionnaire, basée dans le diocèse de Suwon, prépare les prêtres à travailler pour l’évangélisation à travers le monde. Ses membres sont engagés dans l’éducation, la pastorale de la santé et le service des enfants dans le besoin. À Potuki, dans la province de Sabah (au nord de l’île de Bornéo), le centre offre un toit, une éducation et une formation morale aux orphelines, avec le soutien de bienfaiteurs coréens. La société missionnaire coréenne a commencé son travail dans l’archidiocèse de Kota Kinabalu il y a douze ans, à l’invitation de Mgr Jean Wit Yaw Lee, alors archevêque.

Soutien pastoral et humanitaire

Peu après, le père Leo est arrivé à Penampang comme premier missionnaire coréen à Sabah. Il a été l’architecte à l’origine du projet Woori Jib, et il a baptisé l’orphelinat d’après saint François-Xavier, patron des missions, et d’après saint François-Xavier Tjeong, leur fondateur. Le père Leo, qui a initié les activités missionnaires de sa congrégation dans la région, a dû rentrer dans son pays pour y recevoir un traitement, en confiant la poursuite de son travail aux pères Laurent Kim Jinsu et André Kim Youngjung.

Mgr Jean Wong, archevêque de Kota Kinabalu, avec les pères Laurent Kim et André Kim, à Potuki dans l’État malaisien de Sabah (Bornéo).

Les missionnaires ont également servi la paroisse Saint-Michel de Penampang. Ils y assistent le curé dans ses activités spirituelles et pastorales, sur 16 clochers et une chapelle dépendant de la paroisse. Les prêtres ont également créé une boutique de souvenirs religieux à Penampang en 2018, afin de soutenir leurs activités missionnaires. Par ailleurs, ils aident aussi les communautés locales défavorisées, vivant dans les forêts et les terres accidentées de Bornéo (la plus grande île de la région en Asie du Sud-Est, couvrant les États malaisiens de Sabah et de Sarawak, ainsi que le Kalimantan indonésien et le sultanat de Brunei).

« J’apporte des colis alimentaires et des fournitures scolaires dans le village et je les partage avec les habitants. De temps en temps, j’essaie ainsi d’offrir une aide matérielle aux familles démunies », confie le père Laurent. En janvier 2020, ce dernier a célébré le 20^e anniversaire de son ordination sacerdotale, et le père André sa 3^e année passée dans la paroisse locale. Ils ont été surpris de voir arriver plusieurs centaines de paroissiens, dont beaucoup vivant dans des zones reculées, et la plupart vêtus de tenues traditionnelles coréennes. Aujourd’hui, les deux prêtres peuvent célébrer la messe en anglais et dans la langue locale Bahasa, à la satisfaction de la communauté locale.

Près de 10 % de chrétiens en Malaisie

« Le plus important, c’est de faire la volonté du Seigneur à Sabah et de bâtir son Royaume ici », souligne le père Laurent Kim Jinsu. Les deux États de Sabah et de Sarawak comptent la majorité des chrétiens du pays, qui représentent environ 10 % de la population malaisienne sur près de 33 millions d’habitants. Selon le dernier recensement, les chrétiens représentent environ un tiers de l’ensemble de la population locale à Sabah et Sarawak.

À la création du diocèse de Kota Kinabalu en 1976, celui-ci couvrait l’ensemble de l’État de Sabah. Plus tard, les diocèses de Keningau et de Sandakan ont été créés. En 2008, Kota Kinabalu est devenu un archidiocèse. Ce dernier compte environ 228 250 catholiques pour 19 paroisses. C’est également une communauté multiethnique, avec des fidèles issus de divers groupes ethniques – Kadazan, Dusun, Murut, Bajau, Chinois, Indiens, Philippins et Timorais. Huit congrégations religieuses sont toujours engagées dans l’archidiocèse.

Toutefois, outre les deux missionnaires coréens, l’ensemble des 40 prêtres de Kota Kinabalu sont malaisiens – une tendance courante dans les Églises asiatiques où les vocations locales succèdent aux missionnaires étrangers. Les catholiques de Sabah ont également commencé à produire des vocations missionnaires. En 2017, la congrégation missionnaire du père Laurent a ainsi accepté trois jeunes catholiques de Sabah comme postulants. « Les prêtres coréens sont très communicatifs. Ils demandent toujours la permission pour tout ce qu’ils font et prient toujours ensemble à nos côtés. Ils font partie intégrante de la mission de l’archidiocèse », a déclaré Mgr Wong lors du 5^e anniversaire de l’orphelinat.

(Avec Ucanews)