Eglises d'Asie

Kuala Lumpur a annoncé vouloir abolir la peine de mort systématique en Malaisie

Publié le 14/06/2022




Le 10 juin, la Malaisie a annoncé vouloir abolir la peine de mort systématique dans certaines catégories de crimes, même si les militants pour l’abolition restent prudents, le pays étant déjà revenu sur des promesses similaires. La peine de mort est à ce jour appliquée systématiquement dans 11 cas sur 33, notamment pour meurtre et trafic de drogue – bien qu’un moratoire sur les exécutions soit en vigueur depuis 2018. Parmi les dix pays membres de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), seuls les Philippines et le Cambodge ont déjà aboli la peine de mort.

La prison de Pudu, à Kuala Lumpur, Malaisie (photo d’archive, 1999).

Ce vendredi 10 juin, le gouvernement malaisien a décidé d’abolir partiellement la peine de mort, qui était jusqu’à ce jour appliquée à 33 catégories de crimes dont 11 passibles d’une peine systématique. Malgré l’annonce, les militants pour l’abolition restent prudents alors que le pays a déjà renoncé à d’autres promesses similaires par le passé. Même si elle ne sera plus obligatoire, la peine de mort restera en vigueur pour certains crimes en Malaisie, notamment pour meurtre et trafic de drogue, bien qu’un moratoire sur les exécutions soit en vigueur depuis 2018.

Selon le ministre de la Justice, Wan Junadi bin Tuanku Jaafar, son cabinet mènera des études supplémentaires afin de décider quelles peines seront appliquées pour remplacer la peine de mort obligatoire pour les catégories de crimes concernées. Le gouvernement proposera des peines alternatives pour les 11 crimes concernés. Les 22 autres cas pour lesquels les tribunaux peuvent imposer la peine de mort doivent également être examinés.

La peine de mort obligatoire pour certaines catégories de crimes sera ainsi remplacée par d’autres peines imposées par les tribunaux, ont déclaré le Parlement malaisien et le ministre de la Justice. Les débats concernant l’abolition de la peine de mort ont débuté dans le pays en 2018. La décision prise par le cabinet ministériel malaisien s’inscrit dans de plus larges réformes du système de justice pénale en Malaisie.

De nombreux pays membres de l’Asean pratiquent encore la peine de mort

Selon Amnesty International, 469 exécutions ont eu lieu en Malaisie depuis l’indépendance du pays en 1957, avec 1 281 dans le couloir de la mort, dont 73 % pour trafic de drogue. Parmi les dix pays membres de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), dont la Malaisie est un pays fondateur, seuls les Philippines et le Cambodge avaient aboli la peine de mort avant la décision de l’État malaisien.

Trois pays membres – Brunei, le Laos et la Birmanie – ont cessé les exécutions il y a au moins 25 ans, et sont donc de fait abolitionnistes ; toutefois, en Birmanie, la junte militaire de nouveau au pouvoir depuis février 2021 a récemment annoncé des projets d’exécutions concernant quatre leaders de l’opposition. Dans les autres pays de l’Asean, la peine de mort a déjà été appliquée au cours des dernières années. En plus de la Malaisie, l’Indonésie, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam pratiquent toujours la peine de mort. Le Timor oriental, qui a le statut d’observateur au sein de l’Asean, en a aboli la pratique.

De son côté, Katrina Jorene Maliamauv, directrice d’Amnesty International Malaisie, a salué la décision du gouvernement tout en appelant les autorités à poursuivre dans ce sens en allant vers une abolition totale et non partielle de la peine de mort dans le pays. Selon elle, à de nombreuses reprises, la peine de mort obligatoire a souvent visé de manière disproportionnée les catégories les plus marginalisées et les plus exclues de la société.

(Avec Asianews et Ucanews)