Eglises d'Asie – Malaisie
Kuala Lumpur : la Haute Cour malaisienne autorise les chrétiens et les non-musulmans à utiliser le mot « Allah »
Publié le 12/03/2021
Le 10 mars, après dix ans de bataille juridique, la Haute Cour de Malaisie a autorisé les chrétiens malaisiens et les autres communautés locales non musulmanes à utiliser le mot Allah dans la liturgie, dans leurs prières et dans leurs publications. Le verdict de la Haute Cour, qui vient mettre fin à un débat qui traîne en longueur depuis plus de trente ans, s’oppose à l’avis du gouvernement en faveur de l’interdiction – une position qui semble soutenir les idées des extrémistes islamistes. La Haute Cour a également autorisé l’utilisation du mot Kaabah (le nom du sanctuaire de La Mecque, le lieu le plus sacré de l’islam), du mot baitullah (« maison de Dieu ») et du mot solat (prière). Selon Nor Bee Ariffin, juge de la Haute Cour, l’interdiction de ces mots, imposée depuis 1986, contredisait les droits constitutionnels concernant la liberté religieuse. Selon lui, « leur utilisation ne perturbe pas l’ordre public ». Ce nouveau jugement de la Haute Cour survient treize ans après le début d’une campagne judiciaire lancée en 2008 contre le gouvernement malaisien par Jill Ireland Lawrence, une chrétienne de Bornéo. Les autorités avaient saisi huit CD comportant le mot Allah sur leur couverture, à son arrivée dans un aéroport malaisien de retour d’Indonésie. En 2014, un tribunal lui avait donné raison.
Les chrétiens forment le troisième groupe religieux en Malaisie
Le gouvernement n’a pas encore précisé s’il compte faire appel de la décision de la Haute Cour. Plusieurs affaires controversées ont marqué le pays ces dernières années. Ainsi, en janvier 2014, plus de 300 Bibles ont été saisies. Par ailleurs, en 2009, le journal catholique local The Herald avait fait appel de l’interdiction de 1986, et un tribunal avait statué en sa faveur – mais la décision avait finalement été annulée par la Cour d’appel. En Malaisie, sur une population de 28 millions d’habitants comptant environ 60 % de musulmans, de nombreux termes religieux dérivés de l’arabe sont utilisés par les minorités religieuses. Les chrétiens forment le troisième plus grand groupe religieux (après les bouddhistes) avec environ 2,6 millions de fidèles. Un dictionnaire latin-malaisien vieux de 400 ans indique que le mot Allah était déjà utilisé dans la langue locale à l’époque.
(Avec Asianews, Kuala Lumpur)
CRÉDITS
Ucanews