Eglises d'Asie

Kuala Lumpur : sœur Fatima Emmanuel, une bonne samaritaine auprès des sans-abri de la capitale malaisienne

Publié le 16/07/2021




Le centre Samaritan Hope, fondé par sœur Fatima Emmanuel à Kuala Lumpur en 2018, a dû s’adapter aux restrictions sanitaires durant la pandémie pour continuer son service auprès des plus pauvres. Alors que le centre fournit deux repas par jour, du lundi au samedi, la religieuse et les volontaires ont été confrontés aux confinements stricts. Durant la crise sanitaire, le centre a distribué au moins 200 repas par jour. « C’était une occasion idéale de travailler avec des gens de toutes confessions et de témoigner de l’amour du Christ », explique sœur Fatima.

Sœur Fatima Emmanuel, avec des volontaires de la maison Samaritan Hope de Kuala Lumpur, un centre d’accueil pour les sans-abri.

Sœur Fatima Emmanuel, une religieuse de 57 ans de Kuala Lumpur, dirige un centre pour les sans-abri, la maison Samaritan Hope. Depuis 2018, elle y accueille les plus démunis de la capitale malaisienne afin de leur offrir un toit et de les aider à se réinsérer dans la société. Par ailleurs, avec des volontaires, elle fournit près de 350 repas cuisinés au centre tous les jours. Toutefois, les activités du centre ont été affectées par les restrictions sanitaires. Pourtant, sœur Fatima Emmanuel a été touchée par le sort des plus pauvres face à la pandémie de Covid-19 et ses conséquences. « Les gens ont été interdits de rassemblement ; par conséquent, les sans-abri ne pouvaient plus venir à la Samaritan Hope Home pour leurs repas. Nous avons donc changé notre mode d’opération afin de distribuer les repas aux portes du centre », explique-t-elle. Mais les sans-abri, face à un confinement strict imposé à Kuala Lumpur, ont été logés temporairement dans des salles communes et chassés de la rue. La religieuse et les volontaires ont donc décidé de leur rendre visite dans leurs lieux de confinement afin de distribuer au moins 200 paniers alimentaires par jour. « C’était une occasion idéale de travailler avec des gens de toutes confessions et de témoigner de l’amour du Christ », ajoute-t-elle.

Le centre qu’elle dirige dépend des dons des bienfaiteurs de toutes origines et confessions. Sœur Fatima a dû obtenir une permission spéciale de la police pour poursuivre ses activités durant la crise sanitaire. « C’était stressant de continuer de servir les gens affamés tout en s’adaptant aux nouvelles règles », confie-t-elle. Elle ajoute que c’était encore plus difficile de préparer et distribuer les repas alors que les volontaires réguliers travaillant au centre étaient eux aussi affectés par les restrictions, qui compliquaient l’accès au centre. Les sans-abri logés par le centre ont également fourni leur aide afin de soutenir les volontaires. « Vraiment, c’était beau de voir leur transformation. Ils sont devenus volontaires là où ils venaient chercher leurs repas », se réjouit sœur Fatima. Durant la pandémie, le centre a aussi reçu des appels de familles de réfugiés et de travailleurs migrants étrangers, désespérés après avoir perdu leurs emplois et leurs revenus. La religieuse leur a offert ce qu’elle a pu, tout en les renvoyant vers d’autres communautés semblables au centre qu’elle dirige. « En tout temps, quelles que soient les difficultés, le Seigneur nous donne la force de continuer. Je peux témoigner des nombreux miracles qui sont survenus à la Samaritan Hope Home, où nous avons fait l’expérience de la multiplication des cinq pains et des deux poissons », assure-t-elle.

Petitesse et l’humilité au service des pauvres

Fatima Emmanuel est née dans une famille catholique en 1964, à Taiping dans l’État de Perak. Elle est la seconde d’une fratrie de quatre enfants. Sa famille était déjà engagée dans l’Église et son grand-père était catéchiste. « Mes grands-parents et mes parents m’ont appris à partager avec les pauvres, dès le plus jeune âge », raconte-t-elle. À l’âge de 20 ans, elle a rejoint les Petites Sœurs des Pauvres, congrégation religieuse féminine hospitalière fondée par sainte Jeanne Jugan en 1839. L’ordre compte près de 2 300 membres dans 31 pays, et leur charisme principal est auprès des personnes âgées démunies et isolées. Elles accompagnent environ 13 000 personnes âgées à travers le monde, selon le site web de la congrégation. Le témoignage de saint Jeanna Jugan a inspiré sœur Fatima, qui explique avoir trouvé la joie « dans la petitesse et l’humilité, dans l’Église et au service des pauvres ». En tant que religieuse, elle a été missionnaire dans plusieurs pays d’Europe, d’Afrique et d’Asie, durant plus de trente ans. Elle est retournée en Malaisie en 2014.

« Nous devons croire que Dieu n’abandonne jamais les pauvres »

« En Afrique [Congo, Nigéria et Kenya], les gens m’ont appris qu’on peut être heureux en se contentant du peu que nous avons. Ils m’ont appris une foi joyeuse malgré les souffrances, en acceptant les situations que nous traversons. Ils m’ont appris à voir la main de Dieu au milieu de la guerre », explique la religieuse. « Ils ne remettent jamais Dieu en question quelles que soient leurs souffrances. Au contraire, ils sont reconnaissants envers la Providence divine. Ils m’ont aidé à affermir ma foi et à être plus joyeuse. » De retour en Malaisie, elle a servi les Petites Sœurs des Pauvres à Kuala Lumpur. En 2015, elle a rendu visite à une soupe populaire dirigée par l’archidiocèse de Kuala Lumpur, qui a distribué des repas aux pauvres jusqu’en juin 2018. Touchée par les visages des gens venant chercher leur nourriture, elle s’est décidée à servir les plus démunis de tous âges, et pas seulement les personnes âgées. Après deux années de discernement, de retraites et de conseils spirituels, elle a quitté sa congrégation en 2018 afin de travailler particulièrement au service des sans-abri. Mgr Julian Leow, archevêque de Kuala Lumpur, lui a permis d’exercer son ministère dans la capitale.

« Ce n’était pas facile de quitter ma zone de confort et ma communauté, mais Dieu avait un autre projet pour moi. » Sœur Fatima a donc commencé à rendre visite aux sans-abri, en leur offrant de la nourriture et des médicaments. Bientôt, un groupe de volontaires l’a accompagné. En novembre 2018, elle a fondé le centre qu’elle dirige aujourd’hui. Les sans-abri peuvent y prendre deux repas par jour du lundi au samedi. Ils peuvent aussi se doucher et laver leurs vêtements. Deux fois par mois, des médecins catholiques viennent offrir des examens gratuits. Sœur Fatima explique qu’ils ont reçu de Dieu tous les besoins matériels et spirituels dont ils avaient besoin, y compris concernant les volontaires, les bienfaiteurs, les dons et la transformation des personnes sans-abri accompagnées par le centre. « Nous ne pouvons pas être missionnaires sans prier, parce que la prière est une part essentielle de notre mission. Nous devons croire que Dieu n’abandonne jamais les pauvres, parce qu’ils sont précieux à ses yeux. »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews