Eglises d'Asie

La Caritas sri-lankaise aux côtés des victimes des attentats du dimanche de Pâques

Publié le 14/05/2019




Depuis les attentats du 21 avril à Colombo, Negombo et Batticaloa, la Caritas sri-lankaise a lancé un « programme solidaire pastoral et psychosocial » afin d’aider les proches des victimes à se reconstruire. Selon le père Lawrence Ramanayake, directeur de la Caritas de Colombo, les équipes de l’agence catholique ont identifié les survivants les plus traumatisés afin de leur proposer un accompagnement en priorité. Caritas leur a également offert un soutien financier et médical. Alors que les messes étaient à nouveau célébrées à Colombo dimanche dernier, le cardinal Malcolm Ranjith s’est rendu dans les hôpitaux pour bénir les victimes. Le 8 mai, le vénérable Baddegama Samitha Thera et 49 autres moines bouddhistes sont également venus participer au nettoyage de l’église Saint-Sebastien de Katuwapitiya, à Negombo, en signe de fraternité.

Anéanti par la culpabilité du survivant et le cœur brisé par la perte de sa femme, dans les attentats de Pâques qui ont meurtri le Sri Lanka le 21 avril, Jacob Fernando explique qu’il a été proche de renoncer lui-même à vivre. Depuis l’attaque de l’église de Katuwapitiya à Negombo, il ne pouvait pas supporter de regarder ses enfants dans les yeux et peinait à se relever. Les souvenirs de l’opération chirurgicale qui a sauvé la vie de sa fille, Nethuni Akarsha, le hantaient également. Joseph Jesudhasan, un villageois de Jaffna, a quant à lui perdu un frère dans l’attentat du sanctuaire Saint Antoine de Kochchikade, à Colombo. Il confie qu’avant que la Caritas de Colombo (appelée localement Caritas Sethsarana) ne vienne l’aider, il avançait péniblement, dans un état second. « Quand je suis arrivé à la morgue pour aller chercher le corps de mon frère, je ne savais pas quoi faire ni comment faire », explique-t-il. Pour Jacob Fernando comme pour Joseph Jesudhasan, des prêtres et des religieuses de Caritas sont venus leur proposer leur accompagnement et un soutien financier, afin de les aider ainsi que d’autres familles de victimes à traverser cette période difficile. Caritas a également promis à Jacob de trouver une nouvelle maison à sa famille pour remplacer leur abri en bois, en mauvais état.

La Caritas de Colombo, qui travaille avec la Conférence des supérieurs majeurs et avec les Œuvres pontificales missionnaires, a lancé un programme holistique appelé « Programme solidaire pastoral et psychosocial », afin d’aider les proches des victimes à reconstruire leurs vies brisées. Le père Lawrence Ramanayake, directeur de la Caritas de Colombo, confie que la première étape était de conduire un état des lieux afin d’identifier en priorité ceux qui avaient le plus besoin d’aide. L’agence a ensuite organisé des programmes à court, moyen et long terme. Le père Ramanayake ajoute que la Caritas supportera toutes les dépenses médicales des victimes. Joseph Jesudhasan assure que sans l’aide de Caritas, il aurait été perdu. « Quand les directeurs des pompes funèbres m’ont dit que je devais commander un véhicule pour pouvoir ramener le corps de mon frère à Jaffna, à environ 400 kilomètres de Colombo, je me suis senti impuissant parce que je n’en avais pas les moyens », explique-t-il. « Caritas m’a non seulement accompagné dans cette période très difficile, mais ils ont aussi payé les frais de transport. » Son frère travaillait dans la capitale sri-lankaise avant les attentats. Il venait régulièrement à la messe dominicale au sanctuaire Saint Antoine, et il envoyait de l’argent chaque mois à sa famille pour la soutenir, raconte son frère.

Solidarité et fraternité interreligieuse

Les équipes de Caritas se sont rendues dans les hôpitaux de Colombo et de Negombo afin de consoler les familles endeuillées et d’enregistrer leur situation en détail, pour qu’elles puissent recevoir le soutien de l’agence catholique. « J’ai été touché quand j’ai vu ce que Caritas était en train de faire », confie un policier bouddhiste, qui était de service dans l’un des hôpitaux en question et qui souhaite rester anonyme. « Ils étaient juste là avec les familles, afin de les aider à identifier les corps, et ils sont restés jusqu’à ce que tout soit arrangé. » Des prêtres, religieuses et membres laïcs d’autres organisations catholiques ont également visité les familles des victimes afin d’offrir leur soutien, leur accompagnement et leurs prières. Ainsi, un adolescent qui a survécu aux attentats a vu ses deux parents mourir. Il a une jambe blessée et des troubles du sommeil depuis les attaques. Les équipes de la Caritas, qui viennent le voir tous les jours, disent qu’il ne peut pas rester seul.

La maison du cardinal Malcolm Ranjith, l’archevêque de Colombo, est devenue une zone sous haute sécurité alors qu’il a été conseillé au cardinal d’éviter d’apparaître en public de peur d’autres attaques. Malgré les avertissements, l’archevêque a été vu dimanche dernier en train de rencontrer et de bénir des victimes dans les hôpitaux. « Nous avons identifié ceux qui sont les plus fortement traumatisés et ils sont actuellement accompagnés par des professionnels », confie le père Claude Nonis, en charge des opérations. Les membres de son groupe ont rencontré ceux qui ont été témoins des attentats et ils continuent de visiter quotidiennement ceux qui sont les plus affectés. Le sanctuaire Saint-Antoine a été endommagé, mais il a été rouvert sous haute sécurité le 7 mai, pour une journée dédiée au saint patron de l’église, saint Antoine de Padoue. Les responsables du sanctuaire ont déclaré que l’église serait à nouveau ouverte aux fidèles tous jours de 7 heures à 20 heures. Le vénérable Baddegama Samitha Thera et 49 autres moines bouddhistes sont venus rendre visite à l’église Saint-Sebastien de Katuwapitiya de Negombo le 8 mai, afin d’aider à nettoyer et en signe de fraternité ; une initiative qui a rapproché les communautés bouddhistes et catholiques.

(Avec Ucanews, Colombo)


CRÉDITS

Ucanews