Eglises d'Asie

La Chine renforce son contrôle sur les forces de sécurité hongkongaises

Publié le 20/09/2023




Le 16 septembre, en passant en revue les troupes de polices hongkongaises, le chef du Bureau de liaison du Parti communiste chinois à Hong-Kong a créé un précédent en affirmant que « Hong-Kong entre dans une nouvelle ère, en quittant le chaos pour l’ordre et la prospérité ». Chen Daoyin, politologue indépendant, explique que « en Chine, seul Xi Jinping peut passer en revue les militaires ». « Étant donné la relation entre le gouvernement central et Hong-Kong, le chef du Bureau de liaison est pour ainsi dire le chef suprême à Hong-Kong ».

Le 16 septembre au Hong Kong Police College lors d’une revue des troupes par Zheng Yanxiong, directeur du Bureau de liaison du gouvernement central à Hong-Kong.

Le 16 septembre, un envoyé chinois a participé pour la première fois à une remise de diplômes de la police de Hong-Kong. Selon Radio Free Asia (RFA), durant la cérémonie, Zheng Yanxiong, chef du Bureau de liaison du Parti communiste chinois à Hong-Kong, a passé les troupes en revue en soulignant que « Hong-Kong entre dans une nouvelle ère, en quittant le chaos pour l’ordre et la prospérité ».

« Pourtant, il y a toujours des forces étrangères hostiles qui tentent de menacer le développement et la stabilité », a-t-il ajouté durant son intervention devant les nouveaux policiers. « Il y a aussi des individus qui sont contre la Chine et contre Hong-Kong, et qui tentent un retour en ville », a-t-il signalé. Il a aussi appelé les diplômés à être déterminés et à « toujours protéger fermement la sécurité nationale » en « appliquant strictement » la loi sur la sécurité nationale hongkongaise et les lois locales.

« Le directeur du Bureau de liaison est pour ainsi dire le chef suprême à Hong-Kong »

Sa présence sans précédent à un tel événement est une affirmation claire de l’autorité de la Chine sur la ville de Hong-Kong, selon Chen Daoyin, un politologue indépendant. « En Chine, seul le président Xi Jinping a le pouvoir de passer en revue les défilés militaires, personne d’autre », précise-t-il. « Étant donné la relation qu’il y a entre le gouvernement central [à Pékin] et celui de Hong-Kong, le directeur du Bureau de liaison à Hong-Kong est pour ainsi dire le chef suprême à Hong-Kong », ajoute-t-il.

Zheng Yanxiong est lui-même un ancien policier. Il a reçu les félicitations du PCC en 2011 après une répression ferme de la police chinoise contre des rebelles du village de Wukan, dans la province de Guangdong, dans le cadre d’un important conflit territorial. « Zheng est policier, et le fait qu’il passe en revue les forces de police de Hong-Kong adresse un message au reste du monde, pour dire qui est réellement le dirigeant le plus haut placé à Hong-Kong », explique Chen. « Ce message nous dit que Zheng représente le pouvoir disciplinaire qui supervise Hong-Kong au nom du gouvernement central. »

« Quand il a parlé des éléments anti-Chine, il a donné des instructions »

L’administration hongkongaise pro-Pékin et le PCC ont accusé à maintes reprises les « forces hostiles étrangères » d’avoir encouragé les tensions politiques à Hong-Kong. En août dernier, le chef de la sécurité de la ville, Christ Tang, a affirmé que les « forces étrangères » étaient notamment derrière le mouvement de protestation de 2012, quand plusieurs milliers d’étudiants ont manifesté contre une éducation perçue comme nationaliste à Hong-Kong.

Il a également ajouté que les mêmes « forces étrangères » étaient derrière le mouvement « Occupy Central » de 2014 (qui demandait des élections pleinement démocratiques), derrière la « révolution des boulettes de poisson » de 2016 (survenue dans le quartier de Mong Kok, afin de défendre le maintien des marchands ambulants dans les rues) et aussi derrière le mouvement prodémocratie de 2019. Christ Tang, qui était chef de la police durant les manifestations de 2019, a aussi déclaré que « beaucoup de jeunes ont été radicalisés » et que « des forces extérieures essaient actuellement de répéter les mêmes vieux stratagèmes », selon RFA.

Sang Pu, un chroniqueur politique, estime que la présence et les paroles de Zheng Yanxiong dépassent celles d’une cérémonie normale. « Ce n’était pas qu’une revue des troupes. Quand il a parlé des ‘forces étrangères’ et des éléments ‘anti-Chine’, il a donné des instructions. On voit bien ici que c’est le Parti qui a le pouvoir », ajoute-t-il. « Le Bureau de liaison du gouvernement central dirige Hong-Kong plus directement qu’avant, et à travers sa propagande, il met directement la pression sur les policiers afin qu’ils obéissent aux ordres du Comité central [du PCC]. »

« Le message politique véhiculé par Pékin est très fort »

Ted Hui, un ancien parlementaire hongkongais en exil, affirme que la police de Hong-Kong est devenue « un outil politique entre les mains de Pékin ». « Là, le message politique qui est véhiculé est très fort. Il crée un précédent qui permet à la police de Hong-Kong de faire du travail politique », confie Ted Hui.

« Il reconnaît directement les forces de police comme une arme qui doit être utilisée afin de réprimer les dissidents. Il décrit aussi le fait de cibler les prisonniers politiques comme une tâche politique importante à l’échelle nationale », souligne Ted, en ajoutant que le message laissé par Zheng Yanxiong donne officiellement le feu vert à la police hongkongaise, pour qu’elle emploie tous les moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs. « Cela veut dire que la police peut utiliser des méthodes très dures pour s’acquitter de ces tâches et de ces ordres. »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Hong Kong Government News Network  / RFA (Ucanews)