Eglises d'Asie

La Chine tente de lutter contre l’avancée du désert de Gobi en Mongolie intérieure

Publié le 23/06/2023




Récemment, le président chinois Xi Jinping s’est rendu dans la ville de Bayannur, en Mongolie Intérieure, où il a reconnu l’évolution de la désertification et ses conséquences, en particulier dans les provinces du nord et du nord-ouest, en Mongolie Intérieure, au Shanxi et au Ningxia, où l’agriculture fait pourtant partie des secteurs les plus importants malgré la progression du désert de Gobi. Un phénomène qui affecte la sécurité alimentaire nationale alors que la Chine produit près de 130 millions de tonnes de blé par an.

Le Lac du Croissant de Lune, situé au milieu des dunes de sable à 3 km du désert de Gobi et 6 km de la ville de Dunhuang, dans la province du Gansu.

Parmi les défis futurs auxquels la Chine sera confrontée, le pays devra lutter contre la désertification dans certaines régions, selon un discours du président Xi Jinping prononcé récemment lors d’un séminaire organisé dans la ville de Bayannur, en Mongolie Intérieure. Il s’agit de la troisième plus grande province en Chine et l’une des régions où la désertification est la plus importante. Le président chinois a revendiqué les progrès du pays dans ce domaine depuis quatre décennies ; toutefois, il a également souligné qu’il s’agit d’un des plus grands défis à la fois à l’échelle nationale et à l’échelle mondiale.

Actuellement, plus de 27 % des habitants du territoire chinois sont affectés par la désertification, avec des conséquences pour au moins 400 millions d’habitants. Le processus s’est accéléré depuis les années 1980, quand les changements climatiques, associés à une industrialisation soudaine et rapide, ont conduit à une détérioration de la qualité des sols. Avec la hausse des températures et un climat de plus en plus chaud, le manque de précipitations a accentué l’érosion des sols.

Les régions les plus vulnérables se situent dans les provinces chinoises du nord et du nord-ouest, en Mongolie Intérieure, au Shanxi et au Ningxia, où l’agriculture fait pourtant partie des secteurs les plus importants. C’est dans régions proches du désert de Gobi que sont concentrées la plupart des récoltes de blé. Chaque année, l’expansion du désert réduit les terres cultivables et intensifie la tendance des migrations internes.

Plus de 57 % du territoire du Ningxia affecté par la désertification

Durant les années 2000, c’est la région autonome du Ningxia qui montrait les signes les plus marqués de désertification. En 2010, plus de 57 % du territoire régional était affecté par le phénomène, dans une bande de terre habitée par plus de 3 millions d’habitants. Les conséquences s’étendent toutefois au-delà des principales régions affectées, à commencer par la question de la sécurité alimentaire. Les récoltes de blés dans ces régions sont en effet vitales pour tout le pays.

Selon des chiffres publiés par la FAO (l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), la Chine produit près de 130 millions de tonnes de blé par an, dont la consommation représente 40 % de la consommation totale de céréales dans le pays. Et la demande augmente rapidement : selon une étude publiée en 2022 par l’organisation Frontiers in Nutrition, la consommation annuelle de blé par habitant en Chine devrait passer de 65,8 kg en 2019 à 76 kg en 2030 et 95 kg en 2050.

La « Grande muraille verte » contre la progression du désert de Gobi

Mais la sécurité alimentaire n’est pas le seul risque posé par la désertification en Chine. La visite de Xi Jinping en Mongolie Intérieure est survenue peu après une saison de tempêtes de sable qui ont gagné en intensité dans le pays et dans le reste de l’Asie du Nord-Est. Dans son discours, le président chinois a évoqué la façon dont ces épisodes se sont aggravés, particulièrement depuis deux ans, à cause des changements climatiques. En 2023, en particulier entre mars et avril, ce phénomène s’est également intensifié en Mongolie, au Japon et en Corée du Sud, ce qui entraîne différents problèmes de santé avec des maladies pulmonaires.

Depuis les années 1970, la Chine a mis en œuvre des politiques et de programmes destinés à limiter les effets de la désertification et à atteindre des niveaux satisfaisants de préservation des sols. En 1978, le programme baptisé « Grande muraille verte » a été lancé afin de freiner la progression du désert de Gobi et favoriser la plantation de forêts dans 13 des provinces les plus affectées. Entre 1990 et 2015, le pays est parvenu à augmenter les zones forestières de 16,74 % à 22,5 %. La Chine espère atteindre 30 % de surface forestière d’ici 2030.

L’intérêt de Xi Jinping n’est pas toutefois pas limité aux questions de sécurité interne. En 2016, le pays s’est en effet attelé à freiner la désertification le long des « Nouvelles routes de la soie » (Belt and road initiative, BRI), un projet lancé en 2013 et visant à relier économiquement la Chine à l’Europe via un vaste réseau de corridors routiers et ferroviaires. Le pays chercherait également à se donner un rôle central dans la poursuite des Objectifs de développement durable (ODD) fixés par l’Agenda 2030, un programme lancé lors d’un sommet des Nations unies en 2015.

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Nyx Ning (CC BY-SA 3.0)