Eglises d'Asie

La Chine vise une croissance de 5 % en 2024 : un objectif modeste mais difficile à atteindre

Publié le 07/03/2024




Les « Deux Sessions », qui réunissent le Parlement chinois et l’Assemblée consultative au Palais du Peuple, sur la place Tiananmen à Pékin, se sont ouvertes le 5 mars. Le Premier ministre Li Qiang a pris la parole devant les délégués de l’Assemblée nationale populaire en fixant un objectif de croissance de 5 % pour 2024. Cet objectif est considéré à la fois comme modeste et ambitieux, étant donné la crise de l’immobilier chinois et les prévisions pessimistes du FMI, qui estime une croissance inférieure à 4 % en Chine cette année.

Le Palais du Peuple, situé sur le côté ouest de la place Tiananmen à Pékin, où se déroulent les « Deux Sessions » depuis le début de la semaine.

La Chine a fixé son objectif de croissance du PIB à 5 % cette année, soit le même que l’an dernier. En fixant cet objectif, Pékin vise aussi une inflation à 3 % et la création de plus de 12 millions de nouveaux emplois dans les villes, afin de maintenir le taux de chômage urbain à moins de 5,5 %. Le Premier ministre chinois Li Qiang a annoncé ces objectifs le mercredi 6 mars au matin devant les délégués de l’Assemblée nationale populaire (NPC).

L’Assemblée consultative (CPPCC) et le NPC constituent ensemble les « Deux Sessions », un terme qui désigne le rassemblement politique annuel le plus important de l’année pour le gouvernement chinois, alors que plusieurs milliers de délégués sont réunis à Pékin. L’évènement a débuté le mardi 5 mars au Palais du Peuple, qui longe le côté ouest de la place Tiananmen, dans la capitale chinoise.

Cette année, la rencontre s’est ouverte dans un climat d’incertitude, précisément à cause des perspectives pessimistes vis-à-vis de l’économie chinoise. Dans cette situation, le président Xi Jinping a voulu prévenir toute forme de dissidence publique. Pour cela, la sécurité a été renforcée à Pékin, et les journalistes ont subi des tests Covid-19 avant de pouvoir accéder aux différents sites de l’évènement.

Par-dessus tout, le Premier ministre Li Qiang ne tiendra la traditionnelle conférence de presse, qui a marqué la fin des Deux Sessions au cours des trente dernières années. « Hormis des circonstances exceptionnelles les conférences de presse traditionnelles du Premier ministre n’auront pas lieu au cours des années qui suivront la 14e Assemblée nationale populaire », a déclaré Lou Qinjiang, porte-parole du NPC.

Les purges des principaux cadres du Parti continuent

Par ailleurs, les analystes estiment que la croissance chinoise devrait être inférieure à l’objectif annoncé par Li Qiang pour 2024. En février, le Fonds monétaire international (FMI) a donné une estimation de moins de 4 % pour la croissance du PIB chinois cette année. Selon les propres chiffres officiels de la Chine, la moitié des provinces du pays n’ont pas atteint leurs objectifs de croissance. La crise du secteur de l’immobilier et la dette des gouvernements locaux sont considérées comme les causes principales du ralentissement économique de la Chine.

Le gouvernement central de la Chine a interrompu des projets d’infrastructure dans douze provinces afin de prévenir une nouvelle dégradation de la crise de la dette qui affecte l’immobilier chinois. La croissance est également affectée par le vieillissement de la population, le ralentissement de la consommation et l’augmentation du chômage. Des rapports indiquent que l’âge de départ à la retraite pourrait être rehaussé jusqu’à 65 ans dans certains cas. Par ailleurs, les purges des principaux cadres du Parti communiste chinois continuent. Ainsi, l’ancien ministre des Affaires étrangères Qin Gang et l’ancien ministre de la Défense Li Shangfu ont disparu sans explication officielle.

La sécurité nationale reste une priorité

Certains responsables importants de l’Armée populaire de libération (la branche armée du Parti) ont également disparu, et on parle d’enquêtes anticorruption qui se poursuivent au sein des forces armées. La semaine dernière, le NPC a annoncé avoir accepté la démission de Qin Gang, tandis que le porte-parole a confirmé que Li Shangfu ne participerait pas aux Deux Sessions. Ceux qui ont disparu sont tous des fidèles de Xi Jinping.

De plus, aucune date n’a encore été donnée pour le 3e Plénum du 20e Comité central du Parti communiste chinois, qui aurait déjà dû avoir lieu en automne 2023. C’est une étape essentielle, car les décisions importantes comme les projets de développement, les changements de personnel, les nominations et les démissions sont prises par le PCC, tandis que le NPC ne fait que ratifier tout ce qui est prévu par le Parti.

Une chose est claire, la sécurité nationale reste une priorité. L’an dernier, la Chine a voté l’amendement de sa loi anti-espionnage, ce qui a affecté le niveau de confiance des entreprises étrangères envers le pays ; par conséquent, l’investissement direct étranger a chuté de 13,7 %. Malgré cela, le NPC a tenu à appeler Hong-Kong à renforcer sa législation en matière de sécurité, et de son côté, le Premier ministre Li Qiang a confirmé que les dépenses militaires augmenteront de 7,2 % cette année, comme en 2023.

(Avec Asianews)