Eglises d'Asie – Sri Lanka
La conférence épiscopale sri-lankaise s’oppose au concept « un pays, une loi » du gouvernement Rajapaska
Publié le 06/11/2021
La conférence des évêques du Sri Lanka (CBCSL) a demandé au gouvernement de Colombo d’abandonner le concept « un pays, une loi » et de rédiger une nouvelle Constitution. Le mois dernier, le président Gotabaya Rajapaska a nommé un groupe de travail de 13 membres, présidé par Galagodaththe Gnanasara Thero, un moine extrémiste bouddhiste, dans le but de proposer des réformes législatives et de placer toutes les communautés sri-lankaises sous les mêmes lois. Le groupe nommé compte des représentants de la communauté musulmane, mais pas de catholique, ni d’hindou ni aucun Tamoul. Durant les élections présidentielles de 2019, le président Rajapaksa a adopté le slogan « un pays, une loi », et il a obtenu la victoire grâce au large soutien de la communauté bouddhiste. Le nouveau groupe de travail doit soumettre un rapport mensuel et un bilan final d’ici février 2022.
Mgr Winston Fernando, évêque de Badulla et président de la CBCSL, et Mgr J. D. Anthony Jayakody, évêque auxiliaire de Colombo et secrétaire général de la conférence épiscopale, ont publié un communiqué conjoint ce mardi 2 novembre, en appelant à supprimer le nouveau groupe. Dans leur message, ils remarquent que « personne ne s’opposerait à l’objectif de gouvernance ‘un pays, une loi’, s’il était présenté comme reflétant la Constitution du pays ». C’est pourquoi, pour eux, « une nouvelle Constitution [doit] être formulée, afin de garantir que tous les citoyens soient égaux devant la loi ». Pour les évêques, « il est inacceptable de nommer un groupe de travail présidentiel comprenant des individus ainsi désignés, venus de l’extérieur et sans aucune référence au corps législatif ».
« Le processus parlementaire a été ignoré »
Leur déclaration se poursuit en soulignant que « le processus parlementaire a été ignoré à propos d’une question pourtant tellement grave ». De plus, ils dénoncent le fait de choisir une personne chargée de présider le groupe « sans prendre en considération son passé », ce qui ne fait qu’ajouter « de l’huile sur le feu ». Gnanasara Thero est une figure controversée au Sri Lanka. Secrétaire général de Bodu Bala Sena, une organisation bouddhiste nationaliste, il a été impliqué dans des émeutes antimusulmans en 2013, et il a été reconnu coupable de quatre chefs d’outrage par un tribunal en 2018. Il n’a été emprisonné que neuf mois sur une peine de six ans, après avoir été gracié par l’ancien président Maithripala Sirisena.
Vingt-quatre organisations musulmanes ont signé un communiqué conjoint afin de s’opposer à la nomination du moine bouddhiste à la tête du nouveau groupe de travail présidentiel. Dans sa première conférence de presse, organisée lundi dernier, Gnanasara Thero a déclaré s’engager, avec les autres membres du groupe, à respecter les objectifs du gouvernement. « Notre responsabilité est de créer une nation capable de s’unir sous un seul drapeau, et de formuler une loi adaptée au pays », a-t-il souligné. Selon lui, si les Sri-lankais acceptent de donner la priorité à leur pays, quelle que soit l’appartenance religieuse, ethnique et politique, le groupe de travail sera prêt à écouter toutes les opinions.
(Avec Asianews)