Eglises d'Asie

La Cour Suprême se penche à nouveau sur le sort d’Asia Bibi

Publié le 25/01/2019




La Cour Suprême pakistanaise doit examiner, le 29 janvier, une requête en révision contre l’acquittement d’Asia Bibi. La requête a été déposée en novembre 2018 après la libération de la mère chrétienne, par Qari Muhammad Salam, le mollah qui l’avait dénoncée en 2009. Si la requête est rejetée, plus rien ne devrait empêcher Asia Bibi, légalement, de quitter le pays. Hyacinth Peter, secrétaire général de la commission Justice et Paix de la Conférence des supérieurs majeurs du Pakistan, se dit confiant.

La Cour Suprême pakistanaise a annoncé, le 24 janvier, l’examen d’une requête en révision à propos du sort d’Asia Bibi, acquittée le 31 octobre 2018 des accusations de blasphème qui portaient contre la mère chrétienne. La requête a été déposée après son acquittement lors d’un procès historique, dont le jugement avait été salué par les défenseurs des minorités et des droits de l’homme au Pakistan. Asia Bibi était restée emprisonnée depuis 2010 après sa condamnation suite à des accusations de blasphème. Les soutiens d’Asia Bibi avaient déclaré qu’elle avait été punie pour avoir simplement bu dans le même verre que des musulmans. Fin octobre, la formation des trois juges de la Cour Suprême avait ordonné sa libération immédiate après son acquittement. La décision avait provoqué les émeutes violentes de nombreux islamistes à travers le pays.

Depuis, la chaîne d’information Geo TV a annoncé que la Cour Suprême examinera, le 29 janvier, la requête en révision déposée par Qari Muhammad Salam, le mollah de Lahore qui l’avait dénoncée en 2009. Si la Cour Suprême décide de rejeter sa requête, plus rien n’empêchera Asia Bibi, légalement, de quitter le pays. En octobre, la chrétienne avait été libérée sans pouvoir quitter le pays, suite à un accord signé par les autorités auprès des extrémistes islamistes. Après sa libération le 7 novembre, elle a été emmenée à Islamabad par avion où elle a été placée dans un lieu tenu secret, sous haute sécurité et sous escorte. Parmi les membres de sa famille, seul son mari a pu la voir, contrairement à ses filles. Hyacinth Peter, secrétaire général de la commission Justice et Paix de la Conférence des supérieurs majeurs du Pakistan, espère que la requête sera rejetée. « Seuls les petits tribunaux sont soumis à la pression de la foule et des religieux. En général, la Cour Suprême reste sur ses positions », affirme-t-il. « Les requêtes ne changent rien. »

Les manifestations suite à l’acquittement d’Asia Bibi avaient conduit à l’arrestation de Khadim Hussain Rizvi, leader du groupe sunnite extrémiste Tehreek-e-Labaik Pakistan. Le 22 janvier, un tribunal antiterroriste de Lahore l’a condamné ainsi que cinq de ses partisans à une détention provisoire de quatorze jours. De son côté, le père Abib Habib, ancien coordinateur régional de la commission Justice et Paix, craint pour la sécurité d’Asia Bibi. « La vie des victimes des lois sur le blasphème est toujours en danger. Même après leur acquittement, elles restent toujours vulnérables et ne peuvent plus vivre en paix au Pakistan », dénonce-t-il. « Tous ceux qui sont victimes d’une telle situation vont chercher asile dans d’autres pays. Les mollahs aussi dérangés que Khadim Rizvi continuent d’appeler les gens à tuer les blasphémateurs présumés afin de s’attirer les faveurs du prophète Mohammed… Une fois déclarés innocents, l’État doit absolument assurer leur sécurité. »

(Avec Ucanews et Asianews)


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