Eglises d'Asie

La crise sanitaire a entraîné une hausse de 13 % du nombre de mariages précoces au Bangladesh

Publié le 23/06/2021




Plusieurs ONG ont organisé un séminaire en ligne afin de dénoncer le problème des mariages précoces au Bangladesh. Selon les organisations, ceux-ci ont augmenté de près de 13 % dans le pays depuis le début de la crise sanitaire. Le Bangladesh fait déjà partie des dix pays les plus concernés, selon un rapport des Nations unies. Rashed Khan Menon, membre du Parlement bangladais, évoque plusieurs causes dont la pauvreté et l’insécurité. Selon une enquête de World Vision Bangladesh, une ONG locale, 95 % des familles bangladaises ont été affectées économiquement par la pandémie.

Des volontaires visitent une famille du district de Kurigram, dans le cadre d’une campagne de sensibilisation sur les mariages précoces.

Parmi les conséquences indirectes de la pandémie de Covid-19, les mariages d’enfants ont augmenté d’environ 13 % au Bangladesh depuis le début de la crise sanitaire, selon des chiffres présentés lors d’un séminaire en ligne, organisé récemment par plusieurs ONG dénonçant ces pratiques. Le pays fait déjà partie des dix pays au monde les plus concernés par le fléau, alors que près de 51 % des épouses bangladaises sont âgées de moins de 18 ans, selon un rapport des Nations unies – alors que l’âge légal du mariage est de 18 ans dans le pays (16 ans dans certains cas). Durant le séminaire virtuel, Arju Akter, mariée de force alors qu’elle était au collège, a témoigné de son expérience. « Durant la pandémie, mon père a perdu son travail. Il a arrangé un mariage pour moi ; j’ai essayé de refuser en vain », a-t-elle raconté. Aujourd’hui, elle est mariée et ne va plus à l’école. Pour Chandan Gomes, de l’ONG World Vision Bangladesh, « c’est très douloureux, d’autant plus que les objectifs de développement durables comprennent la fin des mariages précoces ».

Une tendance à la baisse qui s’est renversée durant la pandémie

Selon une enquête menée par World Vision Bangladesh, 95 % des familles bangladaises ont été affectées économiquement par la pandémie, qui a augmenté la pauvreté dans le pays. « C’est pourquoi beaucoup de parents ont arrangé des mariages pour leurs enfants », explique Chandan Gomes. Dans le passé, le phénomène avait pourtant diminué, remarque Rashed Khan Menon, membre du Parlement bangladais et président du Comité permanent du ministère de l’Éducation. Toutefois, cette tendance s’est renversée. Le parlementaire, qui prévoit de porter ce problème à l’attention du gouvernement, cite plusieurs causes comme la pauvreté, la culture, la sécurité et le travail des enfants. « Les mariages précoces représentent une grave violation des droits des enfants », ajoute Shaheen Anam, directrice générale de la Fondation Manusher Jonno. « Cela les prive de la possibilité de grandir normalement », déplore-t-elle. « Un parent qui songe à marier un enfant mineur doit être arrêté par le gouvernement. Une politique de tolérance zéro doit être adoptée. » Grâce au contrôle strict de l’Église locale, cependant, le problème des mariages précoces ne concerne pas la petite communauté catholique bangladaise.

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Stephan Uttom / Ucanews