Eglises d'Asie – Thaïlande
La crise sanitaire et économique expose de nombreux Thaïlandais démunis à la famine
Publié le 25/09/2020
Après plusieurs mois sans revenus réguliers voire aucun revenu, plusieurs millions de Thaïlandais et de travailleurs migrants sont au bord du gouffre. De nombreux salariés touchant des bas salaires ou ayant perdu leur emploi sont affamés dans le pays, appauvri par les conséquences de la pandémie de Covid-19. « Je ne gagne que 120 bahts [3,26 €] par jour, et aujourd’hui, je n’ai encore eu aucun client », déplore Suchida Uttapan, une femme d’âge moyen qui vend des couronnes de fleurs dans une rue du centre de Bangkok. « Mon mari est malade et ne peut pas travailler. Nous ne mourrons pas encore de faim, mais notre situation est très tendue », ajoute-t-elle. Pour beaucoup d’autres Thaïlandais défavorisés, le manque de nourriture est une perspective inquiétante face à la crise. Selon les médias locaux, de nombreux habitants de l’île de Phuket – une destination touristique majeure dans le sud du pays, privée de touristes étrangers depuis six mois en raison des mesures gouvernementales – souffrent de la faim depuis plusieurs semaines. Arrivés au bout de leurs maigres économies, les habitants les plus démunis de l’île ont dû recourir aux dons alimentaires parrainés par le gouvernement pour pouvoir se nourrir – des aides qui manquent elles-mêmes de fonds suffisants face à la demande.
Famine, faillites et aides privées
« Malgré les efforts pour relancer le tourisme dans la région, plusieurs milliers de personnes ont toujours besoin d’aide alimentaire, et tous les jours, on voit beaucoup de monde faire la queue pour recevoir de la nourriture », rapporte un journal local. Selon un employé d’une municipalité locale, « il n’y a aucun budget pour pouvoir continuer les distributions de nourriture dans un avenir proche, et nous ne savons pas quand, ni où, ni s’il y en aura d’autres ». Parmi ceux qui sont les plus affectés, on compte notamment les travailleurs migrants venus de Birmanie. Depuis pratiquement le début de l’année, ces derniers n’ont pu toucher aucun salaire, les hôtels, restaurants et autres lieux touristiques qui les embauchent habituellement étant fermés. Chaque jour, ces travailleurs migrants vont faire la queue dans une station balnéaire populaire de l’île, dans l’espoir de recevoir des aides de locaux plus aisés, y compris des expatriés.
« Ces dons privés résultent d’une série d’événements caritatifs qui sont organisés à travers l’île de Phuket, avec l’aide de volontaires dévoués », explique un journal local. Les inquiétudes économiques de nombreux Thaïlandais risquent de continuer, au moins jusqu’à la fin de l’année, alors que les frontières du pays restent fermées au tourisme de masse. L’économie thaïlandaise a fortement chuté cette année, et des secteurs clés comme les exportations, la production industrielle, le tourisme et les services sont particulièrement affectés. Beaucoup de commerces nationaux ont fermé ou sont en situation de faillite, en particulier dans les petites et moyennes entreprises des secteurs touristiques et tertiaires. Selon le centre EIC (Economic Intelligence Centre), un think tank dépendant de la Siam Commercial Bank, au mois d’août, le taux de fermetures d’entreprises avait grimpé de presque 40 % – par rapport à l’année précédente à la même époque. Au 18 août, selon l’EIC, près de 13 400 entreprises avaient fermé leurs portes, et de nombreuses autres risquent de connaître le même sort dans les prochains mois.
(Avec Ucanews, Bangkok)
CRÉDITS
Ucanews