Eglises d'Asie

La junte annonce officiellement les prochaines élections nationales

Publié le 13/12/2018




La junte, au pouvoir depuis 2014, a annoncé les prochaines élections nationales pour le 24 février 2019, en même temps que la levée de l’interdiction des rassemblements publics et politiques, afin de permettre au partis de faire campagne pour une place au parlement. Malgré cette annonce, les poursuites pénales contre les critiques envers la junte sont toujours en place. La page internet thaïlandaise de l’ONG Human Rights Watch a ainsi été bloquée par les autorités le 1er décembre, estimant qu’elle constituait une « menaces contre la sécurité nationale ». L’opposition et les militants humanitaires et politiques espèrent toujours des élections crédibles.

Le 11 décembre, la junte militaire thaïlandaise a décidé de lever l’interdiction des rassemblements publics et des actions politiques dans le pays, afin d’autoriser les partis politiques à faire campagne. L’ONG Human Rights Watch s’est réjouit de la décision, estimant que cette ouverture des restrictions contre la liberté d’expression devrait permettre d’organiser des élections crédibles au cours du scrutin national prévu le 24 février prochain. Toutefois, le gouvernement a maintenu les sanctions pénalisant les discours critiques envers la junte, la police et la famille royale, relativise l’organisation. « La Thaïlande ne peut pas organiser de véritables élections quand les partis politiques, les médias et les électeurs sont réduits au silence par les menaces d’arrestations ou de poursuites pénales », dénonce Brad Adams, directeur d’Human Rights Watch pour l’Asie. « Les élections auront lieu dans à peine deux mois ; la junte doit absolument lever toutes les lois qui pénalisent le droit à la liberté d’expression. »

Depuis le coup militaire de 2014, la junte considère la plupart des critiques et opinions dissidentes, même pacifiques, comme de la désinformation, des actes de rébellion et des menaces envers la sécurité nationale. Depuis plus de quatre ans, la junte n’a fait que renforcer la censure des médias et des débats publics sur les droits de l’homme et la démocratie. Le 1er décembre, les autorités thaïlandaises ont bloqué l’accès de la page thaïlandaise du site internet d’Human Rights Watch, affirmant que son contenu était inapproprié et qu’il constituait une « menace contre la sécurité nationale ». Durant plus de quatre ans de règne militaire, les autorités ont poursuivi des centaines de militants et d’opposants avec de lourdes accusations pénales telles que des crimes de lèse-majesté, des attaques informatiques ou encore des actes de sédition contre le gouvernement. Depuis le début de l’année, plus de cent militants pro-démocratie ont été poursuivi pour avoir fait pression sur la junte pour lui demander de maintenir les élections prévues et de lever les restrictions des libertés fondamentales.

En août, le chef du parti Future Forward, Thanathorn Juangroongruangkit, a été accusé d’avoir enfreint la loi sur la cybercriminalité, ce qui pourrait entraîner une peine de cinq ans de prison, pour la publication en ligne de commentaires critiquant la junte. Watana Muangsook, ancien ministre du développement social et de la sécurité, et d’autres membres influents du parti Pheu Thai, ont été également accusés de crimes similaires. Les militants humanitaires et politiques ont donc craint qu’il soit impossible d’organiser des élections indépendantes dans ces conditions. Le Premier ministre au pouvoir, le général Prayuth Chan-ocha, sera toujours en place au cours des élections nationales. Le Sénat, nommé par la junte, et les autres institutions majeures de la Constitution de 2017, risquent fort de prolonger leur contrôle militaire même après les prochaines élections.

(Avec Ucanews, Thaïlande)

Crédit : Kremlin.ru (CC BY 3.0)