Eglises d'Asie

La junte birmane accorde une grâce très partielle à Aung San Suu Kyi

Publié le 05/08/2023




Le 1er août, la junte birmane a annoncé une grâce partielle à l’ancienne dirigeante Aung San Suu Kyi, âgée de 78 ans, dont la peine passe de 33 ans à 27 ans, soit une réduction de seulement six ans. Après le coup d’État militaire de février 2021, elle avait été jugée coupable de dix-neuf chefs d’accusation, notamment de fraude électorale et de violation de secrets d’État. Au total, plus de 7 000 prisonniers politiques ont été graciés, bien que beaucoup d’opposants y voient un geste visant à apaiser la pression internationale et la colère du peuple.

La junte militaire birmane a décidé d’accorder une grâce partielle à l’ex-cheffe du gouvernement Aung San Suu Kyi. Après le coup d’État du 1er février 2021, la Prix Nobel de la paix, âgée de 78 ans, a subi un procès-fleuve dans le cadre d’une procédure juridique spectacle, uniquement motivée par des raisons politiques. Elle a été reconnue coupable de plusieurs chefs d’accusation, notamment de corruption, fraude électorale, violation de secrets d’État, possession de talkies-walkies illégaux ou encore violation des restrictions anti-Covid.

Selon le porte-parole de l’armée Zaw Min Tun, la peine de prison de 33 ans d’Aung San Suu Kyi a été réduite à 27 ans, soit six ans de moins, tandis que celle de l’ex-président U Win Myint, également arrêté après le retour au pouvoir de la junte, a été réduite de quatre ans. Par ailleurs, plus de 7 000 prisonniers politiques ont été graciés, bien que les militaires aient l’habitude de relâcher des détenus afin de marquer des événements nationaux, avant de les arrêter à nouveau. De son côté, Aung San Suu Kyi a été transférée récemment d’une prison de la capitale, Naypyidaw, à un bâtiment gouvernemental.

Selon une source anonyme, « c’est un geste à l’intention de la communauté internationale, sans pour autant faire quoi que ce soit de substantiel ». En attendant, la situation du pays ne s’améliore pas. Les conflits internes violents se poursuivent depuis plus de deux ans entre les troupes de l’armée et les forces de résistance. Ces dernières comprennent des milices ethniques et les Forces de défense populaires (PDF) – la branche armée du Gouvernement d’unité nationale (NUG) en exil.

Près d’un tiers de la population aurait besoin d’assistance humanitaire

Par ailleurs, le général Aung Min Hlaing a prolongé l’état d’urgence de six mois en repoussant à nouveau les élections qui étaient prévues ce mois d’août mais que beaucoup d’observateurs annonçaient comme factices. « Afin qu’il y ait des élections libres et justes, et de pouvoir voter sans crainte, des mesures de sécurité sont toujours nécessaires, donc la période de l’état d’urgence doit être étendue », a déclaré la junte dans un communiqué qui a été lu par la télévision d’État.

Toutefois, le département d’État des États-Unis a prévenu que le fait de prolonger l’état d’urgence conduirait à plus de violences et d’instabilité. « La brutalité du régime et son mépris envers les aspirations du peuple birman à la démocratie continuent de prolonger la crise », a déclaré Matthew Miller, porte-parole du département d’État. En fait, les combats se poursuivent à travers le pays, avec presque 2 millions de personnes déplacées internes à ce jour selon l’ONU.

Près de 18 millions d’habitants, soit un tiers de la population, auraient également besoin d’assistance humanitaire. Selon un rapport de la Banque mondiale publié le mois dernier, de plus en plus d’habitants souffrent de malnutrition. Près de 48 % des foyers agricoles affirment s’inquiéter d’avoir quelque chose à manger, contre 26 % l’an dernier. Au cours des 12 derniers mois, une croissance économique a été rapportée, bien que de manière très irrégulière. Les plus pauvres subissent les conséquences de la guerre civile plus que tout autre groupe.

(Avec Asianews)